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Euro: Ukraine, le facteur "Sheva"

Sa présence sur le banc de l'Ukraine sonne comme une évidence, Andriy Shevchenko a pourtant dû surmonter la défiance née de la déroute à l'Euro-2016 pour conduire la "Zbirna" où elle n'est jamais allée: le deuxième tour du Championnat d'Europe des nations.

Ballon d'Or 2004, ex-vedette du grand AC Milan, et meilleur buteur de l'histoire de l'Ukraine avec 48 réalisations, "Sheva" avait tout pour faire l'unanimité à sa nomination en 2016.

"En Ukraine, c'est une légende vivante, louait au début de l'Euro son attaquant Roman Yaremchuk au journal belge La Dernière Heure. Il faut avoir un énorme respect pour le coach."

Mais c'est une légende égratignée qui est propulsée aux manettes de la sélection jaune et bleue après l'échec fracassant de l'Euro-2016, quitté avec trois défaites dans un groupe accessible - Pologne et Irlande du Nord, en plus de l'Allemagne.

Andriy Shevchenko n'a encore jamais entraîné quand il succède au sélectionneur Mykhaylo Fomenko. Son expérience se limite à un rôle d'adjoint... du même Mykhaylo Fomenko lors de la catastrophe en France.

Ses détracteurs épinglent sa relation privilégiée avec le président la Fédération ukrainienne de football (UAF) Andriy Pavelko - dont la fille est sa filleule selon les médias locaux - autant que son CV limité.

Après sa retraite sportive, Shevchenko avait surtout fait parler pour ses débuts ratés en politique - il n'avait obtenu que 1,7% des voix à des élections parlementaires en 2012. Son quinquennat de sélectionneur se révèle lui une réussite.

- Redressement -

Le huitième de finale de l'Euro mardi à Glasgow contre la Suède n'est que l'aboutissement d'un redressement spectaculaire.

Lors des qualifications pour le tournoi, les "Zhovto-Blakytni" (Jaune et Bleu) avaient déjà terminé invaincus et premiers de leur groupe, en devançant notamment le Portugal battu 2-1 à Kiev.

Après avoir porté les siens sur le terrain jusqu'en quart de finale du Mondial-2006, sous les ordres d'une autre légende ukrainienne Oleg Blokhin, "Sheva" continue d'écrire depuis le banc les plus belles pages de sa jeune sélection, née en 1992.

Son aura de meilleur joueur de l'histoire de la "Zbirna" a infusé chez ses joueurs.

"Cela a été spécial la première fois que je l'ai vu, livre le buteur de La Gantoise Roman Yaremchuk, une des révélations du tournoi. S'entraîner sous les ordres d'un joueur comme lui est quelque chose de fantastique. Cela a toujours été un modèle pour moi quand j'étais plus jeune, d'autant qu'il jouait au même poste que moi."

Deux fois meilleur buteur de Serie A (2000 et 2004), l'ancien buteur rossonero a sifflé la fin du jeu restrictif ayant mené l'Ukraine dans le mur en 2016 - aucun but inscrit à l'Euro.

- "Changer le jeu" -

"Mon premier objectif, c'était de changer le jeu de l'équipe, amener une génération nouvelle qui pourrait jouer un autre football. Et on est en train d'atteindre ce but", observait-il en octobre avant un amical contre la France.

Le match inaugural perdu contre les Pays-Bas (3-2), l'un des plus plaisants du premier tour de l'Euro, donne raison à ce sélectionneur adepte des longues causeries d'avant-match.

"Il parle beaucoup avant les rencontres", a reconnu samedi en conférence de presse l'ailier Andriy Yarmolenko, plutôt à l'aise avec la méthode "Sheva", puisqu'il compte deux buts et une passe décisive après trois matches à l'Euro.

Le joueur de West Ham n'est même plus qu'à six unités du record de son sélectionneur (42 buts contre 48), à nouveau critiqué après la défaite face à l'Autriche (1-0).

L'Ukraine dépendait alors des résultats dans les autres groupes pour se qualifier.

Mais la "Zbirna" n'est pas malheureuse dans l'histoire: pendant que l'Autriche se retrouvait face à l'Italie, elle héritait de la Suède en huitième de finale.

Un adversaire plus abordable et que Shevchenko connaît bien pour avoir signé un doublé contre les "Blagult" à l'Euro-2012. Ses deux derniers buts sur un terrain de football.

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