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Gestion des stades: la paix du Parc, la "guerre" du Vélodrome

Si les patrons qataris du Paris SG administrent sereinement le Parc des princes, la négociation est tendue à Marseille autour du stade Vélodrome, entre le gestionnaire Arema et le club, qui rêve de devenir l'opérateur de l'enceinte.

JHE fait le forcing. Jacques-Henri Eyraud, le président du club marseillais, a mis cet été la mairie dans sa poche en annonçant qu'elle avait donné officiellement son agrément pour que l'OM devienne opérateur de l'Orange Vélodrome, dont elle reste propriétaire.

Ce jour de juillet, Arema subissait les évènements. "JHE sera toujours plus fort sur la comm'", note un connaisseur du dossier.

Le dirigeant a poussé cet avantage en dénonçant en janvier dans Les Échos, un quotidien économique, et non sportif, un contrat d'exploitation du stade qui ne lui convient pas.

"La situation actuelle entre le stade Vélodrome et l'OM est totalement contre-productive, pour l'ensemble des parties", disait Eyraud à l'AFP fin juillet.

Il voudrait investir dans l'enceinte à la capacité commerciale de 66.508 places, selon la LFP, mais à condition d'en être le gestionnaire exclusif. Les négociations en cours depuis cet été devraient déterminer les parts et les rôles de chacun, mais elles ont longtemps stagné.

- Reprise des négociations pour le Vélodrome -

Après cette période de guerre froide, elles ont repris un peu plus calmement voilà une dizaine de jour, selon une source proche du dossier. Un dénouement convenant aux deux parties est même attendu pour "fin mars, début avril".

JHE a fini par répondre aux propositions d'Arema, qui assure de son côté être un partenaire malléable toujours prêt à aider l'OM, comme pour la mise à disposition d'un espace pour le musée du club ou pour le développement des loges, une importante source de revenus dans le plan du propriétaire américain Frank McCourt.

"Nos concurrents sont soit propriétaires de leur stade, soit titulaires d'un bail à long-terme qui leur permet d'être chez eux, d'investir dans leur stade, et de faire en sorte que ce soit un outil de production", expliquait JHE.

"Nous sommes des locataires qui arrivent la veille, avec plusieurs constats d'huissiers pour prendre les clefs du stade, que nous rendons le lendemain", regrettait-il.

Mais l'OM paie pour l'heure un modeste loyer de 6 millions d'euros, et racheter le contrat de partenariat public privé (PPP) coûterait très cher. "Il reste à payer 250 M EUR, et les supporters s'en fichent du stade, ils diront: +Achète Neymar+", prévient un observateur.

- Le Parc, 6e d'Europe -

Le contraste est sur ce point flagrant avec la situation du PSG au Parc des Princes. En 2014, le PSG a signé une "convention d'occupation du domaine public" avec la mairie de Paris, courant jusqu'en 2044. Le club devient opérateur exclusif du stade. Cela lui permet "d'y investir sereinement", se félicitait à l'époque un porte-parole du club.

Concrètement, le club a dégagé la saison dernière 90,2 M EUR de revenus billetterie, ce qui fait du Parc le 6e meilleur stade d'Europe en terme de "Match-day revenue", selon une étude de Deloitte.

Selon l'édition 2018 de la "Football Money League" de ce cabinet, le Parc des Princes n'est devancé en Europe que par le Camp Nou de Barcelone (137,2 M EUR), le Santiago Bernabeu du Real Madrid (136,4 M EUR), Old Trafford (Manchester United, 125,2 M EUR), l'Emirates Stadium d'Arsenal (116,4 M EUR) et l'Allianz Arena du Bayern Munich (97,7 M EUR). Soit des enceintes toutes plus vastes que le Parc, dont la capacité commerciale est de 47.929 dixit la Ligue, d'au moins 10.000 places.

C'est d'ailleurs le serpent de mer à Paris: l'augmentation de la capacité du stade de la porte de Saint-Cloud. "Il faut un Parc à 60.000 places", avait clamé en mai 2015 la maire de Paris Anne Hidalgo dans les colonnes du Parisien. Plus récemment, son adjoint au sport Jean-François Martins a assuré, également au quotidien francilien, qu'une décision sur le sujet faisait "partie des objectifs du premier semestre", dans la perspective des Jeux olympiques 2024.

Le dossier est néanmoins complexe - "nous n'en sommes qu'à la simple déclaration d'intention et à la phase ultra embryonnaire de la réflexion", précisait M. Martins début février. Car, si un agrandissement permettrait logiquement une augmentation des recettes commerciales, la structure tout en béton du stade rend complexe le chantier alors que l'échéance des JO, dont le Parc accueillera des matches du tournoi de football, ne tolèrerait aucun retard.

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