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Cris de singe lors de Russie-France: procédure disciplinaire ouverte contre la Fédération russe

"Une procédure disciplinaire a été ouverte contre la Fédération russe de football" à la suite de cris de singe entendus lors du match amical Russie-France fin mars, a annoncé mardi à l'AFP un porte-parole de la Fifa. Une nouvelle qui tombe mal à moins de deux mois du Mondial en Russie (14 juin-15 juillet).

"Nous n'avons pas d'autre commentaire à ce stade", a indiqué cette source à l'AFP.

Durant le match amical Russie-France (1-3) joué le 27 mars à Saint-Pétersbourg, plusieurs photographes, dont un de l'AFP, ont entendu des cris racistes visant l'attaquant français Ousmane Dembélé.

Des téléspectateurs en ont également signalé au moment où son compatriote Paul Pogba touchait le ballon à la 73e minute. Les onomatopées caractéristiques ont en effet été parfaitement audibles, l'espace d'un instant, lors de la retransmission de la rencontre par TF1.

"Nous avons lancé nos propres enquêtes le lendemain du match (...) pour comprendre ce qui s'est passé", a indiqué mardi le responsable anti-discrimination de la fédération russe (RFU) Alexander Baranov. Et d'ajouter: "Nous sommes en contact avec la Fifa, nous sommes disposés à leur envoyer ce que nous trouverons, il n'y a pas de problème".

- Embarassant -

Interrogée dans la foulée du match, la Fifa expliquait qu'elle attendait notamment le rapport d'un observateur de l'organisation Fare, une ONG qui lutte contre les discriminations dans le foot, présent au stade ce soir-là, pour apporter davantage de commentaires.

"Ce qui nous inquiète, c'est que ça ait lieu à deux mois et demi de la Coupe du monde, dans un stade qui va accueillir une demi-finale", avait expliqué à l'AFP le directeur de Fare, Piara Powar.

Les services de la RFU avaient indiqué au départ n'avoir "rien entendu ou enregistré de ce type", selon son responsable du département sécurité Alexeï Tolkatchiov, interrogé par Sport Express fin mars.

Mais "si cette information est confirmée, nous allons bien sûr étudier la vidéo et tout ce qui s'est passé autour du match, et donnerons notre évaluation ensuite", avait ajouté un autre responsable. Car l'affaire est embarrassante pour la Fédération russe qui a fait des efforts pour endiguer le phénomène dans la perspective de la Coupe du Monde.

L'ex-international français Lilian Thuram avait estimé auprès de l'AFP que la "réelle volonté de la Fifa" de résoudre le problème du racisme se vérifierait "par un arrêt de match".

- "Est-ce que l'arbitre va arrêter le match?" -

"Le plus important, c'est de remercier les photographes et les téléspectateurs qui ont dénoncé ces actes. Mais si cela arrive pendant la Coupe du monde, est-ce que l'arbitre va arrêter le match ? J'ai des gros doutes. La réelle volonté de la Fifa se vérifiera par un arrêt de match", a ainsi dit le champion du monde 1998 et d'Europe 2000, joueur le plus capé de l'équipe de France (142 sélections).

"Y a-t-il une réelle volonté de la Fifa, de la Fédération russe et de la société en général de résoudre ce problème ? Comment expliquer que les choses ne changent pas radicalement ? Depuis combien de temps on parle de racisme dans les stades ? Quand est-ce qu'un arbitre a arrêté un match ou que tous les joueurs sont sortis du terrain quand il y a eu des manifestations de racisme ?", s'est encore interrogé celui qui a créé en 2008 une fondation d'éducation contre le racisme et écrit plusieurs ouvrages sur le sujet.

Une campagne de lutte contre le racisme a été entreprise en Russie depuis les incidents impliquant en 2015 le Brésilien Hulk ou le milieu ghanéen Emmanuel Frimpong --ex-joueur de deux clubs russes--, expulsé pour avoir réagi de manière virulente à des injures racistes.

Mais si les incidents ont diminué, ils n'ont pas disparu, comme en témoignent les cris entendus à Saint-Pétersbourg et un rapport de Fare, qui a enregistré 89 incidents racistes autour des matches de football en Russie durant la saison 2016-2017.

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