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Mondial 2018: Hugo Lloris, véritable porte-bonheur de Didier Deschamps et de la France

Les bonds félins de Hugo Lloris en font le porte-bonheur de Didier Deschamps: le gardien de l'équipe de France est à son apogée au moment où il peut devenir le deuxième capitaine des Bleus à soulever la Coupe du monde, dimanche.

Il y avait eu une joyeuse bataille d'extincteurs entre joueurs dans leur hôtel d'Istra, épisode cocasse dans la foulée du match d'anthologie contre l'Argentine (4-3) en 8es qui avait rameuté les pompiers, mais sans conséquence. Lloris, lui, joue les extincteurs à chaque match.

Il éteint les rares occasions nettes adverses. Face à la Belgique mardi en demi-finale (1-0), il a détourné une frappe en pivot de Toby Alderweireld qui filait vers le côté droit de sa cage.

"Lloris fait toujours les arrêts qu'il faut, encore mardi, et l'autre jour contre l'Uruguay encore plus exceptionnel", confie à l'AFP Alain Giresse, ancien joueur et consultant pour Radio France. Car le portier est coutumier du fait en Russie.

Australie (2-1): il sort un coup-franc des Socceroos prolongé par Corentin Tolisso, qui se dirigeait près de son poteau. Il encaisse par ailleurs un penalty.

Pérou (1-0): il fête sa centième cape en remportant son face-à-face avec Paolo Guerrero.

Joue-la comme Banks 

Danemark (0-0): il laisse sa place à sa doublure Steve Mandanda, qui dispute là son premier match de phase finale. "J'en ai parlé avec Hugo", qui était "moins demandeur" pour enchaîner le troisième match de poules comme en 2014 et 2016, révèle Deschamps après la rencontre.

Argentine (4-3 en 8e de finale): ça se complique. Il ne peut rien sur le premier but encaissé, un tir puissant d'Angel Di Mari, et pas grand-chose sur le deuxième, une frappe incidemment déviée. Peut-être moins innocent sur le troisième, même si ce sont surtout les défenseurs français qui ont laissé Sergio Agüero négocier le ballon de la tête. Trois buts passés par pertes et profits dans la féerie de Kazan.

Uruguay (2-0 en quart): son chef-d'oeuvre. Une détente horizontale pour sortir une tête de Martin Caceres juste avant la mi-temps, au ras du poteau. Assurément un des moments mémorables du parcours bleu, à l'égal de la chevauchée folle de Kylian Mbappé ou la "patate tatare" de Benjamin Pavard exécutées contre l'Argentine.

"Ce n'est pas un arrêt, c'est presque un but", s'est exclamé Deschamps. Comme un clin d'oeil à la fameuse formule de Pelé commentant le sauvetage du gardien Gordon Banks sur sa tentative de la tête lors de Brésil-Angleterre au Mondial-1970: "J'ai marqué un but mais Banks l'a arrêté".

Il sait aussi éteindre le feu dans sa surface en boxant des poings tel ballon qui cafouille. Mais Lloris joue également les extincteurs après chaque victoire: il exige invariablement de "ne pas s'enflammer"; variante, utilisée mardi soir: "Il ne faut pas céder à l'euphorie".

Une boulette digérée 

Et il a aussi étouffé les critiques, qui étaient lancinantes avant le tournoi. Nées surtout de sa "boulette suédoise" en juin, occasionnant une défaite 2-1 à Stockholm, et dont le souvenir restait vivace au long du bon parcours de la Suède, éliminée en quarts du Mondial-2018. Critiques ravivées pendant la préparation, sévères sur le but encaissé contre l'Italie (3-1), mais justifiées quand il bouche mal son angle face aux Etats-Unis (1-1).

Mais le légendaire Fabien Barthez avait vu juste, le 11 juin sur RMC: "On connaît ses qualités, sa force mentale. Il n'a qu'une chose à faire, se mettre dans sa bulle et se fermer complètement de tous ces +on dit+. J'ai une totale confiance en Hugo. Il connaît les grands événements."

A 31 ans, Lloris étrennera sa 104e sélection dimanche, loin devant les 87 de Barthez, et une de plus que Deschamps, dont il avait déjà battu le record de capitanats (80e dimanche contre 54). Le Niçois de Tottenham a d'ailleurs quelque chose de 1998 en lui, puisqu'il a côtoyé en équipe nationale le dernier rescapé des champions du monde, Thierry Henry, de 2008 à 2010.

Il a tout connu, la pire page de l'histoire des Bleus (Mondial-2010) comme l'épopée de l'Euro-2016, où il avait écoeuré les Allemands champions du monde en demi-finale (2-0). Et trois sélectionneurs, après Raymond Domenech qui l'a installé dans les cages à partir d'août 2009 et Laurent Blanc qui lui a confié le brassard, faute de mieux: c'était le seul titulaire incontournable sur les décombres de Knysna.

Le capitaine a appris son rôle, s'est imposé, à sa manière. Il s'agit désormais de relever le gant d'une finale de Mondial... en soulevant le trophée.

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