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Y a-t-il vraiment TROP de camions sur nos routes et sont-ils plus dangereux que les voitures? Voici les chiffres

Vous êtes très nombreux à vous interroger, parfois à vous plaindre du nombre de camions qui parcourent nos routes. Au-delà des sentiments, nous avons voulu vérifier si effectivement les poids-lourd monopolisent les grands axes et comprendre l’impact que cela peut avoir sur la sécurité routière.

"Je souhaiterais que vous fassiez un reportage sur l'encombrement que provoque la circulation des camions sur nos autoroutes": cette demande lancée par Gilbert via le bouton orange Alertez-nous correspond à un sentiment et des interrogations partagées par de nombreux citoyens.

L’habitant de Wépion dans la province de Namur poursuit: "Alors que le phénomène est arrivé à saturation, nos autorités belges ou européennes ne décident rien, même pas les écolos".

Les camions sont-ils réellement trop nombreux à parcourir le sol belge? Y a-t-il un phénomène de saturation? Chiffres à l’appui, nous avons donc décidé de nous pencher sur la présence des poids-lourd sur les routes.


Les chiffres

Les chiffres dont disposent les autorités sont exprimés en véhicules-kilomètres par an. Cette unité correspond au déplacement d’un type de véhicule sur un kilomètre, ici nous délimitons notre recensement aux camions.

En 2015, il y a eu 8,33 milliards de kilomètres parcourus par des poids-lourd en Belgique. 25 ans plus tôt, en 1990, on en dénombrait 5,6 milliards de km. Soit une augmentation d’environ 49 %.

Si l’on regarde les chiffres en Wallonie, en 1990, 1,8 milliard de kilomètres ont été enregistrés contre 2,6 milliards de km en 2015. Soit près de 30 % de hausse.

A Bruxelles et contre toute attente, le nombre de camions sur les routes a diminué en 25 ans. En 1990, il y avait 105 millions de km parcourus pour 81 millions de km traversés en 2015. Donc une baisse de 23 %. Mais précisons qu'une bonne partie du Ring de la capitale n'est pas située en région bruxelloise mais bien en Flandre et en Wallonie.


Le constat

A part à Bruxelles où il y a une baisse sensible de la circulation des poids-lourd, il y a donc bien une hausse du trafic des camions sur nos routes.

Cette augmentation est constante même s’il y a eu un certain reflux à partir de 2011 lié au contexte économique mondial. La crise a provoqué une baisse de la consommation qui a influencé la courbe du transport par camion. Mais depuis 2013, les chiffres sont repartis à la hausse.

S’agit-il d’une augmentation alarmante? Nous avons posé la question au cabinet du ministre wallon, Carlo Di Antonio, qui a dans ses attributions la mobilité. Pour François Dubru, le responsable communication, la fréquentation est tolérable: "Le transport en camion représente 15% de l’usage du réseau. On n’est pas dans une vigilance, on n’est pas alarmé par le phénomène", informe-t-il. Selon ce dernier, la sensation qu’il y a trop de camions sur les routes est plus un ressentiment qu’une réalité fondée: "Ce constat est à nuancer. Il suffit d’un seul camion sur la E25 en ciseau à cause de la neige pour qu’on ait le sentiment d’être saturé. Un camion, c’est toujours trop pour l’automobiliste. On a tendance à exagérer le phénomène", pense-t-il.


Et la sécurité?

Les camions sont-ils plus dangereux que les voitures sur les routes? Au vu des chiffres, la réponse est non. Entre 2005 et 2015, le nombre d’accidents corporels impliquant un poids-lourd a diminué de 27 %. Une baisse de 21 % est à noter pour ceux impliquant une voiture.

L’évolution des statistiques est donc favorable en termes de sécurité routière: le nombre d’accidents baisse fortement alors que les distances parcourues par ces véhicules augmentent ou ne diminuent qu’un peu.


Alors, comment expliquer le ressenti de la population? Probablement par le côté parfois spectaculaire de certains accidents et leur influence souvent particulièrement lourde sur le trafic . "Quand un camion se renverse, ça embête tout le monde car il faut fermer les routes et il faut aussi parfois plusieurs heures pour libérer la chaussée", souligne Benoit Godart, de l’Institut Vias en charge de la Sécurité routière. Ce dernier rappelle aussi que le transport routier est l’une des priorités des services de police. Et le fait qu’il y ait plus de contrôle joue favorablement dans les statistiques.

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