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Coronavirus: "Savoir si mes joueuses vont bien", dit Echouafni (PSG)

Confinées et privées de compétition, les footballeuses sont dans l'inconnu: elle continuent à s'entretenir physiquement mais "l'aspect psychologique est beaucoup plus important", explique à l'AFP Olivier Echouafni, entraîneur du PSG féminin, qui essaie de savoir si ses joueuses "vont bien", "comme si c'était (ses) filles".

Q: Quelle organisation de travail, forcément inédite, avez-vous mis en place face à la pandémie de coronavirus ?

R: "Tout s'est fait à une vitesse folle. Avec le confinement, la première chose à faire c'était de trouver un pied-à-terre pour l'ensemble des joueuses et du staff. Dans notre groupe, on a 50 à 60% d'étrangères. Il fallait voir si elles restaient à Paris ou rentraient chez elles. Certaines sont assez isolées, il fallait gérer ça. Ensuite, mettre en place une méthode de travail en prenant en compte le profil des joueuses. Puis déterminer des groupes de travail en fonction du lieu où elles se trouvaient et du matériel à leur disposition. Enfin, avec notre préparateur physique, on a mis en place un programme individualisé qu'elles reçoivent tous les deux ou trois jours."

Q: Comment pouvez-vous évaluer leurs performances à distance?

R: "En interne, on fait deux à trois réunions par semaine en visioconférence avec le docteur, qui est la vraie courroie de distribution, et l'ensemble du staff technique. On attend leur retour pour voir comment elles ont encaissé les séances. Il y a un aspect de travail, mais il y a aussi l'aspect psychologique qui, pour moi, est beaucoup plus important."

Q: Quelle est votre approche sur ce point?

R: "Au début j'ai envoyé un petit message. Après avoir laissé passer une semaine, j'ai eu besoin de les avoir au téléphone pour savoir comment elles allaient, comment se passait le confinement avec leur famille. Pour celles qui sont seules, c'est encore plus difficile d'encaisser tout cela. D'où ce rôle psychologique que j'essaye d'avoir avec elles pour garder le contact, c'est essentiel."

Q: Allez-vous utiliser ce ressort par la suite?

R: "Ce ne serait pas une bonne idée. Le football passe tellement après ce qui est en train de se passer. Je veux savoir si elles vont bien. C'est comme si c'était mes filles, ça va au-delà de mes joueuses. Le seul message que j'essaye de leur faire passer: ce sont des compétitrices et elles doivent avoir l'esprit de groupe, encore plus en ce moment. D'une part entre elles, mais aussi par rapport aux gens qui les entourent au quotidien. Il faut qu'elles montrent l'exemple, qu'elles soient positives."

Q: C'est peut-être un rôle plus difficile à endosser pour les plus jeunes?

R: "Ce qui va être surtout compliqué, c'est qu'on a passé dix jours mais là il va y en avoir encore quinze, voire plus. C'est ceux-là où il va falloir être encore plus présent, les rassurer et les aider en cas de coups de moins bien, parce qu'il y en aura très certainement."

Q: Avez-vous déjà planifié la phase de reprise?

R: "Non c'est beaucoup trop tôt. Déjà, la question à se poser c'est: +Est-ce qu'on va reprendre?+. Si c'est le cas, on sera dans une configuration d'avant-saison, sauf qu'on aura beaucoup moins de temps que lors d'une préparation. On est vigilant sur le programme pour les maintenir en forme, pour qu'elles fassent attention à leur diététique. Si on doit reprendre, ça va peut-être se jouer uniquement sur ça."

Q: Seriez-vous prêt à redémarrer par un choc PSG-OL à huis clos pour finir la saison?

R: "Je ne vais même pas vous apporter la moindre réponse, tellement ça me paraît complètement décalé. C'est loin et aujourd'hui le football ce n'est pas un PSG-Lyon. La priorité c'est que tout le monde se batte, qu'il y ait une véritable solidarité pour qu'on se sorte de cette situation vraiment compliquée pour tout le monde."

Propos recueillis au téléphone par Jérémy TALBOT.

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