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Valérie a acheté pour 250 euros de fruits et légumes à un vendeur en porte à porte: "Ce n’est qu’après avoir payé, qu’on se rend vraiment compte"

Valérie a eu affaire à des vendeurs de fruits et légumes en porte à porte aux techniques commerciales douteuses. Elle a acheté pour plus de 250 euros, avant de se rendre compte qu’elle avait payé beaucoup trop cher pour une marchandise dont elle ne connait pas vraiment l’origine. Cette pratique contestable n’est pas nouvelle en Wallonie, mais elle continue malheureusement de faire des victimes.

"Cela va très vite", lance Valérie. L’habitante de Chapelle-lez-Herlaimont (Hainaut) dénonce, via le bouton orange Alertez-nous, "une arnaque de vente de fruits et légumes frais et bio, en porte à porte". Pour résumer, un homme sonne à votre domicile et propose des produits qu'il présente comme étant bio et venant directement de la ferme. Si vous êtes intéressé, il fait appel à un collègue avec une camionnette pour vous montrer la marchandise. A force d’arguments habiles, les deux hommes finissent par convaincre des quantités disproportionnées.

"Vous choisissez vos produits mais les prix sont très vite dits et le nombre de kilos aussi". En tout, Valérie se déleste de "252,80 euros… pour des kilos de pommes de terre, de pommes, d’oranges, de tomates et six bouteilles de cidre". Même si sur le moment, elle a accepté la vente, elle a le sentiment d’avoir été "roulée". "On se sent un peu débile", confie-t-elle.

Ce n’est pas la première fois que ce genre de pratiques nous est rapportée en Wallonie.

En 2016, nous avions écrit un article basé sur la mésaventure similaire d’une habitante de Waterloo. En 2018, deux autres personnes nous avaient également raconté avoir été démarchées par des vendeurs de fruits et légumes aux techniques contestables. Leurs témoignages avaient fait l'objet d'un autre dossier consacré au phénomène

C’est après, quand on rentre les caisses, qu’on se rend compte

Au départ, Valérie ne s’est pas méfiée : "Je suis partie du principe que ce sont des petits commerçants, qu’ils ont des soucis avec le covid… et comme j’aime bien manger des choses qui viennent d’ici...". Elle se souvient que ce jour-là, elle était tracassée, et donc peut-être plus vulnérable. D’autant que ces vendeurs qui se présentent comme de petits producteurs font tout pour vous convaincre, ils ont des réponses à toutes les interrogations.

Ils parlent d’emblée de très grandes quantités : 15, 30 kilos. Valérie rétorque qu’elle n’a pas besoin de tout ça. L’un des deux hommes répond qu’ils peuvent faire des petits colis. Son fils était là. Elle l’a donc appelé, il a pu goûter une pomme. Les démarcheurs donnent des prix mais "cela va très vite, on ne comprend pas tout". Ils lui disent également qu'elle peut conserver ces produits frais durant des mois, si elle les met à l’abri de la lumière dans une cave. Ils font rapidement un calcul sur un papier mais ils ne le donnent pas.

Valérie n’a pas la somme, plus de 250 euros, en liquide. Peu importe, ils ont un appareil de paiement par carte bancaire. Ils proposent d’entrer les caisses à l’intérieur de la maison. La maman refuse, elle et son fils se débrouillent. L’adolescent de 15 ans lui a confié après qu’il "sentait" l’arnaque mais ne savait pas quoi lui dire.

Valérie a fini par acheter 5 kg de tomates, 20 kg de pommes de terre, 15 kg de pommes, 15 kg d’oranges et six bouteilles de cidre… "Ils donnent des arguments. C’est après quand on rentre les caisses, qu’on se rend compte et qu’on se demande ce qu’il s’est passé", résume-t-elle.

Après le paiement, le montant n’a pas tout de suite été retiré de son compte. Elle a donc décidé d’envoyer un message à sa banque pour essayer de bloquer le paiement tant qu’il était en traitement mais elle a peu d’espoir : "Je sais bien que l’argent est parti". Effectivement, un paiement bancontact est irrévocable et ne peut être annulé. Surtout que Valérie a bien reçu la marchandise.

Pour les bouteilles de cidre, la quadragénaire a pu s’adonner à une petite vérification sur internet et ce qu’elle a découvert a confirmé son impression d’avoir été arnaquée sur les prix. Les bouteilles sont étiquetées avec la mention Cave de la Loterie. Un rapide passage sur le site de cette marque qui vend ses produits en ligne permet de découvrir le prix, soit quatre euros la bouteille. Elle a payé au moins 9 euros chaque bouteille aux démarcheurs.

Peut-elle contester la vente ?

Valérie ne compte pas porter plainte : "C’est compliqué, je n’ai pas de ticket, sauf le reçu bancontact. J’ai vu le montant final et j’ai fait mon code", détaille-t-elle.

La législation belge prévoit un droit de rétraction de 14 jours calendrier pour les ventes réalisées en dehors de l’établissement commercial de l’entreprise, comme les ventes à domicile. Mais cette disposition ne s’applique pas aux achats de denrées alimentaire, boissons et autres biens ménagers de consommation courante. Ces contrats sont considérés comme définitifs.

Lors de ce type de vente hors établissement, le vendeur est tenu de communiquer le nom et le numéro de l’entreprise, son adresse géographique et ses coordonnées. Ce qui n’a pas été fait.

En théorie, il y a la possibilité de contester une vente en cas de pratiques commerciales déloyales devant la justice de paix. Mais cela parait compliqué dans ce cas-ci, car il faudrait d’abord pouvoir identifier le vendeur et Valérie n’a pas le nom des démarcheurs, qui s’exprimaient avec un accent français.

Les pratiques commerciales trompeuses, abusives ou déloyales peuvent toutefois être signalées auprès de l’inspection économique via cette adresse internet : https://pointdecontact.belgique.be. Mais cela servira uniquement à dénoncer l’arnaque, pas à récupérer l’argent.

Et c’est aussi justement, pour éviter que cela puisse arriver à d’autres personnes que Valérie nous a contactés. "Je suis surprise à quel point ça va vite, il suffit d’un moment d’inattention".

Notre témoin essaye de relativiser : "Il faut manger des fruits et légumes. On va manger beaucoup de pommes et on va faire un peu régime jusqu’à la fin du mois. C’est bon les tomates, quand il fait chaud". Elle veut tourner sa mésaventure en quelque chose de positif, jusqu’à en sourire, un peu : "Évidemment, ça me fait rire, c’est passé... Je vais faire des jus, de la soupe, je vais congeler et je vais donner des paniers cadeaux à me proches". Mais, "je ne leur dirai pas pourquoi, je trouverai une excuse".

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