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Hier, en fin d'après-midi, au beau milieu de la première séance d'essais libres du GP d'Arabie Saoudite, un message radio de Max Verstappen sème le trouble. Le Néerlandais annonce qu'il sent une odeur de brûlé et demande à son équipe de vérifier. L'odeur ne provient pas du circuit, mais bien d'une usine pétrolière installée à une dizaine de kilomètres du tracé de Jeddah.
Un site qui vient d'être frappé par un missile envoyé par un groupe de rebelles yéménites. La confirmation officielle survient quelques heures plus tard. Les deuxièmes essais libres sont retardés de 15 minutes, après une réunion express entre les organisateurs, les teams et les pilotes. La F1 annonce alors fièrement que le GP sera maintenu malgré le contexte.
À peine les essais terminés, les pilotes se sont réunis. Pour faire vivre une longue soirée aux pouvoirs organisateurs.
Un plateau divisé
Les pilotes se sont réunis pour discuter de la décision prise et pour se mettre d'accord sur la suite du weekend. En jeu, il y avait le maintien du GP, purement et simplement. Le plateau s'est divisé, entre ceux qui souhaitaient des garanties tangibles sur la sécurité, ceux qui s'opposaient au maintien de la course et ceux qui voulaient absolument courir.
Confiants, les Team Managers sont rapidement redescendus de leur nuage. Ils ont à plusieurs reprises été rappelés dans la salle pour entendre l'inquiétude de leurs pilotes. Ces derniers ont aussi fait part de leurs doutes à la direction et aux organisateurs, tant de l'événement que de la discipline. Une séance qui a duré pas moins de 4h30, avec des pilotes qui se sont séparés vers 2h20 heure locale.
Partir serait un risque
George Russel, seul président du Grand Prix Driver Association (association des pilotes) en l'absence de Vettel, s'est ensuite rendu à la direction de course rendre le verdict des pilotes. Cela n'a duré que deux minutes. Tout le monde a alors quitté le paddock, certains le visage très fermé. Il se dessine une fracture entre pilotes et responsables, qui craignaient notamment la difficulté de quitter le pays si la course était annulée. Une menace issue du gouvernement.
"C'est peut-être dur à comprendre si vous n'avez jamais piloté une F1 sur le circuit rapide et difficile de Jeddah, mais voir la fumée causée par l'incident rendait difficile de demeurer un pilote de course pleinement concentré et d'effacer les inquiétudes humaines naturelles", déclarent les pilotes dans leur réaction publiée via leur syndicat, la GPDA. "Une grande variété d'opinions ont été partagées et débattues et, après avoir entendu les responsables de la F1 mais aussi le gouvernement saoudien nous expliquer comment les mesures de sécurité ont été élevées au maximum, le résultat a été la résolution de participer aux essais et aux qualifications aujourd'hui et à la course demain", ajoutent-ils.
"Nous espérons donc qu'on se souvienne du GP d'Arabie saoudite 2022 comme d'une belle course plutôt que de l'incident qui s'est produit hier (vendredi)", concluent les pilotes. Cette nuit aura bien un caractère historique pour la F1.