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"Baron noir": après le chamboule-tout politique, une saison 3 "compliquée à imaginer"

La série politique "Baron noir" fait son retour lundi sur Canal+ alors que ses créateurs planchent déjà sur une troisième saison "compliquée à imaginer" après les bouleversements politiques de 2017.

Toujours avec les comédiens Kad Merad et Anna Mouglalis, mais sans Niels Arestrup, les huit épisodes de la saison 2 de "Baron noir", ont été écrits par Jean-Baptiste Delafon et Eric Benzekri alors que la campagne électorale battait son plein.

"Sur le moment, c'était plutôt angoissant et fragilisant", déclare à l'AFP Jean-Baptiste Delafon, "mais à posteriori, ce fut une grande chance d'écrire une deuxième saison dans une période de recomposition politique".

"Le risque est d'écrire des choses dont le spectateur se dirait +ce n'est pas plausible+", ajoute Eric Benzekri, ancien militant au PS et ex-collaborateur de Julien Dray et de Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier avait été prévenu que le comédien François Morel allait incarner un chef de parti qui lui ressemblerait fortement.

La situation politique était "explosive avec le sentiment d'une très grande menace et l'angoisse du risque que tout bascule a été très stimulante" pour la saison 2 écrite "avant le débat-suicide de Marine Le Pen", se souvient Jean-Baptiste Delafon.

"On a pu imaginer des choses que l'on se serait peut-être interdites dans un contexte différent", renchérit Eric Benzekri, évoquant notamment l'affaire Fillon.

"Même l'actualité politique à l'étranger, avec (Donald) Trump aux Etats-Unis, a démontré que tout est possible !", fait valoir Jean-Baptiste Delafon.

- 'Un coup d'avance' -

La première saison diffusée en 2016 avait été saluée par la critique. Kad Merad a même été nommé dans la catégorie "meilleur acteur" pour son interprétation du maire PS de Dunkerque aux derniers "Emmy Awards". En revanche, les audiences avaient été mitigées à 511.000 téléspectateurs en moyenne pour les huit épisodes.

Pour la saison 3, les auteurs disent travailler comme dans "un laboratoire" pour essayer de "trouver les éléments qui peuvent dans l'avenir organiser les forces, les confronter, les rassembler etc.".

Ils nourrissent leur réflexion auprès d'experts de tous horizons, cités au générique, qu'ils sollicitent "sur des sujets techniques", pour coller "au plus près des grands sujets de société" et "confronter leurs intuitions".

Ils ont rencontré des politiciens de gauche comme Alexis Corbière (LFI), Thierry Mandon (PS) ou encore Laurence Rossignol (PS). "Mais jamais des personnalités politiques de premier plan".

Jusque-là, ils ont eu "un coup d'avance" par rapport à la réalité mais aujourd'hui, ils sont confrontés "à une situation politique compliquée à imaginer".

"S'il faut réinventer une orientation pour les socialistes, le centre et la France insoumise, ce à quoi nous travaillons, cela va être très difficile de trouver un chemin pour nos personnages qui étaient les maillons d'un système bien huilé qui a explosé", reconnaît Erik Benzekri.

Parmi les thèmes politiques qui infusent dans "les alambics de leur labo", l'éducation et l'Europe. Les auteurs s'intéressent aussi à "l'émergence d'une orientation nouvelle" à gauche, venue d'Amérique latine, qui place le conflit "comme moteur du débat public" et qui s'exprime dans des partis comme "Podemos" en Espagne et "La France insoumise" dans l'Hexagone.

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