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"Santa Maradona": la main de Dieu posée sur les guitares

Rockeurs argentins, Manu Chao, Benjamin Biolay et même Linda de Suza: Maradona fut chanté dans le monde entier et "El Diez", admiré par Oasis ou Queen, a même pris le micro en de rares occasions.

"Aujourd'hui, quand on cherche sur les plateformes musicales comme Spotify, on se rend compte qu'il y a un nombre incalculable de titres sur lui, mais ce qui est sûr c'est qu'aucun autre footballeur n'en a suscité autant", éclaire pour l'AFP Pierre-Etienne Minonzio, journaliste à L'Equipe, auteur du "Petit manuel musical du football".

"Le débat sur le plus grand joueur du monde se joue entre Maradona et Pelé, mais quand on parle de source d'inspiration pour un artiste, Pelé c'est une personnalité un peu lisse, quelqu'un qui a fait des pubs pour des cartes de crédit, alors que Maradona est +bigger than life+ (+plus grand que la vie+)", poursuit le spécialiste, également chroniqueur sur France Inter.

Un des hommages les plus sincères --et un des meilleurs musicalement-- est signé Manu Chao avec "La vida tombola". Cette chanson figure d'ailleurs dans le film d'Emir Kusturica consacré à l'ancien numéro 10 argentin. Le chanteur, habitué des tournées dans les stades en Amérique latine, y encense la capacité de Maradona à se relever de tout.

- "Il vous fait buter" -

Manu Chao, vrai fan de foot, disait en 2007 à l'AFP son admiration pour les footballeurs internationaux aux vies sous les projecteurs: "En tant que musiciens, on est un peu habitués à la pression, mais quand on voit les gars sur des matches comme ça, la pression est multipliée par mille ! Nous, une erreur à la guitare n'est pas plus grave que ça. (Eux) ça a plus de conséquences".

Le musicien n'en était pas à son coup d'essai. Avec la Mano Negra, groupe qui l'a fait connaître, il avait lâché "Santa Maradona", décharge de rock alternatif.

Entre stars mondiales, on finit toujours par se croiser. Comme cette fois où Maradona --avec un t-shirt de l'Union Jack-- pose avec Freddie Mercury (t-shirt aux couleurs de l'Argentine), du groupe Queen, un an avant la guerre des Malouines.

Ou encore cette brève rencontre, plus épique, avec les frères Gallagher, du temps d'Oasis, dans un bar après un concert en Argentine. Liam Gallagher raconte à Vice ne pas avoir traîné après la photo commune quand l'interprète lance: "Maradona dit que si vous embarquez une de ses putes, il vous fait buter".

- "Symbole de sa vie" -

Pour en revenir au rayon rock-pop, c'est évidemment en Argentine, pays dingue de ballon rond, que les musiciens se sont déchaînés de son vivant pour le célébrer, entre Los Piojos ("Marado") ou Andrés Calamaro ("Maradona"). Mais sa vie fut aussi mise en musique en partitions blues ("Maradona Blues" de Charly Garcia, avec un clip où le joueur-star tape vaguement sur un tambourin), reggae ("Capitan Pelusa" de Los Cafres), ou cuarteto, genre très populaire au pays de "l'Albiceleste", avec notamment "La mano de Dios" du chanteur-vedette Rodrigo (parfois appelé Rodrigo Bueno "El Potro").

En France, Benjamin Biolay --l'Argentine est devenue son second pays-- évoque l'épisode de la main de Dieu ("Borges futbol club") tandis que Linda de Suza narre dans un titre-ovni la fascination du joueur exercée sur un gamin ("Maradona").

Maradona ne s'est jamais fait chanteur. Mais dans le documentaire de Kusturica, on le voit au micro entonner "La mano de Dios" de Rodrigo. "C'est un moment génial, au départ il ne chante pas très bien et sa famille dans la salle est consternée --+qu'est-ce qu'il fait encore ?+ (rires)-- mais il arrive à emballer le tout dans un final délirant et sa famille le rejoint sur scène, comme un symbole de sa vie, où il part de tout en bas et réussit à remonter", décrit Pierre-Etienne Minonzio.

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