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George Clooney se mêle au conflit soudanais et veut traquer l'argent sale de généraux militaires

L'acteur américain George Clooney, très engagé concernant le Darfour et le Soudan, a exhorté mardi la communauté internationale à traquer l'argent sale provenant du Soudan dans l'espoir que les militaires au pouvoir changent de posture face aux manifestations.

Dans un éditorial cosigné avec le militant des droits humains John Prendergast, l'acteur affirme que les généraux "qui ont pillé le pays en toute impunité pendant trente ans" craignent de perdre au change en cas d'accord de gouvernance avec les civils.

Omar el-Béchir, qui a dirigé le Soudan d'une main de fer pendant trois décennies, a été renversé le 11 avril par un coup d'Etat de l'armée, dans le sillage d'un soulèvement populaire.

Militaires et civils ont alors entamé des discussions sur la période de transition mais ne sont pas parvenus à s'entendre. Les manifestations se sont poursuivies, prenant un tour violent lors de la dispersion d'un sit-in à Khartoum le 3 juin qui a fait plusieurs dizaines de morts.

Selon un comité de médecins proche de la contestation, 118 personnes sont mortes et plus de 500 ont été blessées depuis cette date, la majorité dans la dispersion du sit-in. Les autorités estiment à 61 le nombre de morts, dont 49 par des "tirs à balles réelles" à Khartoum.

La contestation soudanaise a accepté mardi de mettre fin au mouvement de désobéissance civile lancé après le début de la répression meurtrière et de reprendre les discussions avec les militaires afin de trouver une issue à la crise.

Selon leur texte publié mardi dans Politico, les deux Américains affirment que les milices Janjawid sont impliquées à la fois dans les atrocités au Darfour soudanais --plus de 300.000 morts depuis 2003-- et dans la répression des manifestations la semaine dernière.

L'organisation The Sentry, qu'ils ont co-fondée et qui enquête sur les "criminels de guerre" en Afrique et particulièrement au Darfour soudanais, a repéré des opérations de blanchiment d'argent initiées depuis le Soudan à mesure que la crise s'amplifiait, relèvent-ils.

"Geler et saisir certains de ces actifs --et bannir certains de ces responsables du système financier international-- serait un moyen de pression très important et inutilisé en faveur de la paix et des droits humains", poursuit l'édito.

"En engendrant des conséquences financières importantes pour les chefs du régime et leurs collaborateurs en affaires, les diplomates d'Afrique, d'Europe et des Etats-Unis seront capables d'influencer le calcul coût/bénéfice des généraux de Khartoum", affirment MM. Clooney et Prendergast.

Ils craignent que les émissaires américains --y compris le secrétaire d'Etat adjoint américain chargé de l'Afrique Tibor Nagy qui doit se rendre à Khartoum cette semaine-- ne voient leurs appels "tomber dans l'oreille d'un sourd" faute de les accompagner d'actions visant le portefeuille des généraux.

Malgré les critiques occidentales à l'encontre de la violence du régime, les généraux continuent d'être soutenus par les pays arabes du Golfe ainsi que par la Chine et par la Russie, relèvent-ils.

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