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Banqueroute: prison ferme requise contre Magali Berdah, ex-"papesse des influenceurs"

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Valery HACHE

Le parquet a requis 18 mois de prison dont six ferme sous bracelet électronique contre Magali Berdah, ex-"papesse des influenceurs", jugée lundi à Nice pour banqueroute lorsqu'elle était courtière en assurances il y a une dizaine d'années.

L'affaire concerne la société de courtage BA&CO, créée en 2013 par une amie d'enfance de Mme Berdah, reprise en mars 2014 par la mère de cette figure du monde des réseaux sociaux, puis placée en liquidation judiciaire en 2015, avec un passif estimé à près de 2,5 millions d'euros.

Si Mme Berdah s'est présentée comme une simple salariée chargée du commercial au sein de BA&CO, l'accusation a estimé qu'elle en était la gérante de fait.

"Elle apparaît comme le personnage central de cette société. Elle s'en défend mais tous les faisceaux d'indices convergent", a martelé la procureure, Sylvie Maillard, en requérant aussi une interdiction définitive de gérer une société.

Poursuivies à ses côtés, l'amie d'enfance de Mme Berdah a refusé de répondre aux questions tandis que sa mère, absente à l'audience pour raisons de santé, n'a donné que des réponses vagues pendant l'enquête. Le parquet a requis de la prison avec sursis contre elles.

Entre 2014 et 2015, la comptabilité très floue de BA&CO indique plus de 80.000 euros prélevés en liquide sans justification, tandis que 600.000 euros ont transité sur un compte ouvert au nom d'une secrétaire pour payer les salaires quand les avoirs de la société risquaient d'être gelés à la demande des créanciers.

- Dépenses de luxe -

Mais ce compte présente aussi des dépenses de luxe (hôtels à Monaco, vêtements, chocolats...) d'un montant total de 27.000 euros que personne n'a expliquées.

Très combative devant les juges, Mme Berdah a cependant reconnu une certaine perméabilité entre ses finances personnelles et le compte de la secrétaire: elle a perçu des versements pour son travail et elle a aussi alimenté le compte avec des fonds qui lui avaient été prêtés en 2015.

En 2019, elle a d'ailleurs été condamnée pour abus de faiblesse pour avoir emprunté ces fonds à un homme souffrant de la maladie d'Alzheimer, même si elle assure avoir tout remboursé, intérêts compris. Une affaire qui a poussé les enquêteurs à s'intéresser récemment à BA&CO.

"Du jour au lendemain, on s'est réveillé en disant que c'était Magali Berdah qui avait tout fait", a dénoncé l'influenceuse.

Tous les avocats de la défense ont plaidé la relaxe, ceux de Mme Berdah fustigeant une enquête tardive et peu probante, selon eux. "Ce dossier sent le grenier", a raillé Me Franck De Vita. "S'il n'y a pas Magali Berdah, il n'y a pas de poursuites et il n'y a pas de procès (...) Il faut l'avoir, et c'est elle la seule solvable", a-t-il lancé.

Mme Berdah a elle insisté sur la vingtaine de sociétés qu'elle a gérées en son nom au cours de sa vie: elles ont toutes été liquidées "proprement" selon elle -- avec 350.000 euros de passif a cependant rappelé la procureure --, tandis que l'agence Shauna Events, créée en 2017 et spécialisée dans la mise en relation entre les marques et les influenceurs, a fait sa fortune.

Elle a cependant connu une "descente aux enfers" en 2022, quand le rappeur Booba a commencé à l'accuser de pratiques commerciales trompeuses. L'enquête contre elle a été classée sans suite, tandis que Booba a été mis en examen pour harcèlement moral en ligne aggravé et que 28 internautes ont été condamnés en mars.

Le jugement a été mis en délibéré au 25 novembre.

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