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Qui sont ces 'Ultras', fauteurs de troubles et présents dans nos stades de foot ? Voici les réponses d'un expert

Les comportements violents dans le football, comme on a pu les voir après le match Standard - Anderlecht de ce dimanche, ne sont pas totalement neufs, mais ils interpellent : qui sont ces supporters radicaux ? Michael Dantinne, criminologue à l'Université de Liège, était avec nous dans le RTL Info 13h.

Alix Battard : Michael Dantinne, qui sont ces "Ultras", sont-ce les mêmes personnes que les hooligans de ces dernières décennies ?

Michael Dantinne : Pour certains, oui, ce sont les mêmes, mais pour d'autres, ce sont des jeunes qui sont rentrés dans ces groupes et qui ont appris les règles de ces supporters un peu particuliers, ce qui était valorisé et ce qui ne l'était pas, mais aussi comment monter les échelons. C'est une culture très masculine qui lie violence et amour du foot dans laquelle il faut faire une démonstration de son courage, mais en respectant certains codes de bagarre, car ce sont des bagarres normés, où ne peut pas tout faire.

Il y a des anciens et des plus jeunes, une sorte de transmission culturelle parmi des supporters Ultras, certains Ultras, car il y en a qui affectionnent moins le goût de la violence, voire pas du tout. Tout ça forme un ensemble très hétéroclite.

AB : Est-ce que ces Ultras sont infiltrés par des mouvements d'extrême-droite ?

MD : Dans certains pays, il est très clair que ces groupes sont infiltrés par des mouvements extrémistes, mais pas que d'extrême-droite, également de l'extrême-gauche en particulier. En Belgique, on reste relativement immunisé face à ce type d'exploitation : elle existe néanmoins, et c'est quelque chose qu'il faut surveiller.

AB : Cela représente combien de personnes en Belgique, sachant qu'actuellement 600 personnes sont interdites de stade ?

MD : cela représente un petit noyau d'individus par club, qu'il est très difficile de chiffrer. Cela reste une minorité, mais une minorité active dont il faut bien mesurer le coût direct et indirect qu'elle représente. C'est une petite minorité d'individus animée par une rivalité et une historicité très forte : s'il y a eu une bagarre il y a 20 ans, ils vont s'en rappeler et tenter de se venger. Tout ça, tous ces individus font du poids dans la balance.

AB : Est-ce que ces violences s'accentuent, depuis le Covid par exemple ?

MD : Le constat est vrai. On est dans une accentuation que l'on constate dans d'autres pays également comme la France ou la Suisse. Est-ce quelque chose de cyclique, qui baissera avec le temps, c'est une possibilité. Mais de là à l'imputer au Covid et au confinement... Je pense que le Covid est devenu à l'explication criminologique ce qu'est le chorizo à la cuisine : on le met partout, et ça n'a plus beaucoup de sens. Il y a peut-être un peu de ça, mais les raisons profondes sont à chercher ailleurs.

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