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Lucerne, terre fertile à l'humilité pour les Diables Rouges

La Suisse est déjà derrière nous. Devant nous se cache un avenir à dessiner avec prudence, respect et humilité. Autant de valeurs que les Diables ont oublié de porter dans une soirée qui, pourtant, ne pourra pas nous empêcher de rêver.

La Belgique s'est inclinée, c'est un fait. Pire, hier soir face à la Suisse, la Belgique a sombré. Comme elle l'a rarement fait. Un naufrage complet que cette génération devra assumer comme elle avait eu à assumer l'élimination contre le Pays de Galles à l'Euro 2016. Une humiliation, une déception mais surtout un rappel: celui de la nécessité de rester humble.

C'est de cela que nous devons parler aujourd'hui. Parce que ce n'est pas la première fois que cela arrive et que l'urgence est évidente. Les Diables Rouges sont beaux, c'est vrai. Ils savent offrir du bon football, jouer le jeu dont on s'est tant vanté à la Coupe du Monde, s'attirant les railleries de nos voisins, fiers d'un titre que l'on qualifiait ici de moche. Parfois. Mais ces mêmes Diables Rouges ont un pêché qui serait mignon s'il n'était pas récurrent: celui de se surestimer.

L'idée même d'affronter la Suisse n'était pas effrayante pour cette équipe, qui a abordé le match avec sérieux. 17 minutes, 0-2. L'équipe est prête à assurer, mais au lieu de maîtriser et de contrôler, elle se met à couler. C'est là qu'une grande équipe devait se révéler. Le Japon, il y a de cela quatre mois, nous -a-t-il à ce point rendu prétentieux ? Pensions-nous vraiment avoir trouvé un code d'invincibilité ? Ou sommes-nous moins forts que nous le prétendions ?


D'une déception à un espoir

Que le public et la presse se targuent de voir évoluer une grande équipe et se pensent au-dessus de la mêlée est concevable. Que le groupe tombe dans le panneau est par contre nettement plus dérangeant, voire inquiétant. En Suisse, la Belgique s'est découvert son vrai problème, celui du réveil, du sursaut d'un orgueil qu'elle avait peut-être placé plus haut que ses bonnes intentions. 

Parler de la Belgique est une chose, mais comme un appel à l'humilité ne peut-être efficace que s'il est appliqué, commençons dés maintenant en félicitant nos adversaires. La Suisse a été meilleure que la Belgique. Elle mérite cette qualification et nous devons le reconnaître. Bravo pour ce courage, cette envie, cette motivation et ce football. Et merci pour le rappel à l'ordre. 


N'oublions pas la liesse de la Coupe du Monde.

Cette défaite fait mal et pique notre moral. Elle perturbe la pensée encrée en nous selon laquelle les Diables Rouges savaient tout faire. Mais elle doit surtout rappeler à ces joueurs que la Belgique n'est, quoi qu'on en dise, pas encore la meilleure équipe du monde. "Cela arrive même aux meilleurs", comme dit l'expression. Alors à vous, chers Diables, de vous montrer à la hauteur de vos prétentions. Pour que, la prochaine fois, nous puissions dire que nous ne sommes pas passés à côté de quelque chose de grand.

Mais cette défaite ne doit pas faire chavirer notre enthousiasme: cette équipe reste celle qui a fait vibrer notre pays pendant l'été, décrochant une médaille de bronze mondiale dont tout le monde rêvait et à laquelle ils se sont accrochés. La progression passe aussi par la déception. Celle-ci est d'une puissance étonnante.

En 2014, les Diables Rouges étaient des enfants. En 2016, ils ont perdu leurs dents de lait. En 2018, ils ont atteint l'adolescence. L'âge adulte sera-t-il atteint en 2020 ? Reste deux ans pour surpasser la puberté et s'affirmer. S'inspirer. Apprendre. Et triompher. Et si, dés maintenant, nous nous remettions à vibrer ? C'est tout ce que j'ose vous demander.

Alexandre Braeckman

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