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Édito: nos espoirs viennent de rater leur CE1D

Les espoirs belges n'ont pas brillé à l'Euro 2019. Ils ne disputeront pas les Jeux Olympiques de Tokyo et passent à côté d'une belle opportunité de construire quelque chose d'unique. Mais tout n'est pas perdu.

Une défaite contre la Pologne, une autre contre l'Espagne et voilà nos internationaux espoirs éjectés de leur première grande compétition, l'Euro U21. Reste un match à disputer, face à l'Italie, samedi soir. Pour sauver l'honneur, mais pas uniquement.

Certains voient en cette équipe de jeunes joueurs le futur du football belge. Ils ont partiellement raison. Au vu du talent de la génération qui vient de s'offrir un podium mondial, certains ont peur pour la suite. Là-aussi, ils ont partiellement raison. Parce qu'il est vrai que le football belge n'a plus, dans son vivier actuel, de génies du niveau d'Eden Hazard ou Kevin De Bruyne


La Belgique doit façonner la relève.

Au fond, tout le monde a regardé ce tournoi par le mauvais prisme. Comme s'il fallait absolument que ces 23 joueurs nous prouvent qu'ils pouvaient offrir une transition idéale, permettant à la Belgique de rêver de titres bien plus loin qu'en 2022. Ce serait se mentir, ce serait d'abord oublier que le vivier actuel est un miracle national, c'est notre Lourde à nous. Il ne faut pas le nier: même avant ce tournoi, il était clair que la prochaine génération de Diables Rouge serait intrinsèquement moins bonne que l'actuelle.

Mais j'attendais plus de ces jeunes. L'Euro 2020, pour eux, c'était un CE1D. La première étape qui devait les mener au graal: représenter son pays, faire partie de la prochaine génération de Diables Rouges. Celle qui devra disputer les grandes compétitions avec la vareuse noire-jaune-rouge.

Les JO 2020 devaient faire office de CESS. Mais ils n'en seront pas. Et c'est très regrettable, non pas parce qu'il aurait été sympa de pouvoir comparer le parcours de ces deux générations, mais parce qu'à défaut d'avoir autant de talent, les espoirs perdent une chance de construire un esprit.


Transition en cours


Or, je pense que ce sera la clé de notre réussite dans le futur. Faire oublier Hazard, De Bruyne, Lukaku, Courtois, Kompany et autres, ce sera compliqué, voire impossible. C'est le prix de l'histoire. Mais leur succéder est possible. Pas forcément pour gagner des médailles ou des trophées. Mais pour permettre au football belge de garder une bonne image. 


Il faudra compter sur certains talents individuels...

Quand une équipe a moins de talent, il faut qu'elle ait un esprit de groupe, une envie, une ambition commune. L'envie de ne faire qu'un. Roberto Martinez et la fédération le savent, c'est pour cela qu'ils ont laissé tant d'espoirs à disposition de Johan Walem. Parce que certains de ces joueurs auraient déjà pu goûter à la sélection. La Belgique a tenté un coup comme l'Ajax: miser sur la jeunesse pour jouer avec insouciance, mais confiance, en prenant le temps de construire une équipe surprise. Le problème, c'est que forger cela en jouant trois matchs en compétition, c'est un peu léger.

Certains me trouveront alarmiste. Je ne le suis pas, j'ai même plutôt confiance. Je vois déjà quelques leaders potentiels chez ces jeunes, comme chez les A. Certains des Diables d'aujourd'hui seront les meneurs de la génération suivante, à l'image de Tielemans. Je crois beaucoup en Vanheusden pour assumer ce rôle dans les prochaines années, je regrette qu'il n'ait pu être à l'Euro. Mais je ne vois pas la moitié des espoirs actuels chez les A avant 2020. Voire 2022.

Il faudra donc trouver une solution pour permettre aux quelques éléments intéressants de ces U21 de découvrir les exigences du haut niveau, sachant que les équipes d'âge finissent par devenir inaccessibles pour ces joueurs, la faute à l'écoulement du temps. Il va donc falloir compter sur deux paramètres: l'évolution en club, indépendant de la fédération, et l'apprentissage de l'excellence. Pour comprendre comment mener la relève. Comment ? En intégrant les meilleurs éléments au noyau pro, pour leur faire profiter de la qualité du noyau actuel, de les bonifier, qualitativement. Cela ne concernera que 3, peut-être 4 joueurs. Les futurs meneurs. 


...pour emmener un bloc équipe.

N'oublions pas que cette opportunité de faire évoluer les jeunes est un luxe. Notre équipe nationale actuelle a assez de qualités pour laisser mûrir la relève, ce ne fut pas toujours le cas. Les joueurs du futur ont l'occasion de grandir dans l'ombre avant de découvrir la lumière. Ils profitent, à leur façon, de la génération dorée. Il serait bête de passer à côté de cette chance, que l'on aurait dû exploiter dès 2014, lorsque cette génération dorée a explosé. 

Nos espoirs ont raté leur CE1D, où il n'y a pas de seconde session. Il faut maintenant leur offrir des remédiations, parce que le futur du football belge passera par ces jeunes-là. Nous en découvrirons d'autres, mais si le noyau A perd trop en qualité, il sera difficile de poursuivre sur un modèle de formation. Le futur commence maintenant et s'appuie sur la richesse de notre présent. A la fédération de faire grandir ces (grands) enfants pour éviter une nouvelle traversée du désert.  

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