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Véronique fait face à la TVA: "Est-il encore possible de créer son entreprise sans ramer?"

Nombreux sont ceux qui, approchant de la quarantaine, se remettent en question, veulent faire quelque chose de neuf et pourquoi pas, lancer leur projet et devenir leur propre employeur. C’est le choix qu’a fait Véronique. Il y a quatre ans, elle a lancé à Bastogne sa propre école de langue. Elle se démène pour faire vivre son entreprise mais, malheureusement, son activité va désormais être assujettie à une TVA de 21%. Un coup fatal pour son école ?

Véronique a 37 ans et enseigne les langues dans un athénée à Bastogne. Même si tout se passe bien, lorsqu’elle a atteint une trentaine d’années, elle a eu envie de se diversifier. "J’étais arrivée à un âge où j’avais envie de de faire quelque chose de plus, de relever un nouveau challenge par moi-même."
Il y a quatre ans, elle a pris son courage à deux mains et a décidé de se lancer dans une nouvelle aventure: monter sa propre entreprise. Aujourd’hui, elle complète son mi-temps d’enseignante à l'athénée avec un mi-temps dans l’école de langue privée... qu’elle a créée elle-même.
 
Un challenge quotidien 
Tous les jours, elle se bat pour garder sa petite entreprise en vie et faire tenir son projet debout. Mais, comme elle nous l’a fait savoir via la page  Alertez-nous  de RTLinfo.be, le premier septembre 2014, elle va subir un nouveau coup dur. En tant que prestataire de service, elle va désormais être assujettie à une TVA qui passe de 0 à 21%. 
 
Personne ne l'a avertie officiellement du changement
Aux prochaines inscriptions, elle sera contrainte d’augmenter ses prix. "La disposition est parue discrètement, personne ne m’a prévenue. C’est une dame comptable qui m’a alertée. Sans elle, personne ne m’aurait averti de rien, on en a parlé nulle part." La nouvelle circulaire administrative prévoit que " Les prestations d'enseignement des langues sont taxables dès qu'elles sont dispensées par une entreprise commerciale ou à finalité commerciale." Il en va de même pour les clubs sportifs, comme les manèges par exemple.
Véronique craint que ses élèves ne comprennent pas cette augmentation. "Je rame pour faire tourner ma petite entreprise. Monsieur et madame tout le monde ne sont pas au courant de cette décision et je ne veux pas passer pour la méchante mais je n’ai malheureusement pas d’autres solutions que d’augmenter les prix."
Une décision qui encourage le travail au noir  
 
Pour les 45 heures de cours donnés de septembre à juin, un adulte devra débourser 475 euros au lieu des 390 euros payés cette année. Elle ne sait pas encore quel impact cela aura sur les prochaines inscriptions de son école qui compte une centaine d’élèves mais une chose est certaine, elles ne risquent pas d’augmenter. " Même si la demande est là, les élèves risquent d’aller voir ailleurs. Les écoles sportives ou les écoles de langue ne sont pas toutes sur le même pied d'égalité. Désormais, on va entrer en concurrence avec les asbl, qui ne sont pas assujetties à la TVA. C’est triste à dire, mais ce genre de décision ne va probablement faire qu’augmenter le travail au noir " estime Véronique.
Impôts, frais, TVA... de quoi baisser les bras
Véronique a conscience que contrairement à d’autres, sa situation est plutôt confortable. Si elle est obligée un jour de mettre la clé sous le paillasson, elle aura encore de quoi nourrir ses deux enfants. " J’ai la chance d’avoir un mi-temps dans l’enseignement officiel, mais ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde. Je suis scandalisée car ce genre de décision démotive les gens qui veulent lancer leur propre entreprise et se lancer dans la vie. Avec tous les impôts, les frais, et aujourd’hui la TVA à laquelle nous sommes soumis, est-il encore possible de créer une entreprise ?"
Elise Parentani

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