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La Serie A de retour mi-juin ? Après l'Allemagne et l'Espagne, l'Italie pourrait être le troisième grand pays à relancer son championnat de football, à l'issue d'une réunion jeudi entre le ministre des Sports et les instances dirigeantes du "calcio".
La rencontre décisive est prévue à 18h30, en visioconférence. Par écrans interposés, le président de la fédération Gabriele Gravina et celui de la Ligue Paolo Dal Pino espèreront le feu vert de Vincenzo Spadafora, ministre des Sports.
Mais il n'y a plus réellement de suspense et les observateurs en sont désormais convaincus: Spadafora, qui il y a un mois encore se disait "très dubitatif" sur la possibilité d'un retour sur les terrains de Ronaldo, Lukaku ou Ribéry, va entériner la reprise du championnat, le 13 ou le 20 juin.
Interrompue depuis le 9 mars et un duel entre Brescia et Sassuolo, la Serie A a pourtant longtemps paru proche du coup de sifflet final.
Quand le Premier ministre français Edouard Philippe a annoncé l'arrêt définitif de la Ligue 1, Spadafora avait ainsi parlé de "chemin de plus en plus étroit" pour le championnat italien.
Damiano Tommasi, président du syndicat des joueurs, comparait pour sa part la reprise à "l'ascension du Zoncolan", redoutable sommet des Dolomites qui fait trembler même les meilleurs grimpeurs du peloton.
- "Grande industrie" -
De fait, le chemin était tortueux et plein d'obstacles pour la Serie A, bien plus que pour la Bundesliga allemande, ne serait-ce qu'à cause d'une situation sanitaire différente, l'Italie ayant pris de plein fouet la vague du coronavirus, qui y a fait près de 33.000 morts.
"J'ai dit un +non+ sec, à ceux qui de façon absurde me demandaient quand allait reprendre le championnat alors que nous continuions chaque jour à compter les morts par centaines", a rappelé Spadafora la semaine dernière.
Mais aujourd'hui, chiffres et courbes sont encourageants et l'Italie, restée sévèrement confinée pendant près de deux mois, s'est progressivement remise en route. La perspective de revoir la Juventus et la Lazio Rome se disputer le titre est redevenue acceptable.
"Il est évident que si l'Italie repart, il est impossible que le sport ne reparte pas, et notamment le football, qui est une grande passion pour des millions d'Italiens et une grande industrie de notre pays", a ainsi déclaré Spadafora.
L'argument économique et social a d'ailleurs été depuis le début celui sur lequel ont insisté les partisans de la reprise. Car le foot en Italie pèse lourd. "Si on ne repart pas tout de suite, il y aura des dégâts irréparables. Nous avons déjà perdu 500 millions d'euros. Il faut défendre plus de 100.000 emplois, 1,4 million de licenciés et 4,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires", a rappelé mercredi le président de la Fédération.
Alors, petit à petit et de protocole en protocole, d'abord pour les entraînements individuels, puis pour les séances collectives, le chemin s'est fait un peu plus praticable, un peu moins pentu.
- La Lombardie meurtrie -
Les stars étrangères ayant quitté l'Italie du confinement sont revenues, comme Ronaldo, Higuain ou Ibrahimovic. Les malades de mars, notamment Dybala ou Matuidi, vont mieux et les clubs ont multiplié les tests, qui ont révélé peu de cas positifs, aujourd'hui tous guéris.
Il reste tout de même des écueils et des réticents. Même en cas de feu vert gouvernemental jeudi, le monde du foot devra ainsi boucler le protocole sanitaire applicable à la compétition. Alors qu'un cas suspect a été décelé ce mercredi au sein du staff de Bologne, la question de la durée de la quarantaine en cas de test positif reste ainsi très sensible.
Les "Ultras" de toute l'Italie ont aussi dit qu'ils ne voulaient pas de ce football à huis-clos, de très nombreux supporters jugeant indigne de reprendre le jeu alors que le bilan a été aussi lourd.
L'opposition a été particulièrement forte en Lombardie, région la plus touchée par l'épidémie avec plus de 15.000 morts à elle seule, où évoluent quatre clubs de Serie A (Inter Milan, AC Milan, Atalanta Bergame et Brescia).
Interrogé la semaine dernière par le Guardian, Gian Piero Gasperini, entraîneur de l'Atalanta, ne l'a d'ailleurs pas caché: même à huis-clos, son équipe jouera pour Bergame et ses morts. "Bergame a beaucoup souffert. Le moment est venu pour nous de la faire sourire à nouveau."