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Coup dur pour l'athlétisme français: à moins de dix jours du marathon de Paris, la vice-championne d'Europe de la distance, Clémence Calvin, risque une lourde suspension pour soustraction à un contrôle antidopage après un incident au Maroc qui implique aussi son compagnon et coureur de fond Samir Dahmani.
Figure de proue du fond tricolore, la licenciée de Martigues, 28 ans, n'est plus certaine de s'aligner au départ des 42,195 km, le 14 avril sur les Champs-Elysées, où elle espère réaliser les minima pour se qualifier aux JO de Tokyo-2020.
Clémence Calvin est sous la menace d'une procédure de l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) pour s'être soustraite à un contrôle inopiné mené par les préleveurs français, le 27 mars, au Maroc où elle s'entraînait, ont rapporté à l'AFP des sources concordantes, confirmant une information du Monde.
A ce stade, l'avocat de l'athlète, Me Arnaud Péricard, a indiqué n'avoir reçu "aucune notification de l'AFLD, ni sa cliente". "Je ne sais pas de quoi on parle. Je ne sais pas si contrôle il y a eu. Et dans quel contexte ou dans quel cadre réglementaire s'est effectué ce contrôle allégué (...) A mon avis, il n'y a rien", a-t-il affirmé jeudi à l'AFP. Son compagnon, le coureur de demi-fond Samir Dahmani, avec lequel Clémence Calvin s'entraîne, et qui se trouvait avec elle lors du contrôle, n'a pas répondu.
D'après une source proche du dossier, Dahmani est aussi dans le collimateur de l'AFLD, pour s'être interposé entre les préleveurs et Clémence Calvin quand celle-ci a pris la fuite pour éviter le contrôle. Le couple s'entraînait à Ifrane, une station d'altitude prisée des athlètes et dont le nom a déjà été associé à des affaires de dopage dans le passé.
- "Falsification" -
Contacté par l'AFP, le président de la FFA, André Giraud, n'a pas souhaité faire de commentaires, expliquant que sa fédération n'avait reçu aucune notification de l'AFLD.
Dans un communiqué, la FFA a affirmé "son engagement total dans la lutte contre le dopage", tout en rappelant le principe de présomption d'innocence et en regrettant la publication "d'informations qui, si elles étaient avérées, auraient dû demeurer confidentielles". Depuis une réforme entrée en vigueur le 1er mars, les fédérations sportives ne sont plus compétentes en matière disciplinaire pour le dopage, les dossiers passant directement devant une commission des sanctions de l'AFLD.
Selon le code mondial antidopage, une soustraction à un contrôle antidopage est passible d'une suspension de 4 ans. Le code prévoit le même tarif pour "le fait de volontairement perturber ou tenter de perturber dans son travail un agent de contrôle du dopage", ce qui est défini comme une "falsification".
Si l'AFLD ouvre une procédure, sa présidente, Dominique Laurent, peut également l'assortir d'une suspension provisoire. Dans ce cas, Clémence Calvin pourrait se tourner vers le tribunal administratif pour la contester. Mais sa participation au marathon de Paris n'est plus assurée.
- Athlète de l'année 2018 -
L'affaire est un coup dur pour l'athlétisme français. D'abord spécialiste du demi-fond, la vice-championne d'Europe du 10.000 m à Zurich en 2014 s'était reconvertie dans des épreuves sur route. Après une pause pour la naissance de son premier enfant, elle était revenue très fort, terminant deuxième (2h 26:28) pour son premier marathon aux Championnats d'Europe de Berlin en 2018, à six secondes de la Bélarusse Volha Mazuronak.
Elue athlète de l'année 2018 par la FFA avec Kevin Mayer, Clémence Calvin avait terminé à la 3e place du dernier semi-marathon de Paris, le 10 mars. Ce jour-là, elle avait battu le record de France du 5km en 16 min 24 sec, mais la performance n'avait pas été homologuée, faute de contrôle antidopage à l'issue de l'épreuve. Clémence Calvin s'en était justifié sur son compte Facebook, le 22 mars, "pour calmer la polémique". Elle avait affirmé que les contrôles n'étaient pas possibles le jour même et qu'elle était débordée les jours suivants, alors que l'enjeu n'était pas primordial pour elle.