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Décès à 86 ans du sulfureux milliardaire italien Silvio Berlusconi

L'ex-chef de gouvernement italien Silvio Berlusconi, sulfureux milliardaire aussi célèbre pour ses manœuvres politiques que pour ses démêlés judiciaires et frasques sexuelles, est mort lundi à 86 ans.

Soigné à l'hôpital San Raffaele de Milan (Nord) pour une leucémie, le sénateur de droite y était entré vendredi. Des funérailles d'Etat auront lieu mercredi en la cathédrale de Milan. Le gouvernement a proclamé une journée de deuil national pour cette occasion.

Peu après l'annonce de son décès, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant l'hôpital, avant que sa dépouille ne soit transférée dans sa luxueuse demeure de villa San Martino, à Arcore, dans la banlieue de Milan, alors que les hommages affluaient d'Italie et dans une moindre mesure de l'étranger.

Le président russe Vladimir Poutine, parmi les premiers à réagir, a salué une "personne chère" et un "vrai ami" doté d'une "énergie vitale incroyable", louant son "optimisme" et son "sens de l'humour".

Ami personnel de Vladimir Poutine, Silvio Berlusconi a rejeté plusieurs fois sur Kiev la responsabilité de la guerre avec Moscou.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola et le président du Conseil européen Charles Michel ont sobrement présenté leurs condoléances à sa famille et à ses amis.

"Attaché à notre pays, où il étudia durant sa jeunesse, Silvio Berlusconi participa, de concert avec ses homologues français, à réaffirmer les liens entre nos deux nations sœurs, fortes de leur amour commun de la pensée, du sport, des arts, et de ce cheminement européen né de plusieurs siècles d’histoire partagée", a réagi le président français Emmanuel Macron.

Le parcours de cet éternel revenant, dont la mort politique fut maintes fois annoncée à tort, se confond avec l'histoire italienne des trente dernières années.

Il était aussi l'un des hommes les plus riches de la péninsule avec une fortune évaluée début avril par Forbes à 6,4 milliards d'euros.

Adoré ou détesté, cet amateur assumé de femmes beaucoup plus jeunes que lui, y compris des call-girls, a été impliqué dans une myriade de procès liés à des réceptions controversées.

A l'étranger, il était surtout connu pour la ribambelle de scandales dans lesquels il fut impliqué, ses gaffes devenues légendaires, ses procès à répétition et ses coups d'éclat diplomatiques.

Le pape François, lui-même hospitalisé, a salué un "tempérament énergique", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "un grand ami d'Israël" et le chef du gouvernement nationaliste hongrois Viktor Orban "un grand combattant".

- "L'Italie pleure" -

S'il restait populaire en Italie, son parti Forza Italia, une machine à gagner les élections qu'il a fondée en 1994, a suivi son lent déclin, passant de presque 30% des voix aux législatives de 2001 à 8% en 2022.

Dans un message vidéo, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a salué son "courage" et sa "détermination", voyant en lui "l'un des hommes les plus influents de l'histoire de l'Italie".

Après avoir débuté son ascension à Milan dans le BTP, l'entrepreneur au bagout à toute épreuve s'était lancé avec succès dans la télévision, inventant la TV paillettes des années 1980 qui fera sa fortune, lui permettant d'investir dans des clubs de foot, l'AC Milan puis l'AC Monza.

Côté scandales, M. Berlusconi a été condamné à sept ans de prison pour prostitution de mineure et abus de pouvoir pour des fêtes dites "bunga-bunga" où étaient invitées de très jeunes femmes, avant d'être définitivement acquitté en 2015.

L'octogénaire, dont la dernière compagne Marta Fascina était de 53 ans sa cadette, avait encore fait scandale en décembre 2022 quand il avait promis à ses joueurs du Monza d'amener "dans le vestiaire" un "car de putes" en cas de victoire.

Au fil des ans, le sourire carnassier du "caïman", l'un de ses nombreux surnoms, s'était toutefois figé sur son visage lifté au maquillage "épais comme le parquet", expression cruelle d'un éditorialiste.

- "Il Cavaliere" -

Né le 29 septembre 1936, Berlusconi, fils d'un employé de banque milanais, commence à travailler comme animateur sur des bateaux de croisière où il chantait et racontait des histoires drôles.

Licencié en droit, il se lance dans les affaires, entamant une irrésistible ascension qui soulève des interrogations quant à l'origine de sa fortune, sur laquelle il est toujours resté flou.

Mais c'est surtout dans le secteur de la télévision que s'exprime son génie créatif de grand communicant, qui saupoudre ses programmes de femmes dénudées.

La holding de la famille Berlusconi, Fininvest, compte trois chaînes de télévision, des journaux, les éditions Mondadori et bien d'autres participations.

Fan de football, Silvio Berlusconi a présidé pendant 31 ans l'AC Milan qui a remporté cinq fois la Ligue des champions sous son ère, avant de le vendre en avril 2017 à des investisseurs chinois. "Merci président, pour toujours avec nous", a réagi le club sur son site internet.

En 1994, il crée Forza Italia, et à l'issue d'une campagne-éclair relayée par son empire médiatique, il devient chef du gouvernement avant d'être lâché par ses alliés sept mois plus tard.

Il revient au pouvoir en 2001 pour cinq ans, un record depuis l'après-guerre. Battu d'un cheveu en 2006, il prend sa revanche deux ans plus tard, s'installant aux commandes pour la troisième fois. Mais en novembre 2011, il doit céder sous les huées les rênes d'une Italie en proie à une grave crise financière.

Il ressurgit en 2013 sur la scène politique en raflant près d'un tiers des voix aux législatives.

Quelques mois plus tard, la longue litanie de ses déboires judiciaires aboutit à une première condamnation définitive pour fraude fiscale : un an de prison - effectué sous forme de travaux d'intérêt général dans une maison pour personnes âgées -, six ans d'inéligibilité et l'expulsion du Sénat.

Père de cinq enfants issus de deux mariages, il était plusieurs fois grand-père.

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