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Édito: la France, la pizza surgelée de l'Euro 2020

Hier soir, la France a démontré à l'Europe entière qu'elle avait tout d'un champion en puissance. En Belgique, on aime tacler nos voisins. Parce qu'on a un passif et sans doute, aussi, parce que quand on aime, on ne compte pas. Depuis hier, cependant, tous les amoureux du foot en Belgique sont un petit peu en PLS. Comme toute l'Europe, en vérité.

Aaaaaah la France. Ce magnifique pays, aux contrées immenses comparées à ce petit lopin de terre qu'est notre cher pays. Des gens accueillants, qui nous aiment comme un petit frère et qu'on est toujours contents de retrouver. Pour se plaindre quand il fait 45 degrés à l'ombre dans le sud, pour boire une bière dans le nord ou pour s'essayer au tourisme de masse quand on monte sur Paris. En vrai, Belges et Français n'ont rien l'un contre l'autre. Sauf dans le foot, où une pseudo rivalité s'est construite sur base d'un match il y a 3 ans. Elle n'a aucun sens, aucun avenir, mais elle est là.

Une rivalité qui s'est ravivée comme rarement ces derniers jours. Entre des chroniqueurs avides de buzz qui s'en sont pris à un joueur belge auteur d'un propos comme il sait en faire et un match France-Allemagne typiquement Bleu, forcément, il fallait que ça remonte. Sauf qu'on doit tenter d'être objectif. Et si on veut l'être, on doit reconnaître une chose: cette équipe de France est d'une rare folie. Le niveau de cet effectif est presque indécent et frise l'humiliation, tant les adversaires paraissent faibles à côté d'un tel vivier. Hier soir, contre l'Allemagne, ils m'ont une fois de plus impressionné, confirmant sans aucun problème un statut de favori numéro un qu'ils méritent amplement.

En fait, les Bleus, c'est un peu comme une pizza surgelée que t'achètes le midi, parce que ça va vite et que ça fait le boulot, mais que tu critiques devant les autres parce que, quand même, c'est pas incroyable. Tout le monde ne l'assume pas, mais tout le monde sait que ça cale. Esthétiquement, tu peux faire mieux, mais ça marche. Cette équipe, c'est pareil: esthétiquement, dans le jeu, ça pourrait rouler sur n'importe qui. Mais ça démarre fort, jusqu'en sixième à 0-0 pour rester en cruise control une fois le score ouvert. Et ça marche, c'est certain. Ils l'ont fait en 2018, ils le referont en 2021. Ils auraient bien tort de s'en priver ! Personnellement, j'adorerais voir cette ligne offensive de folie enflammer toutes les défenses. Parce que je suis convaincu qu'en jouant à 100% de leurs aptitudes, ces Bleus pourraient écraser leurs adversaires, même en prenant un but par match. Ils le font d'ailleurs très bien contre les équipes qui ouvrent le jeu, on l'a vu en Russie lors du Mondial. Et là, c'est une machine de guerre, c'est fabuleux. Le foot champagne, comme on dit parfois. 

Mais que peut-on donc reprocher à ces Bleus ? De refermer la bouteille de champagne ? Au final, rien du tout, ou presque. Peut-être est-ce frustrant, parfois énervant. Peut-être aussi que cela peut être décourageant. Mais le but dans le football, c'est de gagner. La France l'a parfaitement compris, elle applique ce principe à la lettre. Même si je n'aime pas la manière, cela force le respect. Alors bravo la France, bravo les voisins et bravo à cette équipe, à ce staff, à ce groupe. 

Et même si vous prenez la moindre de nos fiertés pour de la suffisance voire de l'arrogance, sachez qu'on vous aimera quand même. Parce qu'il n'y a jamais plus fort qu'un Belge pour rigoler de lui-même. Dans 10 ans, quand on aura péniblement pris un point au Kazakhstan, je viendrai vous voir. Et on se remémorera le bon vieux temps. On pourra de nouveau se charrier comme ça se fait dans une famille, sans pression, puisque l'on saura que nous n'avons au fond plus les mêmes ambitions.

Chacun savoure à sa hauteur. C'est la beauté du sport. Alors loin des tensions et de cette surenchère permanente, permettez-moi de vous le dire en toute humilité: je vous aime, amis Français !

Alexandre Braeckman

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