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Foot: après la L1, la L2 s'apprête à passer à 18 clubs

Les places vont devenir chères: six mois après avoir acté un resserrement de la Ligue 1, l'assemblée générale de la Ligue de football professionnel (LFP) s'apprête à voter jeudi (14h00), a priori sans obstacle, la réduction de la Ligue 2 à 18 clubs.

Au total, le monde professionnel va perdre 4 de ses 40 équipes dans les prochaines saisons: l'objectif est de concentrer les recettes parmi les survivants, mais malheur aux vaincus, et tant pis pour les joueurs et les staffs qui trouveront moins de débouchés.

Mi-novembre, le collège des clubs de L2 s'est prononcé à une largue majorité en faveur de cette réforme, qui fait suite au passage de la L1 à 18 clubs, entériné en juin. Et qui pourrait s'accompagner à terme de la création d'une Ligue 3 professionnelle en remplacement du National 1, où cohabitent clubs professionnels et semi-professionnels.

Pierre Ferracci, président du Paris FC (5e de L2), y est favorable afin "que nous soyons moins nombreux à nous répartir les ressources, les droits TV mais les sponsors aussi, qui sont durs à trouver".

"On fait face depuis deux saisons à une triple crise qui a frappé le football professionnel, à savoir (le retrait du diffuseur) Mediapro, le Covid et le Brexit -- qui fait qu'aujourd'hui il n'y a plus aucun transfert d'un joueur de L2 vers l'Angleterre à cause des quotas. Il y a urgence à réformer", abonde Pierre-Olivier Murat, président de Rodez.

- "On parie sur l'avenir" -

Une petite minorité de clubs ne voient cependant pas l'urgence. Ainsi Joël Lopez, vice-président de Pau, dénonce pour sa part "un alignement idiot" sur la L1.

La L2 n'a pas les mêmes soucis d'embouteillage de calendrier et surtout, les revenus liés aux droits TV sont nettement moindres qu'en L1: retirer deux clubs ne donnera que 300.000 euros aux 18 autres, qui devront parallèlement se passer des recettes de deux matches à domicile.

"On parie sur l'avenir", répond Jean-Pierre Scouarnec, président de Dunkerque. Avec le projet de la LFP de créer une société commerciale et l'espoir de voir les droits TV remonter lors du prochain appel d'offres, la L2 veut être en position de "négocier plus intelligemment avec les clubs de L1".

Mais ce sera douloureux: à l'issue de la saison 2022-2023, la L2 devra déjà faire descendre 4 clubs pour absorber les 4 relégués de la nouvelle L1 à 18 clubs. Pour passer elle aussi à 18, elle devra probablement subir une seconde saison tendue, avec 4 autres relégations en fin de saison 2023-2024.

De quoi inquiéter les joueurs: selon un sondage de l'UNFP, principal syndicat des footballeurs professionnels en France, auprès de quelque 300 joueurs de L2, 89% d'entre eux sont opposés à la réforme. L'UNFP a annoncé mardi qu'elle voterait contre.

- Déséquilibre "abyssal" -

"C'est bête pour les clubs et bête pour les joueurs. Quatre équipes en moins entre L1 et L2, c'est moins de possibilités d'évoluer au niveau professionnel. Pour des joueurs comme moi passés par le National, ce sera encore plus dur", explique à l'AFP Victor Lobry, milieu offensif de Pau.

L'UNFP regrette aussi ce nouvel allègement du calendrier de L2, quand celui des joueurs de l'élite continue de déborder, ce qui va rendre le déséquilibre entre les deux championnats "abyssal" et les passerelles "de plus en plus difficiles à emprunter".

Côté staff aussi, l'idée passe mal: "C'est très dur de trouver du boulot. Les présidents préfèrent maintenant engager des entraîneurs étrangers", pointe Philippe Hinschberger, entraîneur d'Amiens. Pour lui, les clubs devraient commencer par faire preuve de "plus d'humilité" et réduire leurs effectifs de joueurs.

La réforme inquiète aussi les clubs de National qui aspirent à monter: "A terme, des petits clubs comme le nôtre n'auront plus de chances d'intégrer le monde du football professionnel", se désole Philippe Terrier, président de Villefranche-Beaujolais. Tandis que David Venditelli, président de Bourg-Peronnas, fustige "la mauvaise gestion de la Ligue et des clubs".

"Les gros clubs se pensent peut être à l'abri mais l'an passé, avec cette formule, un club comme Caen serait passé à la trappe", rappelle Didier Tholot, entraîneur de Pau.

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