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Menace voilée ou simple instrumentalisation du nom Messi ? Des tirs ont visé dans la nuit de mercredi à jeudi à Rosario, fief du capitaine de l'Albiceleste en Argentine, un commerce appartenant à sa belle-famille, avec un message d'apparence menaçant bien qu'énigmatique.
Selon la police, 14 impacts de balles ont été identifiés sur le rideau métallique d'un supermarché qui était fermé. Des douilles ont été récupérées au sol, ainsi qu'un panneau en carton avec une inscription manuscrite: "Messi nous t'attendons, Javkin est un narco, il ne s'occupera pas de toi".
Un témoin a confirmé avoir vu deux hommes à moto peu avant 03H00 (locales), l'un d'eux descendant pour tirer et jeter le carton avant de prendre la fuite. Personne n'a été blessé.
Pablo Javkin, le maire de Rosario, à 320 km au nord-ouest de Buenos Aires, a confirmé à la presse que le commerce appartenait à la famille Roccuzzo, belle-famille de Messi, marié à Antonela Roccuzzo, avec laquelle il a trois enfants.
"Ce qu'ils recherchent ici, c'est la répercussion, c'est très perfide", a estimé M. Javkin. "Quelle information devient plus rapidement virale qu'une attaque visant Messi? (...) C'est très facile pour n'importe quelle bande de faire ça".
Un responsable provincial de la police, Ivan Gonzalez, a également estimé sur la télévision Cadena 3 que le message n'était "pas une menace", mais un acte destiné "à attirer l'attention".
Le procureur chargé de l'affaire, Federico Rebola, a indiqué qu'il n'y avait "pas d'antécédent connu de menaces" visant la famille Roccuzzo.
- Point névralgique du narcotrafic -
"Nous sommes préoccupés, ceci a une énorme répercussion", a-t-il néanmoins déclaré à la presse. "Nous avons des images (de vidéosurveillance), et nous recherchons d'autres caméras".
Le ministre provincial de la Sécurité Caudio Brilloni a assuré qu'à ce stade "aucune hypothèse ferme" n'était privilégiée.
La police scientifique a procédé à des relevés sur place, tandis que le carton manuscrit et les douilles ont été envoyés aux fins d'analyses.
Ville natale de Lionel Messi, Rosario, troisième ville d'Argentine et grand port fluvial sur le Parana, est devenue ces dernières années un point névralgique du narcotrafic et, peu à peu, la ville la plus dangereuse du pays, avec 287 homicides en 2022.
Les autorités se renvoient régulièrement la responsabilité sur les moyens engagés et l'implication des forces de sécurité pour combattre le fléau, entre le maire centriste de la ville, le gouverneur provincial de gauche et le gouvernement national de centre-gauche.
- "éloigner" Messi -
A l'issue d'une réunion mardi du commandement conjoint des trois forces de sécurité (municipales, provinciales et nationales), le ministre provincial Brilloni a dit avoir "exhorté les forces fédérales à davantage de collaboration, d'engagement et une plus grande participation" pour prévenir violence et criminalité à Rosario.
Les réactions n'ont pas tardé jeudi dans l'opposition de droite: deux pré-candidats déclarés à la présidentielle d'octobre, Patricia Bullrich et le maire de Buenos Aires Horacio Larreta, ont appelé à une lutte frontale contre le narcotrafic à Rosario, avec l'appui de la gendarmerie (force militaire dépendant du ministère de l'Intérieur) ou de l'armée. M. Larreta a promis de "reprendre la rue".
"La situation est complexe à Rosario (...) les narcos ont gagné", a estimé le ministre national de la Sécurité Anibal Fernandez. "Mais ce problème dure depuis 20 ans et ne se règle pas en 20 minutes", a-t-il ajouté, rappelant que plus de 2.000 procédures en 2022 avaient abouti à 2.077 placements en détention à Rosario. "Il faudra faire plus", a concédé le chef de l'Etat Alberto Fernandez.
Si Messi est "un enfant" de Rosario, --il joua enfant au Newell's Old Boys, un des deux grands clubs locaux--, il a quitté la ville pour le FC Barcelone dès l'âge de treize ans. Il conserve cependant un domicile dans un quartier fermé, à Funes, à 20 km de Rosario, où il passe régulièrement ses vacances.
Le rêve de nombre de Rosarinos est de voir "Leo" finir sa carrière et vivre à Rosario. Mais l'un de ses proches, l'ex-international Gabriel Heinze, a estimé jeudi que "la folie" ce qui s'est passé "va éloigner Leo, et n'importe quel autre joueur qui aimerait revenir". Comme Angel di Maria, autre Rosarino célèbre.