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Edito: 4 juin 2002, le jour où Robert Waseige m'a fait aimer l'école

Aussi étrange que cela puisse paraître, mon premier et plus grand souvenir de Robert Waseige a toujours été celui-là. Le jour de l'entrée en lice de la Belgique dans la Coupe du Monde 2002. J'avais 8 ans.

C'était une belle journée d'école, classique, comme peut en vivre un enfant de mon âge, du haut de ses 8 ans. Plein d'innocence, je jouais déjà au foot dans mon petit club de village, à Taviers. Et pour la première fois, en ce mois de juin 2002, j'allais vivre une Coupe du Monde. J'allais voir évoluer mon pays dans le plus grand tournoi de football au monde.

Je savais qui était Robert Waseige. Je savais que c'était lui qui choisissait ceux qui jouaient, parce que je n'avais pas encore la notion du rôle de sélectionneur. Je savais qu'il avait choisi de faire jouer mon joueur favori, un certain Marc Wilmots. Mais je ne connaissais rien des qualités de cet entraîneur, à 8 ans, c'est compliqué, voire impossible.

Le 4 juin 2002, la Belgique affrontait le Japon. Scène incroyable, à 5 minutes du coup d'envoi, toute l'école s'est mise en pause. Les télés ont été installées, avec encore le vieux lecteur de cassettes. Celui-là même qui plantait une fois sur deux quand on devait regarder un film. L'image est apparue. J'ai vécu mon premier frisson en Coupe du Monde dans mon école primaire. De quoi forger un souvenir mémorable.

Je me souviendrai toute ma vie de ce retourné de Wilmots. Pas un seul membre de cette école n'a su se retenir de crier, comme si on venait de remporter le tournoi. J'ai vu Robert Waseige exulter puis pester quand le Japon a égalisé dans la foulée. Finalement, au bout du compte, le résultat m'intéressait bien peu (2-2). Ce que je retiens, c'est l'atmosphère.

Croyez-le ou non, depuis ce jour-là, Robert Waseige est associé à cette émotion. A cette douce euphorie. En grandissant, j'ai appris à connaître le personnage. Un entraîneur de qualité, d'abord, mais surtout un homme intègre, tellement gentil, toujours dans la retenue. Je me souviens de l'avoir entendu défendre le bilan de Wilmots après l'Euro 2016, quand tout le pays en faisant presque l'ennemi public numéro un. Robert Waseige était malin, réfléchi. Il refusait cette hystérie. Même s'il prônait aussi un changement de cap.

Je ne suis né qu'en 1994, je n'ai donc pas connu son fantastique parcours au RFC Liège. Et pourtant, j'ai déjà en moi l'image d'une sorte de grand-père du football belge. Je l'imagine facilement au coin d'un feu raconter à ses enfants l'histoire folle de ce match face au Brésil. Je le vois bien transmettre son savoir et son recul. Et j'ai eu l'occasion de le voir à l'oeuvre plus tard, pas en tant que coach, mais plus dans ce rôle de conseiller. C'était un grand sage, Robert Waseige.

J'avoue avoir mal au coeur en m'imaginant qu'il ne sera plus là pour commenter l'évolution de notre football. Je ne le connaissais pas personnellement, mais Robert Waseige faisait partie de mon patrimoine sportif. Mais il appartient à toute la Belgique. Il ne me reste qu'à transmettre mes plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches, à ses amis. Un grand homme nous a quitté. Et on ne parle pas que de football. 

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