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Amputé après le crash de Chapecoense, le gardien Follmann fait ses premiers pas et reprend goût à la vie (vidéo)

Quand Jakson Follmann a fait ses premiers pas sans béquille, il s'est senti comme un bébé qui apprend à marcher: trois mois après le crash aérien qui lui a coûté la jambe droite, l'ancien gardien de Chapecoense croque désormais la vie à pleines dents. Grâce à une prothèse installée début février, il arrive à se tenir debout tout seul. "Ça ne sert à rien de pleurer ou de me lamenter sur mon sort", affirme ce Brésilien de 24 ans, un des six survivants de la tragédie qui a tué 71 personnes le 28 novembre.

Cette nuit-là, ses rêves ont été fauchés en plein vol. Gardien remplaçant de l'équipe qui s'est hissée à la surprise générale en finale de la Copa Sudamericana, il ne rejouera plus jamais au football. Mais il aspire avant tout à regoûter aux petits plaisirs de la vie. "Après l'accident, mon plus grand désir, c'était de me mettre debout, de prendre ma douche tout seul, de me laver les dents. Des choses toutes simples auxquelles personne ne pense", dit-il en souriant.

Pour lui, chaque geste du quotidien retrouvé a la même valeur qu'un titre remporté sur le terrain. Après 56 jours d'hospitalisation, son corps est encore recouvert de cicatrices et chaque mouvement est douloureux, mais sa rééducation dans une clinique de Sao Paulo donne des résultats inespérés. Des vidéos de lui chantant et jouant de la guitare font déjà fureur sur internet.


"Respecter mon corps"

En plus de l'amputation d'une grande partie de la jambe droite, Jakson a dû être opéré aux vertèbres. Il a aussi souffert d'une grave blessure à la cheville gauche, sans compter de multiples fractures. Malgré tout, il a gardé ses anciens réflexes d'athlète. "Quand j'ai commencé à marcher sans béquille, je voulais déjà monter des escaliers. Je voulais faire plein de choses, même si je sais que ce n'est pas encore possible. Je dois respecter mon corps", admet-il, l'air serein. "Je suis un passionné de sport, je ne me vois pas comme un ancien sportif. Au contraire, je suis plus sportif que jamais", s'amuse-t-il.

Perfectionniste, Jakson tient à exécuter dans les moindres détails tous les exercices imposés par les médecins, avec la même concentration dont il faisait preuve dans les buts. Cet état d'esprit lui réserve peut-être un futur d'athlète paralympique, une idée sur laquelle il se promet de méditer avec sa famille à l'avenir.

Il vit toujours à Chapeco (sud) avec sa fiancée, mais son dernier passage à Sao Paulo pour sa rééducation lui a permis de visiter le centre national de sport adapté, où il a joué au volley en fauteuil. "Là-bas, j'ai compris que les gens s'imposent des limites dans leurs têtes. Avec des pensées positives, tu peux faire plein de choses", souligne-t-il.


Blessures morales

Son optimisme l'a aidé à remarcher, mais il est encore loin d'avoir soigné les blessures morales liées à l'accident. "Quand je me suis réveillé à l'hôpital, je savais que quelque chose de très grave était arrivé. J'ai vu que j'étais blessé et je me souviens que la dernière fois que je me sentais bien, c'était dans l'avion", se souvient-il, en baissant les yeux.

Quand l'ancien gardien a repris connaissance, il a demandé à ce qu'on ne lui raconte pas les détails de l'accident. Il s'est même refusé à regarder la télévision, marqué par le deuil de ses "frères" qui ont péri. "En Colombie, je pleurais beaucoup, mais quand j'ai remis les pieds au Brésil, j'ai commencé à retrouver mes forces pour affronter les obstacles", a-t-il avoué.

Il a encore pleuré à chaudes larmes le 21 janvier dernier, quand il est entré en fauteuil roulant sur la pelouse du stade Arena Conda de Chapeco pour recevoir le trophée de la Copa Sudamericana, aux côtés des deux autres joueurs survivants, le défenseur Neto et le latéral Alan Ruschel.

Maintenant qu'il se tient à nouveau debout, Jakson Follmann veut guider lui-même ses pas vers une nouvelle destinée.

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