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Édito: il fallait bien se mouiller la nuque

Les Diables Rouges, nouvelle génération, ont réussi leur entrée en matière, c'est le moins que l'on puisse dire. Par contre, on aurait pu nous prévenir: passer de ce qu'on a vu au Qatar à la performance d'hier, c'est un coup à frôler l'hydrocution. Il fallait bien se mouiller la nuque avant de regarder ce chef d'œuvre sorti contre l'Allemagne (oui, parfois, je m'emballe, mais laissez-moi profiter s'il vous plaît).

Cette première demi-heure était l'une des plus folles que j'ai connues avec cette équipe nationale. Un petit air de Brésil 2018, l'enjeu en moins. Notre milieu de terrain était une forteresse imprenable, avec un Amadou Onana décidé à tamponner son nom sur chaque ballon joué, quitte à y laisser une petite biscotte en chemin. Fellaini serait fier de son fils spirituel. Orel Mangala, l'air de ne pas y toucher, a sorti son costume trois pièces et distribué des cartes de visite à tout le monde. S'il me vendait quelque chose, hier, à 21h15, je lui aurais déjà acheté le stock et le bâtiment qui héberge sa marchandise. Quitte à m'endetter sur 50 ans.

Kevin De Bruyne, lui, a fait honneur à son brassard. Le vieux briscard, malin comme peu de joueurs le sont, a montré aux Allemands qu'il pouvait briller sur les pelouses de la nation même sans jouer à Wolfsburg. Il a traumatisé l'adversaire, a retrouvé son aura. Il s'est rappelé au bon souvenir de tous. C'est un ovni, ses passes, sa vision, ses sorties de balle. Il mériterait une exposition au Louvre, le plus grand roux de l'histoire du football. Son assist, en football amateur, créerait une émeute en tribune. La masterclass, la vraie. 

Et puis ces jeunes aux dents longues, c'est un régal. Je me suis revu en 2013, lors des qualifications à la Coupe du Monde. On se disait "tiens, ce petit Lukaku là, quel buffle ! Il va devenir bon". Et boom, doublé contre la Croatie, direction le Brésil. Vous aussi, vous les sentez les frissons du souvenir ? On se disait aussi que Witsel avait l'air solide et que le petit Eden Hazard avait du feu dans les jambes, assez pour créer des incendies dans les défenses du monde entier. Cette semaine, j'ai revu des enfants heureux de jouer au foot, avec quelques ténors bien établis pour les guider. J'ai profité, j'ai hurlé, je me suis pincé comme quand De Bruyne faisait 2-0 contre le Brésil. J'ai juste profité, en fait. C'est simple, le foot. Même si on a souffert par la suite, histoire de ne pas s'envoler inutilement dans les airs et de craindre un atterrissage violent. Merci l'Allemagne.

On s'est régalés. Après la purge du Mondial, on peut bien profiter, même si ce n'était qu'un amical. Le petit Theate, à la chevelure longue, le touffu Wout Faes, au nom aussi béni que celui de Van Aert. Ce Lukebakio sorti du chapeau de Tedesco qui s'est installé un triplex dans le cerveau de Wolf en une action. Carrasco qui a rappelé qu'en tant qu'ailier, cela ne servait à rien le défier. N'oublions pas ce diable de Bakayoko, qui a su montrer à deux Suédois à quoi ressemblait la gravité terrestre. Et dire qu'il nous reste encore quelques solides talents en stock. 

Et puis il y a Domenico Tedesco. Impossible de le juger, négativement ou positivement, sur deux rencontres, évidemment. On découvre un personnage, une approche. J'ai aimé son franc-parler. Il a sans doute envoyé Witsel à la retraite et renvoyé Batshuayi à sa penderie Bob l'Éponge, du moins temporairement, pour tenter d'insuffler du nouveau. Il ne jette pas le passé, il le dépoussière. C'est bien, c'est prometteur.

Aujourd'hui, je me remets à rêver. La Génération Dorée a peut-être généré un héritage royal, qu'on verra évoluer calmement, posément, loin des fastes et des paillettes. Nous ne serons sans doute pas les mieux armés, les plus sexy. C'est très bien, ça me va, parce que ce que j'ai vu, c'est une équipe. Cela demande confirmation, mais s'enflammer, même pour le plaisir, parfois, ça fait du bien.

Maintenant, je suis prêt pour le grand plongeon. On y retourne quand ? 

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