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"Löw doit présenter sa démission". Comme le quotidien populaire Bild, les médias allemands ne retiennent plus leurs coups mercredi, au lendemain du 6-0 historique encaissé par la Mannschaft mardi en Espagne.
Quelques heures après la déroute, la Fédération allemande (DFB) a tenté d'éteindre l'incendie: au cours d'un débriefing à l'aéroport de Munich au retour de Séville, Löw, son adjoint Marcus Sorg et les deux plus hauts dirigeants de la DFB sont convenus de poursuivre ensemble le travail entrepris, selon des informations de l'agence SID, filiale allemande sportive de l'AFP.
La question du départ de Löw, sélectionneur depuis 2006 et vainqueur du Mondial-2014, fait pourtant la Une des pages sportives mercredi.
Elle est inséparable d'une autre: faut-il rappeler les trois champions du monde 2014 Thomas Müller, Jérôme Boateng et Mats Hummels, jeunes trentenaires qu'il a écartés définitivement un an après l'élimination au premier tour du Mondial-2018 en Russie ?
Mardi soir, il fallait être presque centenaire pour se rappeler de la précédente défaite de l'Allemagne par six buts d'écart: en 1931, l'Autriche était venue gagner 6-0 à Berlin en amical.
En compétition officielle, jamais les quadruples champions du monde n'avaient subi une telle humiliation.
Plus encore que le score, c'est la prestation contre la Roja qui a ébranlé l'Allemagne. La façon dont l'équipe a baissé les bras en seconde période, laissant les Espagnols jouer seuls, a furieusement rappelé ces périodes de fin de règne en club, lorsque les joueurs "lâchent" leur entraîneur.
"La +performance+ de l'équipe nationale à Séville était à la fois un refus de travail et un appel à l'aide", estime ainsi l'Express, quotidien de la région de Cologne.
- "Fermer les yeux" -
Nombre de commentateurs estiment qu'un départ du sélectionneur, à sept mois de l'Euro, serait la meilleure option.
"Si les responsables de la Fédération allemande de football (DFB) ne veulent pas continuer à fermer les yeux sur la réalité, ils ne peuvent arriver qu'à une seule conclusion: le 189e match international de l'ère Joachim Löw (60 ans) doit aussi être son dernier", assène ainsi l'Express.
Oliver Bierhoff, directeur de la DFB et supérieur hiérarchique direct du sélectionneur, a pourtant pris sa défense immédiatement, en direct sur la chaîne publique ARD dans les minutes qui ont suivi la défaite: "La confiance est là, complètement, absolument", a-t-il affirmé.
Plusieurs éditorialistes reprochent à Bierhoff et à la DFB leur aveuglement. Pour la Süddeutsche Zeitung, Löw va désormais être en permanence la cible des critiques, qui ne lui pardonneront plus rien.
- "Poing sur la table" -
"On lui reprochera de ne pas avoir convoqué Hummels, Boateng et Müller, et s'il les rappelait, on le lui reprocherait aussi", écrit le journal: "Ses joueurs le sentiront, leur confiance dans ses compétences d'entraîneur s'érodera. Ce sont les phénomènes logiques que Bierhoff et les responsables de la DFB doivent désormais lire et comprendre. Ils ont encore le temps d'agir avant le début de l'Euro".
Sur le plateau d'ARD, Bastian Schweinsteiger, champion du monde 2014 et ancienne idole des supporters de la Mannschaft, était effondré: "Une équipe d'Allemagne n'a pas le droit de jouer comme ça. Il y a certaines valeurs qu'une équipe d'Allemagne a le devoir d'incarner. Et je n'ai pas vu cela sur le terrain", a-t-il dit.
A chaud, il a déploré l'absence de leader pour sonner la révolte (même Kroos ou Gündogan paraissaient résignés), et plaidé pour le retour des trois anciens, qui brillent actuellement avec le Bayern (Müller, Boateng) et Dortmund (Hummels).
"C'est exactement dans ce type de match que l'on a vu qu'il (manquait) des joueurs capables de communiquer, de frapper du poing sur la table", a-t-il lâché.
Löw, droit dans ses bottes, n'avait pas changé d'avis à la fin du match. Interrogé sur le rappel de ses grognards bannis, il a répondu d'une phrase qui a laissé nombre de commentateurs bouche bée: "Je ne vois actuellement aucune raison de le faire".