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France: Paul Pogba, l'éternel débat

Les matches se suivent, la question reste: Pogba va-t-il être un jour à la hauteur avec les Bleus? Sa prestation encore inégale face à la Bulgarie (4-1) vendredi a relancé le débat autour du joueur le plus cher du monde, et même Didier Deschamps semble perdre quelque peu patience.

D'habitude, le sélectionneur prend bien soin de ne jamais secouer un de ses cadres en public, préférant laver son linge sale en famille. Cette fois, il n'a pas pu s'empêcher de tacler gentiment le milieu de Manchester United après une nouvelle sortie indigne de son talent et de son statut. Comme souvent avec Deschamps, la critique reste contenue et jamais abrupte mais le message a eu le mérite de la clarté.

"Il a alterné le bon et le moins bon. Il peut et il doit mieux faire", a lâché le technicien français, qui avait lancé "La Pioche" en équipe de France à tout juste 20 ans en 2013. Un petit tournant dans le discours de Deschamps.

Le cas Pogba est devenu une sorte de marronnier des conférences de presse d'après-match, tant ses performances cristallisent l'attention et suscitent trop souvent l'incompréhension. Jusqu'ici le sélectionneur parvenait avec dextérité à éluder les questions autour du néo-Mancunien. Cette fois, l'incapacité du milieu de terrain français à rayonner contre de très faibles Bulgares a sensiblement modifié la donne, obligeant Deschamps à le secouer.

Ombres et lumières

De quoi ramener trois mois en arrière et à cet Euro traversé entre ombres et lumières. Elu meilleur jeune du Mondial-2014, le natif de Lagny-sur-Marne (23 ans, 41 sélections, 6 buts) était particulièrement attendu et était censé prendre le leadership technique des Tricolores. Lui-même n'avait pas hésité à déclarer haut et fort qu'il ambitionnait de devenir "une légende".

Las, Pogba n'avait pas assez pesé sur le jeu français, multipliant les gestes superflus, se faisant surtout remarquer par un bras d'honneur à la fin de France-Albanie (2-0) au 1er tour et laissant le beau rôle à Antoine Griezmann.

A l'époque, Deschamps avait savamment protégé sa pépite, seul joueur de son calibre à être dispensé de s'exprimer devant les médias. Son indulgence semble avoir cessé.

Le patron des Bleus a tout de même reconnu vendredi que le schéma tactique actuel de son équipe (un 4-2-3-1) ne permettait pas forcément à Pogba de s'épanouir totalement. Cantonné à un rôle de milieu défensif, l'ex-joueur de la Juventus Turin pèse forcément moins sur le jeu et semble bridé dans son expression et sa créativité.

Circonstance atténuante

"Il n'évoluait pas dans le registre qui le met le plus en valeur, il était dans un rôle de protection de la charnière centrale", a expliqué Deschamps.

Griezmann a lui aussi voulu sauver le soldat Pogba: "Paul a besoin d'un peu d'affection de la part des journalistes. A chaque match on est un peu trop sur son dos. Nous, on attend juste qu'il fasse jouer l'équipe et qu'il soit la plaque tournante. Pas qu'il marque des buts de 50 mètres."

Autre circonstance atténuante: sa jeunesse. Pogba n'a que 23 ans et il semble logique que le costume de patron soit encore un peu trop grand pour lui.

Le prix astronomique de son transfert (105 millions d'euros de la Juve à ManU, un record) ne fait rien pour apaiser le climat et lui a même ajouté une pression supplémentaire. Son début de saison à Manchester est d'ailleurs loin d'être à la hauteur de l'investissement consenti par les Red Devils.

Vendredi après la victoire contre la Bulgarie, Pogba a refusé de répondre aux questions, expliquant qu'il ne "parl(ait) que sur le terrain". Une réponse en bonne et due forme est donc exigée dès lundi pour le choc du groupe A aux Pays-Bas. Histoire d'éteindre pour un temps ce débat lancinant.

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