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France-Allemagne: la soirée du 13 novembre 2015, vue du vestiaire des Bleus

La France retrouve mardi l'Allemagne au Stade de France, trois ans après les attentats du 13 novembre 2015. A l'époque, tout avait été fait dans l'enceinte pour éviter une "panique monumentale", raconte un membre du staff des Bleus, et le "secret" des attentats gardé jusqu'au coup de sifflet final.

Il est 21h17, un quart d'heure après le coup d'envoi du match, une première détonation retentit aux abords du Stade de France, puis une deuxième deux minutes après. Abasourdi, le latéral gauche Patrice Evra s'arrête un instant avant de transmettre un ballon en retrait.

Mais le match continue et à la mi-temps "les joueurs ne savaient absolument pas ce qu'il se passait", assure à l'AFP un membre de l'encadrement, alors que le président François Hollande, informé des événements, est exfiltré et qu'un hélicoptère commence à survoler la zone.

Le président de la Fédération Noël Le Graët, assis à côté de François Hollande, est au courant et fait en sorte que l'information ne remonte pas auprès des joueurs et des arbitres. "C'était très difficile de passer une heure à faire semblant. La deuxième période était très, très, très longue", racontera le patron du foot français sur RTL.

Dans les tribunes, le réseau internet fonctionne très mal et empêche le public de se tenir informé. Côté terrain, les joueurs ne comprennent la situation qu'au coup de sifflet final, en découvrant les éditions spéciales en boucle sur les écrans, dans les couloirs qui mènent au vestiaire.

- "Fraternisation" -

"Les Allemands viennent aux nouvelles. Plusieurs joueurs se connaissent. Dans les couloirs, des joueurs français et allemands discutent, assis par terre. On voit des scènes de fraternisation, même si c'est un bien grand mot", raconte à l'AFP Philippe Tournon, le responsable presse de l'époque.

Les points presse sont annulés. Les joueurs multiplient les coups de fil. Certains sont concernés personnellement par les événements comme Antoine Griezmann dont la sœur est au Bataclan, indemne, alors que le milieu de terrain Lassana Diarra apprendra plus tard le décès d'une de ses cousines rue Bichat.

Noël Le Graët vient faire un discours dans le vestiaire. Le staff des Bleus ne souhaite pas que l'équipe de France quitte le stade avant d'avoir trouvé une solution pour le trajet retour des Allemands.

"On a envisagé à un moment donné de proposer aux joueurs et au staff (allemands) de venir à Clairefontaine. On s'était renseigné, il y avait de la place, mais les Allemands voulaient filer directement à l'aéroport", témoigne une bonne source.

Avant trois heures du matin, une solution est trouvée pour la délégation allemande qui prendra un avion à Roissy vers 7h. En attendant, la Mannschaft décide de patienter dans le vestiaire pour des raisons de sécurité. On leur apporte quelques matelas et des boissons.

"On voulait éviter tout risque, et on a décidé de ne pas traverser Paris (...) et de rester dans les vestiaires", expliquera par la suite le manager général de l'équipe allemande Oliver Bierhoff, en décrivant des joueurs "très anxieux" et "choqués".

Les Français rentrent à Clairefontaine vers 4 heures. Le 14 novembre, l'atmosphère est lourde. Faut-il ou pas jouer le match en Angleterre trois jours plus tard ? Les joueurs sont partagés mais Noël Le Graët vient solennellement leur demander de jouer ce match. "Le président est arrivé en disant que le but des terroristes était de nous empêcher de vivre et de semer la terreur. Il a dit que les contacts étaient pris avec la Fédération anglaise et qu'il fallait jouer", conclut une source au sein du staff.

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