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Futsal: Ricardinho, l'autre Ballon d'Or de Madrid

Il est Portugais, joue à Madrid et compte quatre Ballons d'Or - peut-être bientôt cinq... Ricardinho est l'icône du futsal comme Cristiano Ronaldo est l'idole du football. Et l'attaquant reconnaît dans un entretien avec l'AFP qu'il "s'identifie beaucoup" à son illustre compatriote du Real Madrid.

Q: A 32 ans, vous avez remporté quatre fois le titre de meilleur joueur de futsal du monde et vous prétendez au trophée 2017. Imaginiez-vous en arriver là ?

R: "J'ai d'abord joué au football (à onze, NDLR) entre 5 et 13-14 ans. On m'a invité à Porto pour passer des essais mais l'entraîneur avait changé et on m'a dit que j'étais trop petit pour jouer au football. Donc, contraint et forcé, je suis passé au futsal. Mon adaptation a été excellente, cela m'a plu parce que j'avais plus souvent le ballon. Et j'ai eu une entraîneure qui m'a dit: +Tu peux être le meilleur de ce sport+."

Q: Comme Ronaldo, vous jouez à Madrid, à l'Inter Movistar, et vous êtes champion d'Europe en titre avec votre club. Vous reconnaissez-vous en lui ?

R: "Je suis petit comme (Lionel) Messi, je suis gaucher comme Messi et je prends un peu le ballon comme Messi. Ce que j'ai souvent dit, c'est que je ressemble plus à Messi quand je joue... mais pas que je préfère Messi! Cristiano aussi a du talent, c'est évident. Il faut avoir du talent pour marquer autant de buts et être toujours au plus haut niveau. Ce que je remarque, c'est que Cristiano et moi avons quitté très tôt notre foyer pour travailler. (...) Il faut y aller pas à pas, savoir que ton heure va arriver et ne jamais baisser les bras. A cet égard, je m'identifie beaucoup à Cristiano. Il a voulu être le meilleur, il a voulu marquer des buts et travailler plus que quiconque. C'est comme ça que je me vois également."

Q: Que ressentez-vous quand on vous compare à Ronaldo ?

R: "Pour moi, ce sont deux mondes différents. Ce qui me rend fier, c'est que dans un pays aussi petit, nous puissions avoir le meilleur joueur de football, le meilleur en futsal, le meilleur en beach soccer (le Portugais Madjer, NDLR)... Ce n'est pas qu'une question de talent, il faut aussi de l'implication. (...) Pour moi, comme Cristiano, comme Madjer, comme (Luis) Figo, comme Eusebio, c'est simplement une question de personnalité, de caractère, de savoir apprendre et d'avoir le courage de dire: je veux être le meilleur."

Q: Pensez-vous que les Portugais sont plus compétitifs que d'autres nationalités ?

R: "Oui, je pense. Cela consiste à se voir soi-même comme son propre adversaire et toujours vouloir se surpasser. Cristiano a eu la chance d'avoir Messi face à lui, qui lui a apporté un peu plus de compétitivité. Moi, je n'ai pas de Messi mais il y a plein de jeunes joueurs avec de grandes qualités. (...) Si je baisse la garde, ils vont me dépasser à toute vitesse."

Q: Le fait d'avoir appris le football dans la rue peut-il aussi expliquer le talent technique des Portugais ?

R: "Nous avons besoin de joueurs issus de la rue! De joueurs qui ont l'audace de tenter des dribbles. (...) Voilà ce qui fait la différence pour les joueurs du Portugal. Nous n'avons pas beaucoup de structures donc nous sommes contraints de jouer dans la rue. Nous y plaçons deux pierres, deux sacs à dos, deux T-shirts et voilà une cage. Et nous avons besoin de jouer parce que nous avons cet amour du ballon. Le jour où nous oublierons ça, nous redeviendrons des joueurs normaux. (...) Aujourd'hui, les enfants, ils jouent à quoi ? La +Playstation+, les ordinateurs... On les voit moins sortir dans la rue. Il faut qu'ils sortent à nouveau, et pas que sept amis sur dix soient sur leur téléphone portable en train d'envoyer des messages. Il faut revenir à l'essence du football, du jeu et du sport."

Propos recueillis par Jean DÉCOTTE.

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