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Pleurs, tenues de deuil, programmes à l'arrêt: la BBC accusée d'en faire trop sur la mort du prince Philip

Programmes interrompus, présentatrice émue et "God Save The Queen" en fond sonore: l'annonce de la mort du prince Philip a bousculé les émissions de télévision et de radio britanniques. Au point que la vénérable BBC soit accusée par certains d'en faire trop.

Vendredi midi, BBC News, la chaîne d'informations du service public britannique, interrompt ses programmes. La présentatrice Martine Croxall, vêtue d'une veste noire, l'air grave, la gorge serrée, annonce la mort de son Altesse Royale le prince Philip, 99 ans, époux de la reine Elizabeth II.

Tous les programmes suspendus

Puis l'hymne national, "God Save The Queen", retentit tandis qu'une photo du duc d'Edimbourg, souriant en uniforme bardé de médailles est affichée. Le groupe audiovisuel britannique a bousculé ses programmes, ses chaînes BBC One et BBC Two, comme les radio BBC 4 et 5 Lives, diffusant des émissions spéciales alternant informations et rétrospectives émouvantes. L'écran de BBC Four affiche simplement un message expliquant avoir suspendu sa diffusion. La finale de Masterchef a aussi été annulée, au désespoir des amateurs de ce concours culinaire à succès. 

Réaction désuète? En décalage?

Tous les journalistes de la chaîne passent à l'antenne vêtus de noir. Ces hommages suivent des procédures mises en place de très longue date pour les décès de membres de la famille royale, à une époque où le nombre de chaîne était bien plus limité qu'aujourd'hui. Ils semblent à certains soit désuets, soit en décalage avec la réalité d'une époque où les téléspectateurs sont habitués à avoir le choix, surtout avec les plateformes numériques.

L'omniprésence de ces programmes sur toutes les antennes n'a donc pas été du goût de tous les téléspectateurs, qui l'ont fait savoir. La BBC a même mis en place un formulaire spécial sur son site internet destiné à enregistrer ces plaintes.

"Nous recevons des plaintes concernant une couverture télévisée excessive de la mort de Son Altesse Royale le prince Philip, duc d'Édimbourg. Veuillez entrer votre adresse e-mail ci-dessous pour enregistrer une plainte à ce sujet - nous vous enverrons ensuite la réponse de la BBC dès qu'elle sera disponible" y indique le groupe audiovisuel public.

2 chaînes de la BBC diffusent le même programme

Simon McCoy, un ancien présentateur de la BBC, a questionné la pertinence de diffuser vendredi un programme identique sur différentes chaînes. "BBC1 et BBC2 diffusent la même chose. Et probablement la chaîne d'informations aussi. Pourquoi? Je sais que c'est un événement énorme. Mais le public mérite sûrement un choix dans les programmes?" a-t-il tweeté.

"S'ils avaient fait le contraire, d'autres gens les auraient critiqués", relève Jean Seaton, professeure en histoire des médias à l'Université de Westminster, interrogée par l'AFP. "La BBC nous a fait réfléchir sur quelque chose qui est un moment véritablement important dans la vie de la nation".

La chaîne publique Channel 4, a de son côté également essuyé des critiques, mais pour avoir largement suivi sa grille de programme, à l'exception de quelques documentaires sur le duc d'Edimbourg. Auprès du quotidien The Mirror, Channel 4 s'est défendu, expliquant que c'était son "devoir d'offrir une alternative aux autres (chaînes)".

"Un lien particulier entre la BBC et les institutions britanniques"


Jean Seaton souligne le "lien particulier entre la BBC et les institutions britanniques". "La BBC est une institution nationale britannique, elle partage certaines caractéristiques avec la monarchie dans un sens, elle a un devoir envers le public britannique, ce qui ne signifie pas qu'elle doit donner à tous ce qu'ils veulent tout le temps, mais elle a le devoir à la fois de représenter et de servir le public britannique", fait remarquer Mme Seaton.

La BBC vit en ce moment une période critique, cherchant à réaliser des centaines de millions de livres d'économies tout en se modernisant.

BBC face à Netflix 

Attaquée à droite comme à gauche pour sa couverture dans le contexte électrique du Brexit, le groupe public a aussi pour défi de s'adapter aux nouvelles habitudes du public et au succès des plateformes payantes comme Netflix.

Son patron, Tim Davie a prévenu en septembre 2020 qu'il n'hésiterait pas à sévir, jusqu'à un éventuel licenciement, contre les employés du groupe audiovisuel public britannique manquant d'impartialité sur Twitter. Il s'est aussi engagé à favoriser la diversité au sein du groupe audiovisuel public.


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