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Après l'enquête interne du PSG, place aux investigations judiciaires: à la suite des révélations des Football Leaks sur l'existence d'un fichage ethnique au sein du club, le parquet de Paris a ouvert une enquête, notamment pour "discrimination fondée sur l'origine, l'ethnie ou la nationalité".
Confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), cette enquête a été ouverte vendredi, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
Elle vise également les chefs de "traitement de données à caractère personnel sans autorisation", d'"enregistrement ou conservation de données personnelles faisant apparaître directement ou indirectement les origines raciales ou ethniques" et de "collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite".
Tout a démarré le 8 novembre, quand un collectif de médias européens, dont Mediapart et Envoyé Spécial en France, a révélé que de 2013 au printemps 2018, la cellule de recrutement du PSG avait mentionné des critères ethniques dans ses fiches d'évaluation de jeunes joueurs, classés comme "Français", "Maghrébin", "Antillais", "Africain".
Des informations qui ont poussé la Ligue des droits de l'homme (LDH) à porter plainte contre X pour "discrimination" et pour "collecte et traitement de données à caractère personnel faisant apparaître les origines raciales ou ethniques".
De son côté, le club a aussitôt promis de "faire toute la lumière sur le sujet", et remis une semaine plus tard à la ministre des Sports Roxana Maracineanu les conclusions d'une enquête interne conduite par un cabinet d'avocats du 12 octobre au 14 novembre.
- "Pas de cas avéré" -
Pour sa défense, le PSG a assuré qu'il n'y avait "pas eu de cas avéré de discrimination", malgré l'existence d'un fichage ethnique, et annoncé "des mesures visant à renforcer les pratiques éthiques" en son sein.
Garantissant que ces pratiques n'avaient plus cours, le club a par ailleurs plaidé que cela avait été le fruit d'une "initiative personnelle du responsable" de la "cellule de recrutement du centre de formation, dédiée aux territoires hors Ile-de-France". Soit Marc Westerloppe, parti en début d'année civile à Rennes (ouest).
Ce dernier "n'a jamais eu un comportement discriminant dans les fonctions qu'il a occupées au PSG", ont de leur côté assuré mercredi ses avocats Hervé Témime et Corinne Dreyfus-Schmidt.
Toutefois, la défense du PSG a été fragilisée par la révélation par le quotidien L'Equipe jeudi d'un document selon lequel des critères ethniques apparaissent aussi sur des fiches de la cellule Ile-de-France, que ne gérait pas Westerloppe. La classification utilisée sur des fiches d'évaluation de recrues potentielles en région parisienne fait état cette fois-ci de "BC" pour "blanc", "BK" pour "black", "BR" pour "beur", "M" pour "métis" et "AS" pour "asiatique".
A ce nouveau développement, le PSG a répondu que "des fiches au sein de la cellule Ile-de-France, avec d'autres types de signalement d'origine" avaient "également été utilisées, sans conséquence discriminante".
Ce scandale, qui risque de nuire à la réputation du club, s'ajoute à d'autres affaires le visant depuis le début de la saison.
Une semaine plus tôt, le directeur général délégué Jean-Claude Blanc avait déjà dû prendre la parole sur le fair-play financier, ce mécanisme mis en place par l'UEFA qui interdit aux clubs de n'investir plus qu'ils ne gagnent par leur moyen propre, c'est-à-dire sans l'apport financier de leur propriétaire.
Le PSG, ciblé par une enquête de l'UEFA, est accusé de "dopage financier" car certains des contrats qu'il a passés avec des entreprises qatariennes ont été jugés surévalués par rapport aux prix en vigueur. Dans le cadre des "Football Leaks", le club a aussi dû réfuter un "accord secret" avec les pontes de l'UEFA de l'époque, Michel Platini et Gianni Infantino, en 2014, pour aider le PSG à dribbler des règles... mises en place par l'UEFA elle-même.
Enfin, le match de Ligue des champions contre l'Etoile rouge de Belgrade début octobre a donné lieu à deux enquêtes: une, de la justice française sur des soupçons de match truqué par le club serbe, qui dément, et l'autre, conduite par l'UEFA, sur de brefs affrontements entre supporters et forces de l'ordre aux abords du Parc des Princes.