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Audrey Pulvar: "Je dormais à côté de ma cousine quand mon père la violait"

Marc Pulvar, père d'Audrey Pulvar et grande figure du syndicalisme martiniquais décédé en 2008, est accusé d'avoir été un "pédocriminel" par trois femmes de sa famille.


"A l'âge de 7 et 10 ans, nos routes ont croisé celle d'un homme", écrit en février la conseillère territoriale Karine Mousseau avec ses cousines Barbara Glissant et Valérie Fallourd, dans ce texte consulté par l'AFP. "On l'encense aujourd'hui encore en Martinique, parce qu'il a été un militant, syndicaliste, défenseur des opprimés."

"C'était l'oncle de la famille, le favori, adulé déjà, par tous. Une confiance totale, qui dure encore aujourd'hui de manière posthume, et que nous avons décidé de briser, une fois pour toutes", ajoutent-elles au sujet du père d'Audrey Pulvar, adjointe à la mairie de Paris.

"En finir avec cette héroïsation du personnage, ne plus jamais lui rendre un quelconque hommage à l'avenir et désormais penser à lui comme il le mérite: Marc Pulvar, alias Loulou pour les intimes, était un prédateur sexuel", écrivent-elles encore.

"Je ne savais pas que je savais"

Il y a quelques semaines, Audrey Pulvar a nié à l'adresse de ses "détracteurs" que les accusations de pédophilie de ses cousines contre son père décédé soient "une manoeuvre politique". Dans une déclaration à l'AFP, Audrey Pulvar avait expliqué avoir "été mise au courant des crimes commis" par son père "il y a une vingtaine d'années" quand ses cousines en avaient parlé dans la famille.

"Je ne savais pas que je savais", a-t-elle dit dans une interview sur France Inter qu'elle a terminée en pleurs pour expliquer pourquoi il ne lui était "pas venu à l'idée de le dénoncer": les souvenirs de vacances d'été avec son père Marc Pulvar et ses cousines remontant à ses "5 ans, 6 ans, 7 ans", lors desquelles elle "sentait qu'il se passait des choses qui n'étaient pas normales", sont restés "cadenassés dans son cerveau pendant 25 ans".

"Je suis toujours du côté des victimes"

"Je veux dire à tous ceux - il y en a trop - qui pensent que l'action de mes cousines, qui aujourd'hui parlent à travers une lettre 45 ans après les faits, serait une manoeuvre politique soit pour m'atteindre moi qui suis candidate, soit pour abîmer la mémoire de mon père, tous ceux là ils ont tort", a-t-elle ajouté. Car "les victimes parlent quand elles peuvent, quand les conditions sont réunies pour elles de pouvoir s'exprimer".

"Cela a été un choc très profond pour mes proches et moi. Tant qu'elles ne souhaitaient pas s'exprimer publiquement, ce n'était pas à nous, à moi, de nous substituer à leur parole de victimes", ajoute l'adjointe à la mairie de Paris et tête de liste aux régionales en Ile-de-France.

"Elles sont en mesure et ont décidé de le faire aujourd'hui: je les soutiens pleinement et admire leur courage. Je souhaite qu'elles soient entendues et que leur parole soit respectée", poursuit l'ancienne journaliste.

"Je suis toujours du côté des victimes", a-t-elle insisté, disant avoir immédiatement cru sa mère qui, il y a une vingtaine d'années, lui avait rapporté ce que ses cousines lui avaient raconté.

Des années d’interrogations, et de cauchemars

Elle a dit s'exprimer "en tant que fille d'un pédocriminel, donc la fille d'un monstre", soulignant que "quand on est la fille d'un monstre, forcément à un moment vous vous demandez si vous êtes un monstre vous-même". Et a appelé à travailler pour "identifier les signaux" et tout faire pour "qu'on ne viole plus".

Accusée par certains de n'avoir pas dénoncé à son tour ces actes, elle avait souligné que "tant qu'elles ne souhaitaient pas s'exprimer publiquement, ce n'était pas à nous, à moi, de nous substituer à leur parole de victimes".

Le 27 mars, Audrey Pulvar s'est exprimée à ce sujet sur BFMTV. "Quand j’avais cinq ans (…) je dormais à côté de ma cousine pendant que mon père la violait", a-t-elle raconté à Apolline de Malherbe, avant de parler "d'années d’interrogations, et de cauchemars".

Retrouvez l'extrait à la 34e minute:

Professeur de mathématiques, Marc Pulvar a marqué le syndicalisme et la vie politique martiniquais en créant la Centrale syndicale des travailleurs martiniquais puis en co-fondant le mouvement "La Parole au Peuple", qui deviendra par la suite le Mouvement indépendantiste martiniquais. Il est décédé en 2008 à l'âge de 71 ans.

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