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"Gestionnaire des grillades", exemplaire dans l'attitude et "papa" du groupe: le colossal deuxième ou troisième ligne Iosefa Tekori est indispensable au Stade Toulousain, dont il sera l'une des pierres angulaires dimanche en demi-finale de Coupe d'Europe face au Leinster.
Si "Joe" (1,98 m, 130 kg), repositionné en troisième ligne afin de laisser la place à plus grand que lui (Richie Gray, 2,06 m et Richie Arnold, 2,08 m) en deuxième ligne, ne sera pas capitaine dimanche à Dublin, son "rôle de leader, de combattant toujours déterminé", dixit l'arrière Thomas Ramos, "sera essentiel".
D'où l'inquiétude des Toulousains en milieu de semaine quand la menace d'une suspension s'est précisée après son plaquage dangereux sur le talonneur Yohan Beheregaray dimanche contre Clermont (47-44).
Pour ce geste, l'international samoan (35 ans, 37 sélections) avait reçu un carton jaune et devait comparaître le 24 avril devant la commission de discipline de la Ligue. Mais l'organisateur de la Coupe d'Europe a rappelé que les joueurs cités étaient suspendus provisoirement, poussant Tekori à être reçu en urgence, afin d'avoir une chance de pouvoir disputer cette première demi-finale continentale du club depuis 2011.
Tekori a échappé à la sanction, au grand dam de Beheregaray et au soulagement de ses coéquipiers, qui louent sa générosité, sa gentillesse mais surtout son attitude au travail.
- "Pion essentiel" -
"C'est un pion essentiel. Joe dicte souvent l'état d'esprit de l'équipe. C'est quelqu'un de très écouté et nous aussi (le staff) l'écoutons beaucoup. Il a toujours le même enthousiasme. Il m'épate!", admire le co-entraîneur principal Régis Sonnes.
L'entraîneur des avants, William Servat, souligne le comportement irréprochable du taulier, qui "refuse les jours de repos" et vient "encourager ses camarades" ou assister aux analyses vidéo alors qu'il en est dispensé.
"Joe, c'est quelqu'un qui donne tout pour son club", résume Servat. Récemment, le Samoan, après un aller-retour express pour assister aux funérailles de sa mère, avait tenu à participer à l'échauffement de l'équipe alors qu'il ne jouait pas.
Exemplaire dans la vie de groupe, Tekori l'est aussi sur le terrain, où il apporte beaucoup par sa puissance mais aussi ses qualités balle en main: c'est l'un des meilleurs passeurs après contact du championnat de France.
Ajoutez des qualités humaines qui font l'unanimité et vous vous rapprocherez du coéquipier parfait. "Il est bienveillant avec tout le monde. On sait tous que l'on peut compter sur lui", assure le troisième ligne Alban Placines.
"C'est un +Monsieur+ (sourire). Tout le monde l'écoute. Et puis cette présence, c'est quelque chose. Il organise les repas, s'occupe de tout après les matches", renchérit le pilier Rodrigue Neti.
- "Ses mots sont importants" -
A Toulouse depuis 2013, Tekori en est devenu un leader complet qui sait donner de la voix. "On se sert de son expérience, on écoute ses conseils", témoigne l'ailier Lucas Tauzin. "Il parle beaucoup en match pour nous donner des directives sur le jeu. Dans le vestiaire ou sur le terrain, ses mots sont importants."
Pour le talonneur Peato Mauveka, "c'est comme un papa dans l'équipe. C'est bien d'avoir un ancien à côté de nous pour nous guider."
Cet état d'esprit remarquable, Joe Tekori l'a toujours eu. Dès son arrivée en France, à Castres en 2007, Alain Gaillard, alors entraîneur du CO, avait vu un jeune "colosse très doué, habile avec ses mains" mais aussi un garçon "au super état d'esprit".
A tel point que l'ancien technicien regrette que le Samoan, qui n'a remporté qu'un seul titre de champion de France, en 2013 avec Castres, n'ait pas eu "une carrière encore plus accomplie". La fin de saison du Stade est l'occasion de combler ce vide.