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Arsène Wenger pour la suppression de la Ligue des nations: "Il faudrait peut-être organiser moins de compétitions"

"On ne se défait pas de cette drogue-là": deux ans après avoir quitté le banc d'Arsenal, Arsène Wenger (70 ans) "refuse de dire plus jamais" et n'exclut pas d'entraîner à nouveau un jour, a-t-il déclaré samedi à l'occasion d'une présentation de son autobiographie.

S'exprimant à Strasbourg devant le Club de la presse, puis auprès de l'AFP, l'ancien technicien a présenté ce livre intitulé "Ma vie en rouge et blanc" et raconté sa nouvelle vie comme directeur du développement du football mondial à la Fifa, soulignant que le danger pour lui serait de vouloir faire "le combat de trop".

A bientôt 71 ans, vous avez choisi d'écrire votre autobiographie. Qu'est-ce qui vous a motivé?

"J'avais toujours refusé de regarder en arrière mais j'avais du temps devant moi. Je me suis rendu compte que le noeud de tout ce qui m'est arrivé se situait ici, en Alsace, puisque j'ai été élevé dans un village (Duttlenheim) où je n'entendais parler que de foot. J'avais en même temps le désir de partager mon expérience, de dire aux gens que la vie peut être bien au-dessus de ce que vous pouvez rêver quand vous êtes gamin. C'est un message d'optimisme et de partage avec ce que j'ai appris en fréquentant des gens de haut niveau".

Trente-six ans de carrière dont 22 années à Arsenal: imaginiez-vous accomplir un tel parcours?

"Je ne pensais jamais que je ferai pendant 36 ans ce métier. Au début, je me disais souvent: 'Purée, t'es pas fait pour ce métier'. Je souffre trop, je ne supporte pas les défaites, je suis physiquement malade après les défaites. Je ne peux pas prendre de recul, je suis à fond dedans, tout le temps. Je ne suis pas flexible, pas tolérant, un peu dictateur. Donc je me dis: 'Je suis pas fait pour cela'. Mais les autres me disent: 'Mais non, c'est bien'. Finalement je pense que mon corps s'est adapté petit à petit au stress".

Dans votre livre, vous écrivez dès les premières pages que la passion du foot "ne s'éteint pas". Pourriez-vous entraîner à nouveau?

"Je ne sais pas. Je refuse de dire plus jamais parce que ça me ferait tellement mal. Je pense que la sagesse est de dire que j'ai survécu à tellement de stress pendant tellement longtemps qu'il ne vaut peut-être mieux pas retenter le diable. Mais la passion te dit: 'Aussi longtemps que tu vis, vis ta passion à fond'".

Est-ce que le banc vous manque?

"Il me manque beaucoup. J'ai été drogué pendant 36 ans et on ne se défait pas de cette drogue-là du jour au lendemain. Ce n'est pas facile mais à un moment donné, je me suis raisonné. Est-ce que je ne vais pas faire le combat de trop, est-ce que je ne l'ai pas déjà fait ? Quand tu arrives à 70 ans, l'horizon se raccourcit et j'avais des propositions de l'UEFA et de la Fifa pour participer autrement au développement du foot. J'ai finalement opté pour le développement de la Fifa parce qu'il y a un énorme fossé entre l'Europe et le reste du monde".

En quoi consiste votre action au poste de directeur de développement du football mondial?

"Notre programme c'est: une chance pour tout le monde. Le reste du monde souffre beaucoup et l'Europe a toutes les structures. Une Coupe du monde, c'est pratiquement un Championnat d'Europe avec le Brésil ou l'Argentine. Tous les autres n'ont pas de chance de la gagner. Depuis 2002, le Brésil n'a gagné aucun match à élimination directe contre une équipe européenne. Le fossé s'est agrandi énormément entre l'Europe et le reste du monde. La Fifa a une responsabilité pédagogique pour aider les pays à se structurer".

Vous proposez la suppression de la toute nouvelle Ligue des nations de l'UEFA et l'accélération de la cadence des grandes compétitions. Pourquoi?

"Sur dix personnes qui connaissent vraiment le foot, il n'y en pas beaucoup qui pourront vous dire à quoi ça sert (la Ligue des nations). Il faudrait peut-être organiser moins de compétitions. Le rythme de quatre ans, c'est quelque chose de prestigieux qu'on attend mais deux ans c'est un rythme de vie qui correspond plus au rythme de la société d'aujourd'hui. Les gens n'ont plus la patience d'attendre et veulent toujours voir du top".

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