Accueil People

Un clash et puis s'en va: à La Réunion, les "Vacances des Anges de la téléréalité" tournent court

Une altercation avec un maire local suscitant une indignation populaire a eu raison du tournage à La Réunion de la saison 4 des "Vacances des Anges de la téléréalité", et contraint les candidats à remonter dans l'avion.

Dimanche, Ricardo et Nehuda, l'un des couples vedette des "Anges", qui a plusieurs fois eu affaire à la justice, accompagnés de leur bébé et d'une nourrice, déjeunent dans un hôtel 4 étoiles de Saint-Denis, la veille du début du tournage de l'émission.

La nounou du couple de candidats passe alors de table en table pour demander aux personnes présentes de ne pas prendre de photos des "people", ce qui met rapidement le feu aux poudres avec Joé Bédier, maire de Saint-André (est), venu fêter en famille l'anniversaire de sa fille.

"Une femme hystérique est venue à notre table et a dit à ma femme +Vous avez pris des photos ce n'est pas normal+", a raconté Joé Bédier, ajoutant :"Ma femme a fini au sol avec des bonshommes baraqués sur elle. Moi j'ai pris des coups".

Les "Anges" agressifs sont finalement calmés par des témoins. La police arrive ensuite sur les lieux et déploie un important dispositif.

L'élu fait alors ce que font bon nombre de Réunionnais en cas d'urgence, appeler radio Free Dom, station écoutée par toute la Réunion. Aussi, lorsque Joé Bédier raconte en direct avec indignation ce qu'il vient de lui arriver, la nouvelle se répand comme une trainée de poudre.

"Mon beau-frère est arrivé en courant chez moi en me disant que le maire était gravement blessé et qu'il allait être hospitalisé", raconte Fred Sautron, un habitant de Saint-Benoît (est). "Nous sommes montés tout de suite à Saint-Denis", explique le trentenaire en créole réunionnais.

Plusieurs dizaines de personnes ont la même réaction et se rassemblent devant l'hôtel. Portées par des enfants, des pancartes clament "vous n'êtes pas des anges, vous êtes des démons".

La situation manque de dégénérer à nouveau lorsque des personnes extérieures à l'hôtel montent dans les étages où se trouvent les chambres des candidats.

Les policiers parviennent finalement à calmer les esprits. Il n'y a pas de blessés, mais ils embarquent tout de même Nehuda, Ricardo et la "nounou" en direction de l'hôtel de police, devant lequel environ 200 personnes manifestent leur mécontentement jusque tard dans la nuit.


"Privilégiés de la vie"

Le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, comme la quasi-totalité de la classe politique locale apportent leur soutien à Joé Bedier.

Dans la soirée, la production publie un communiqué condamnant les deux "Anges" et annonce leur exclusion de l'émission.

Mais déjà, sur les ondes des radios, les réseaux sociaux et les sites d'informations qui multiplient les directs, les condamnations déferlent sur les "Anges" autour du thème "qu'ils aillent montrer leur bêtise, leur mépris et leur argent ailleurs".

Dans une île où 38% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, les faits supposément commis par des "privilégiés de la vie, ne pouvaient que déclencher de telles réactions" souligne un ancien leader du mouvement des gilets jaunes.

Dès dimanche soir, une pétition en ligne réclamant l'annulation du tournage de l'émission était mise en ligne.

La remise en liberté des Anges et de la nounou lundi sans qu'aucune charge ne soit retenue contre eux attise encore le mécontentement.

La production annonce qu'ils vont prendre l'avion pour Paris. Rien n'y fait.

"Si un petit Créole avait fait ça, il serait au trou, là ce sont des puissants alors on les libère", tempête une mère de famille devant la villa de luxe où le tournage devait se dérouler, lundi soir.

La tension ne retombant pas, la production annonce finalement lundi l'annulation du mois de tournage prévu.

La décision a satisfait ceux qui demandaient aux "démons" de "rentrer chez eux". Elle en a laissé d'autres perplexes. "Déjà que là-bas ils disent qu'on jette des chiens vivants aux requins, je ne sais pas quelle image de nous va être véhiculée en Métropole", se demande Marina Laurent, caissière dans un supermarché.

Jean-Pierre Moutoussamy, en recherche d'emploi, tempère. "Une majorité de gens pensent comme moi: que les Anges partent ou restent, cela ne changera rien à ma vie".

À lire aussi

Sélectionné pour vous