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Cet homme a un objectif bien précis avant le coup d'envoi de la Coupe du monde 2018 en Russie, et ça ne concerne pas le football

Auparavant, Alexeï Smertine niait jusqu'à l'existence même du racisme en Russie. Mais l'ancien milieu de terrain de Chelsea et capitaine de la sélection russe est désormais chargé du dossier avant le Mondial-2018.

En 2015, l'ancien footballeur lance à la BBC qu'il n'y a "pas de racisme en Russie, parce que vous savez, ça n'existe pas". Une affirmation qui fait du bruit, alors que plusieurs incidents racistes ont émaillé des matches de la première division russe.

C'est pourtant l'ancien international russe qui a été nommé inspecteur chargé des questions de racisme et de discrimination dans le football, avec pour mission d'éradiquer les incidents visant les joueurs de couleur dans les stades du pays.

Les critiques ont bien sûr fusé lors de sa nomination, certains observateurs y voyant la preuve que les autorités russes ne prenaient pas ce problème au sérieux.

A un an du Mondial et à quelques jours de la Coupe des Confédérations, Smertine semble pourtant avoir quelque peu ajusté son discours, même s'il reste convaincu que le racisme n'aura pas sa place lors de ces grandes messes footballistiques.

"Le fait que le racisme existe partout dans le monde est quelque chose d'évident et ce n'est pas uniquement un problème russe", affirme à l'AFP l'ancien milieu de terrain de 42 ans, qui a gardé la longue chevelure qui le caractérisait sur les terrains européens.

"La Russie est un pays multi-ethnique et multi-confessionnel avec des peuples différents qui y cohabitent depuis des siècles. Je suis convaincu qu'aucun incident lié au racisme n'aura lieu ici", assure-t-il.

"Notre travail est d'éduquer"

Malgré ses déclarations passées, Smertine insiste sur le fait que son parcours à l'étranger et le brassard de capitaine qu'il a longtemps porté avec la sélection russe font de lui le candidat idéal pour la mission qui l'attend.

Il a remporté en 2005 le championnat d'Angleterre avec Chelsea aux côtés de vedettes telles que l'Ivoirien Didier Drogba et joué pour des clubs comme Fulham et Bordeaux. Entre 1996 et 2006, il a été sélectionné 55 fois avec la Russie.

"L'expérience acquise dans ces équipes internationales et multi-ethniques a eu un impact très positif sur moi", affirme-t-il.

Il reste pourtant plus que vague sur la stratégie qu'il compte mettre en oeuvre pour combattre le racisme dans les stades russes, au-delà d'un évident travail de prévention auprès des spectateurs.

"Notre travail est d'éduquer les supporters. Les jeunes sont notre public-cible principal et nous espérons élever une génération qui aura un réel amour et respect du jeu", poursuit l'ancien international né à Barnaoul (Sibérie) qui, après sa carrière de joueur, a été un député local dans la région de l'Altaï.

"C'est une honte"

Si les incidents ont été moins nombreux au cours des dernières saisons, le football russe a été terni pendant la décennie 2000 et au début des années 2010 par des incidents racistes répétés visant les joueurs étrangers. Les responsables sportifs et les arbitres ont souvent été accusés de minimiser le problème.

"C'est une honte", avait fini par commenter en 2015 l'attaquant brésilien Hulk, alors la plus grande star jouant en Russie, après un nouvel incident visant le milieu de terrain ghanéen Emmanuel Frimpong. Celui-ci avait été expulsé après avoir réagi avec virulence à des injures racistes, lors d'une rencontre de championnat.

L'autre défi de la Russie durant le Mondial est apparu après les violents affrontements entre des supporters russes et anglais pendant l'Euro-2016 à Marseille.

Alexeï Smertine assure toutefois que ces craintes sont infondées, donnant pour exemple le match d'Europa League entre Rostov et Manchester United, en mars, qui s'était déroulé sans aucun incident.

"Les médias britanniques avaient averti les supporters de Manchester United qu'ils devaient se méfier des Russes et rester vigilants. Mais à Rostov, les locaux ont apporté des couvertures pour protéger les visiteurs du froid pendant le match", souligne-t-il.

"La plupart des amateurs de football respectent les autres clubs et leurs supporters. Mais une petite minorité de fans choisissent une méthode tellement erronée pour s'exprimer que cela gâche les aspects positifs du jeu", conclut l'ancien milieu de terrain.

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