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Marc Cerrone revient avec un nouvel album appelé DNA

Il était présent sur notre plateau de 13h, Marc Cerrone est un pionnier du disco. Dans les années 70, il a anticipé tous les sons que vous écoutez encore aujourd'hui !

La musique qui ne vous quitte jamais, que l’on vous réclame selon moi, c’est Give Me Love. Dans le clip, on vous voit sautiller derrière votre batterie. Mais quand vous, vous fermez les yeux vous vous revoyez où, vous, avec cette chanson ?  

J’ai de la chance d’en avoir des autres un peu plus populaire comme Supernature qui m’ont transporté dans des domaines auxquels je n’aurais pas imaginé ; l’écologie par exemple. Supernature, je dénonçais un peu en disant "si on continue, on va devenir mi-homme, mi- animal". Où va-t-on ? En fin de compte, 45 ans après on y est alors que Give Me Love, c’est fun, c’est la fête.

On est en 1977 au moment de Give Me Love. A cette époque-là, vous êtes la star du disco, surtout aux Etats-Unis. Vous fréquentez le Club 54, Quincy Jones, Grace Jones, Andy Warhol, vous êtes le fils d’un cordonnier italien immigré. Ce que vous vivez à ce moment-là, cela devait être dingue ! Vous travaillez beaucoup ou c’est une succession de fête comme on le voit dans Give Me Love ?

Pour faire ce métier longtemps, il faut avoir beaucoup de chance. C’est quoi la chance ? C'est les opportunités qui se présentent, les reconnaître et en profiter. Quand je faisais des soirées avec les Good, les Gaultier, les Warhol, je pensais que ça allait durer 2-3 mois. Jamais j’aurais eu idée, 50 ans après d’en parler. J’avais un peu ma place parce que tous ces gens dont on cite étaient des provocateurs de l’époque mais dans l’art. La musique que je faisais, qui est devenu courante, à l’époque c’était de la provocation ! C’était hors système.

Au début, Cerrone, vous êtes parti à l’âge de 16 ans. Vous avez atterri à Saint-Tropez. Vous jouez dans la rue en faisant la manche, Eddy Barclay vous repère, puis vous montez un groupe Kongas d’afro-rock. Au bout de 4 ans, vous voulez faire cavalier seul. Vous n’aviez pas de maison de disque et vous ne vouliez faire aucune concession donc vous composez cet album « Love In C Minor » et l’histoire est assez incroyable parce que votre succès, vous le devez au départ à une erreur. Vous nous racontez ?

J'étais batteur donc j’ai mis la batterie en avant ce qui ne se faisait pas à l’époque. Je n'avais pas prévu que cet album ait du succès. C’était vraiment pour clore ma carrière donc je n’ai fait aucune concession ; c’est pour ça que le titre fait 16’30 de long. Cela ne peut pas passer à la radio 16 minutes, c’est trop long. C’était un passage où je voulais créer pour les clubs, pour être dans une ambiance. On n’est pas pareil le soir quand on est dans des endroits comme ça plutôt que le matin quand on se réveille pour aller au boulot.  Evidemment, aucune maison de disque ne le sort. Donc je suis reparti en Angleterre pour faire fabriquer quelques albums et puis les vendre de porte à porte, dans les magasins pour les distribuer avec des copains. C'est ce qu’on a fait. Cela commençait à très bien se passer, il commençait à avoir un très beau buzz. Un magasin sur les Champs Elysées qui n’existe plus maintenant, le "Champs Disques", auparavant, c'était l’endroit où tous les DJ un peu branché allaient chercher les dernières nouveautés internationales. Le buzz marchait tellement bien que ce disquaire m’a dit un jour "tu m’en livres 300 et on fera les comptes à la fin du mois". Sauf que les 300 ne sont jamais rentrés car un de ces magasiniers s’est trompé.  Au lieu de renvoyer les disques de Barry White invendus à New-York, il a envoyé les miens, les Love In C Minor qui ne sont jamais revenus ! Au bout d’un mois et demi, je lui demandais les retours mais en fait, là-bas, quand ils ont ouvert les cartons, ils ont commencé à se dire "tiens on va le faire jouer ce week-end dans un club".  Et c’est parti en boule de neige. On me cherchait partout à Londres car il était indiqué « Printed in England » et évidemment, j’étais en France où personne ne me connaissait. Ils ont fait ce qu’on appelle un cover, c’était une copie. C’était très à la mode à l’époque. La copie était entré dans les tops 10 ! Quand j’ai vu cela, deux mois après, j’ai cru que c’était une blague donc je suis parti à New-York pour aller sonner à la porte de la maison de disques en disant « c’est moi ». Il faut se justifier, c’est très délicat à faire.

En fait vous étiez connu aux Etats-Unis avant même d’être connu ici ?

C’est fou ! C’est ce que je vous disais tout à l’heure : la chance, les opportunités ! Que ça créé un buzz incroyable aux Etats-Unis, quand Atlantic ma maison de disque a sorti le disque original,…

Vous pensez que ce monsieur qui a ouvert cette boite de disques aux Etats-Unis, c’est parce qu’il a écouté cette, parce qu’il a vu cette fille nue sur la pochette ?

C’est un tout. Il y a des râles féminins dans l’album, c’est chanter par des filles, je ne suis pas chanteur. Cela me paraissait logique de mettre une fille devant. On était dans une période aussi en 1976, la pilule venait d’arriver, c’était très provoc, très sexe. Il faut remettre cela dans le contexte aussi !

Après ce succès disco, il y a eu également des succès plus électro dont le mythique Supernature. Aujourd’hui votre nouvel album s’appelle DNA, purement instrumental. On se demande si le premier single qui est Resolution n’est pas un peu le nouveau Supernature.

Alors, est-ce que vous vous êtes ré-inspirés de vous-même ?

Non mais le fait que ma maison de disque m’a demandé, il y a 6 ans de prendre mes platines alors que je suis musicien, vous imaginez la première réaction a été "comment ? Pourquoi vous me dites ça ?". Pour la faire courte, je l’ai fait, j’ai tenté de le faire bien, d’apprendre et la première récompense qui a été encore une opportunité, c’est que je me suis aperçu que le public voulait la version originale et pas que j’envoie des remix. En plus, quand on fait une chanson live, on est obligé d’aller au bout. Quand on est en DJ, si en 30 secondes, on voit comment ça fonctionne, on peut bouger, ça va très vite. Cela m’a fait revisiter mon bacatala comme on dit avec des titres comme des musiques de films que j’ai pu faire comme brigade mondaine ou autre, qui était très électronique. Donc je suis allé m’inspirer, faire des enchaînements de suite de chanson avec d’autres. En fin de compte, cet album a été composé sur scène. Il n’était pas prévu. Je dirais presque que c’était un accident mais en tout cas, il est vraiment fait sur scène.

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