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"De Nantes à Toulouse, pour Macron c'est carton rouge!". Des militants syndicaux, postés samedi près du Stade de France, ont distribué aux supporters de quoi siffler le président de la République lors de la finale de la Coupe de France de football, remporté 5-1 par Toulouse.
Mais le mouvement de contestation espéré n'a guère été audible, 49 minutes et 30 secondes après le début du match, alors que Toulouse dominait déjà largement par 4 buts à 0.
La distribution de cartons rouges et de sifflets en plastique avait démarré plusieurs heures avant le coup d'envoi, à la sortie des stations de métro et de RER desservant l'enceinte sportive - qui accueillait samedi un peu plus de 78.000 spectateurs.
Un chapelet de sifflets rouges autour du cou, les opposants à la réforme des retraite haranguaient les voyageurs avec des slogans bien rodés.
"Et un sifflet pour Macron, un!", scandait ainsi, sur un ton de bonimenteur de foire, Jonathan, fonctionnaire territorial de 37 ans et militant à la FSU - qui comme l'ensemble des personnes rencontrées n'a pas souhaité donner son nom de famille.
"On a cotisé, on a le droit de se reposer ce soir!", proclamait-il d'un air joyeux en tendant aux voyageurs sortant de la gare RER sifflets en plastique et prospectus barrés du slogan "carton rouge à la retraite à 64 ans".
Par cette initiative, l'intersyndicale, toujours vent debout contre la réforme des retraites récemment promulguée, voulait profiter de la venue du chef de l'Etat au Stade de France pour inciter les spectateurs à l'interpeller, si possible 49 minutes et 30 secondes après le début du match.
Tout en avançant d'un pas vif vers le stade, la plupart des supporteurs se sont volontiers saisis du carton et du sifflet. Et ceux qui ne le faisaient pas gardaient le sens de l'humour: à un militant qui l'interpellait en criant "Carton rouge pour Macron!", une supportrice nantaise a répondu "Carton jaune, plutôt", en arborant fièrement son maillot aux couleurs du FC Nantes.
- Sur l'air des gilets jaunes -
Pour un jeune supporteur de Nantes, il faut "dissocier la politique et le football".
Mais dans l'ensemble, "ça se passe plutôt bien, les gens sont plutôt d'accord avec nous", a observé Jonathan. "J'ai eu aussi des réactions négatives, un monsieur m'a même répondu +carton vert pour Macron!+", concédait-il. A l'inverse, "certains font des selfies avec le carton rouge", s'amusait le trentenaire.
Devant la gare du RER, les syndicalistes alternaient les cris de "Macron, démission!" avec l'air des "gilets jaunes", devenu "Même si le préfet ne le veut pas, nous on est là!"
Car le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a tenté vendredi d'interdire la distribution des tracts et des sifflets aux abords du stade, affirmant craindre des troubles à l'ordre public.
A quelques heures du coup d'envoi, la justice administrative lui a donné tort: elle a suspendu son arrêté d'interdiction, y voyant une "atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifester".
Tout en autorisant l'ensemble de l'action syndicale, le tribunal administratif n'a toutefois pas contesté l'interdiction des sifflets à l'intérieur du Stade, qui relève du règlement de la Fédération française de football.
Et de fait, une fois passée l'entrée, "on récupère tous les sifflets", glissait un responsable de la sécurité. Voire les cartons rouges: un jeune supporteur de Nantes, qui avait entrepris d'en distribuer une liasse dans les tribunes, se les est fait confisquer. "J'ai des consignes", a commenté le stadier. "Je suis comme toi, je suis contre la retraite à 64 ans, mais je fais mon taf".
Quoi qu'il arrive, à la 49e minute, "même sans sifflet, on est capable de faire du bruit", affirmait Marco, un ingénieur de 23 ans, venu soutenir Toulouse. Pour sa compagne Emilie, 24 ans, "on a bien le droit, a minima, de siffler un président qui n'écoute pas son peuple".
Pourtant, au moment prévu, peu de cartons rouges ont été brandis, et seuls quelques timides sifflets se sont fait entendre, rapidement couverts par les chants des supporters.
Quant au président Macron, qui avant le match avait salué les joueurs des deux équipes à la sortie des vestiaires, il n'est pas descendu sur la pelouse comme le veut parfois la coutume, et est resté dans la tribune après la rencontre pour remettre le trophée aux Toulousains.