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Les femmes de plus de 50 ans disparaissent des écrans, déplore Mathilda May: "Ça dit quelque chose sur notre société" (vidéo)

Elle est comédienne, mais aussi danseuse, chanteuse, auteure, écrivaine, créatrice de spectacle, metteuse en scène. Et tout ça on l’apprend en lisant son livre. Mathilda May était invitée sur le plateau du RTL INFO 13H. Elle a répondu aux questions d’Olivier Schoonejans.

Mathilda May publie une autobiographie intitulée V.O., parue aux éditions Plon.

Vous racontez des moments de votre vie, de votre carrière. Un livre qui part d’une question que tout le monde vous pose: "Qu’est-ce que vous devenez". Elle vous énerve cette question ?

"Non, je la comprends, parce que c’est vrai que j’ai un peu disparu des écrans ces dernières années. Il y a plusieurs explications à ça, que je tente de questionner, sur ce que c’est que d’être une femme dans ce métier, à travers mon récit. Mon récit est un support pour se questionner sur sa place, sa place d’artiste aussi, puis le temps du cheminement. Moi j’ai eu un parcours évolutif, où j’ai essayé de me questionner, tout au long de ma vie. Et puis, on n’est pas obligé tout de suite de trouver sa juste place, c’est ce que j’évoque dans ce livre".


Dans ce livre, on a l’impression que quand vous étiez jeune actrice, star internationale, c'était une vie que vous avez un peu subie. Vous êtes presque passée à côté de cette vie-là et vous n’en avez pas profité comme vous en auriez profité maintenant ?

"Il y a toujours plusieurs facteurs qui amènent la vie à prendre un certain chemin, moi j’ai été danseuse, ma vie était tracée, puis j’ai été happée par le cinéma. C’est un statut très envié, celui d’être actrice".


Vous dites, "Mon rêve, c’est d’être une star, mais être une star n’est pas un rêve".

"Oui, je dis ça dans le livre. Bon, ça a été une expérience très passionnante, en tout cas au début, puis au fur et à mesure que j’avançais en âge, les rôles devenaient de moins en moins intéressants, il faut dire ce qui est, il y en avait de moins en moins d’ailleurs, puis il y a les phénomènes de mode qui font qu’on est très visible à un moment puis moins à un autre. Moi, j’avais envie d’évoluer, de continuer le mouvement, puis le statut d’actrice m’empêchait, me freinait dans mon évolution. J’avais envie de redevenir autonome, libre, de m’exprimer peut-être avec mes mots aussi. J’ai eu trois phases dans ma vie : une première dans le silence, avec la discipline et la rigueur de la danse classique, où j’ai appris à me taire, oùj’ai appris d’autres choses très constructives, après j’ai appris à parler le langage des autres, puis maintenant, j’essaye de parler avec mes mots". 



Dans votre livre, vous racontez vos rencontres avec Yves Montand ou Richard Gere... Une autre rencontre avec Prince, aussi. C’est truffé d’anecdotes. Vous dites : vous vous rencontrez, puis vous passez des moments en tête à tête dans son studio. Quelques années plus tard, vous le recroisez et vous vous vous demandez, "Est-ce qu’il va me reconnaître?"

"Oui, parce que ça faisait très très longtemps qu’on s’était perdus de vue. Moi, je l’avais évidemment suivi, parce qu’artistiquement, c’est une référence pour moi, musicale, et sur plein d’autres plans d’ailleurs, l’exploration, la recherche...  et ça a été vraiment une figure emblématique qui m’a accompagnée tout au long de ma vie.  Autant moi je me souviens de lui, autant lui, ce n'était peut-être pas ça, mais au final, si si, il se souvenait très bien".


Vous parlez de la difficulté d’être une femme au cinéma. Des rapports parfois compliqués des actrices avec les réalisateurs ou producteurs. Quand l’affaire Weinstein a éclaté, vous avez pensé quoi ? Vous vous êtes dit, enfin, on va parler de ces problèmes-là ? Même si vous dites ne pas les avoir vécus personnellement…

"J’ai eu la chance de passer à côté de certains. Je n’ai pas été victime comme certaines mais j’ai dû contourner quotidiennement la misogynie ambiante, ça c’est sûr. Et puis, je me suis rendu compte, quand la parole s’est libérée, à quel point ça faisait partie de mon quotidien, à quel point c’était inscrit dans ma vie et c’était devenu presque une norme, de contourner, de se demander pourquoi les gens veulent vous rencontrer, quel est le but caché derrière certains rendez-vous. Moi, j’ai échappé à ça".


La libération de la parole des femmes, c’est une chose pour laquelle vous militez ?

"Bien sûr, mais sur tous les fronts, même le fait qu’à partir de 50 ans, dans les fictions françaises, notamment au cinéma, on voit de moins une moins d’actrices et de rôles, je trouve que ça dit quelque chose de notre société, de la représentation de la femme dans la société, à partir de 50 ans, elles disparaissent littéralement des fictions, il y en a 3-4 qui prennent ces rôles-là et qui sont l’arbre qui cache la forêt, mais il y a un vrai problème de représentation.

Oui, je suis très active, aussi dans ma façon d’écrire, les pièces que j’écris aujourd'hui où je distribue les rôles de manière à m’intéresser à tout le monde. Je trouve que c’est vraiment dommage de se priver d’une partie de la société".

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