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Retour sur l'histoire de notre famille royale: qui sont les Cobourg aujourd'hui? Quel est leur héritage en Europe?

Cet été, notre chroniqueur royal, Patrick Weber revient dans sa chronique sur la famille royale des Cobourg, ses origines, ses ambitions, sa destinée et son premier 21 juillet.

Tout a commencé en 1831. Le 21 juillet 1831, sanglé dans son uniforme et présentant un air sévère, le prince Léopold de Saxe-Cobourg Saalfeld prête serment sur les hauteurs de la ville de Bruxelles, devant les héros de la révolution, à l’endroit-même où quelques siècles plus tôt Charles-Quint gouvernait son empire. Certes, la cérémonie manque un peu de faste. On a érigé une structure de bois doré, ornée de draperies rouges et d’étendards devant l’église Saint-Jacques sur Coudenberg mais il n’y a pas l’ombre d’une couronne pour coiffer la tête du souverain. Et il serait tout aussi vain de chercher un sceptre ou une robe d’hermine. A quelques mètres de cela est planté un arbre de la liberté à l’esprit très républicain. Le ton est donné, la monarchie belge sera sobre ou ne sera pas. Si le Cobourg avait compté régner à la manière de Louis XIV, il risque bien d’être déçu !



Les Cobourg : une famille qui a la cote

A force de mariages et de bons coups diplomatiques, ils sont parvenus au sommet ! La bonne fortune de la famille Cobourg repose sur plusieurs facteurs. Comme toujours lorsqu’on envisage une ascension familiale, il faut compter avec un peu de chance et, dans une certaine mesure, des circonstances extérieures propices. Mais il faut aussi compter avec l’ambition, moteur indispensable de toute réussite. A la manœuvre, apparaît l’un des plus grands hommes d’état du dix-neuvième siècle et, paradoxalement, aussi l’un des plus méconnus. Léopold de Saxe-Cobourg a été injustement relégué au second rang des personnages-clés de l’histoire, seulement pour n’avoir été que le souverain d’un petit et récent royaume. Certes, il n’a pas conquis un empire à la manière de Napoléon ou régné sur un royaume prestigieux comme Louis-Philippe roi des Français mais il a mis en place une extraordinaire mécanique politique et dynastique qui porte encore ses fruits, deux siècles plus tard. En Belgique, sept Cobourg se sont succédés sur le trône et le roi Philippe maîtrise à la perfection la moindre subtilité de son arbre généalogique.



Léopold Ier : un modèle du roi Philippe

Le roi Philippe connaît l’histoire de sa famille sur le bout des doigts. il aime prendre la parole devant la parole devant le portrait de son ancêtre. Il est monté sur le trône un 21 juillet, tout comme lui. Et il a veillé à rappeler ses racines allemandes (Léopold Ier était prince de Saxe Cobourg) en inscrivant la Belgique dans la communauté des états germanophones. Sans oublier le nom de Saxe-Cobourg qui est revenu au premier plan de l’actualité et sera à nouveau porté par certains membres de la famille royale. Mais qui était son ancêtre tellement admiré ?

Redoutable renard, habile animal politique, Léopold a réussi à combiner deux traits de caractère souvent antagonistes : l’ambition et la raison. Homme pragmatique, il a mis en pratique les leçons reçues durant sa jeunesse et s’est attaché à garder sa tête sur les épaules, sans se laisser griser par les succès. Le prince a connu trop de revers du destin pour se laisser bercer par la dangereuse illusion que les choses sont acquises dans la vie. Son éducation luthérienne et l’époque troublée dans laquelle il naît façonneront un caractère unique dans la grande galerie des princes du début du dix-neuvième siècle. En quelques années, ce « Monsieur de petit à petit » comme le surnomment ses adversaires va réussir à étendre l’emprise de la famille de Cobourg de Bruxelles à Londres, de Vienne à Mexico et de Lisbonne à Paris. Une réussite d’autant plus éclatante qu’elle ne s’accompagne d’aucune conquête sanglante. Léopold Ier ? Un grand de l’histoire de la Belgique bien sûr, mais aussi de l’Europe.


Les recettes du succès à la sauce Cobourg.

La manière Cobourg associe avec adresse les relations familiales, les tractations diplomatiques et les indispensables alliances matrimoniales. Le modèle léopoldien vise aussi à mettre en place une forme de monarchie qui répondrait aux réalités de l’époque. Une couronne libérale et parlementaire qui continuerait à jouer un rôle actif en manière politique. Né d’une famille issue de l’ancien régime, le Cobourgisme apparaît comme une nouvelle voie pour un système monarchique européen à bout de souffle. Il cohabite - sans état d’âme - avec d’autres pays et parfois même de proches cousins chez lesquels l’absolutisme reste de mise. Pour autant, Léopold ne renoncera jamais à donner ses leçons de bonne gouvernance, au risque d’apparaître comme la voix du ‘boss’, toujours disposé à dispenser sa vérité. Un mentor discret et génial qui va imposer la ‘race’ Cobourg à l’échelle d’un continent.


Qui sont les Cobourg aujourd’hui ?


Et quel est leur héritage aujourd’hui en Europe ?

Pour bien comprendre la place, il faut les confronter avec les familles souveraines dont le nom se confond avec l’histoire du pays, comme c’est notamment le cas avec les Grimaldi de Monaco ou les Orange aux Pays-Bas. D’autres dynasties tiennent leur position actuelle des calculs dynastiques et des aléas de l’histoire. C’est notamment le cas pour les Bourbon en Espagne (avec le roi Felipe VI) ou les Bernadotte en Suède (avec le roi Carl XVI Gustav). Parmi les multiples maisons princières qui ont essaimé à travers le continent (c’est notamment le cas au Danemark ou en Norvège), les Cobourg occupent une place particulière, pour ne pas dire unique. Tout d’abord, parce qu’ils sont toujours bien établis sur leur trône au Royaume-Uni (Elizabeth II) et en Belgique (Philippe). Même s’ils ont renoncé à leur patronyme depuis le désastre de la première guerre mondiale, ils restent à la barre de leurs états dans la droite ligne des enseignements jadis prodigués par le mentor Léopold. Des monarchies parlementaires et constitutionnelles et une volonté d’incarner le rôle d’arbitre de la nation, par-dessus la classe politique. En revanche, les liens familiaux se sont distendus avec le temps.

On ne règne plus au troisième millénaire comme le faisait Léopold Ier, navigant entre contrats matrimoniaux et subtiles négociations diplomatiques. Les rapports entre les différents rameaux de la famille sont plus distants. Et si la princesse Esmeralda, fille cadette du roi Léopold III des Belges vit aujourd’hui à Londres, elle ne va pas pour autant prendre régulièrement le thé avec sa lointaine cousine la Reine Elizabeth II !

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