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Indignation après les incidents en marge de la victoire de l'équipe de foot l'Algérie

Un véhicule qui fauche une famille à Montpellier, des magasins pillés près des Champs-Elysées et au total 74 interpellations: les rassemblements jeudi soir pour fêter la victoire de l'équipe de foot d'Algérie ont été ternis par des débordements, qualifiés d'"inacceptables" par le gouvernement et la droite.

A Montpellier, un supporter qui a perdu le contrôle de son véhicule a fauché une famille, tuant la mère et blessant grièvement son bébé, a-t-on appris auprès d'une source proche du dossier. Le conducteur, âgé de 21 ans, a été placé en garde à vue.

Tout avait commencé par une immense liesse dans de nombreuses villes de France: après la victoire de l'Algérie sur la Côte d'Ivoire en quart de finale de la Coupe d'Afrique des nations (CAN), des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour fêter la qualification des Fennecs pour les demi-finales.

Mais en fin de soirée, des incidents ont éclaté notamment dans le secteur des Champs-Elysées à Paris.

Au total, 74 personnes ont été interpellées en France et 73 placées en garde à vue, selon le ministère de l'Intérieur, à la suite de "dégradations et incidents inacceptables", selon Christophe Castaner.

"Le foot, ça n'est pas ça. (...) Ceux qui se sont livrés à cela méprisent à la fois les valeurs du sport, les valeurs du football, mais aussi le pays dont ils ont célébré la victoire dans ce match", a estimé le ministre en déplacement à Nîmes. Il a promis "des sanctions et des moyens renforcés pour que ces comportements soient systématiquement neutralisés et que nous puissions poursuivre les auteurs".

A Paris, 40 personnes ont été placées en garde à vue, dont 10 mineurs, pour des feux et des jets de projectiles, selon le parquet.

Une dizaine de commerces ont été dégradés, dont certains pillés, dans le secteur des Champs-Elysées où 3.000 personnes s'étaient rassemblées. Des vols ont été commis dans cinq magasins, selon un premier bilan de la Préfecture de police (PP).

Les forces de l'ordre ont également fait usage de gaz lacrymogène, notamment autour de la place de l'Etoile, pour repousser des groupes qui leur lançaient des projectiles. Cinq personnes, dont deux membres des forces de l'ordre, ont été blessées dans ces heurts, a indiqué la PP.

- 'Tolérance zéro' -

Vendredi matin sur l'avenue de la Grande-armée, à quelques pas de la place de l'Etoile, Parisiens et touristes s'arrêtaient devant les vitrines brisées pour observer les dégâts, a constaté une journaliste de l'AFP.

"Ils ont renouvelé l'épisode du 1er décembre qu'on a déjà connu avec les +gilets jaunes+. C'est la deuxième fois en sept mois", déplore le responsable d'une boutique de la marque de motos Ducati, pillée pendant la nuit.

Venu sur place vendredi matin, le préfet de police, Didier Lallement a lui aussi fait un parallèle avec une manifestation des "gilets jaunes" qui avait dégénéré en décembre estimant qu'il fallait que "ce genre de comportements irresponsables s'achèvent".

Le maire du XVIIe arrondissement, Geoffroy Boulard (LR), "en colère" après ces scènes de "pillages inadmissibles", a estimé qu'il y avait eu "à l'évidence un problème de sécurité".

Inquiet pour le prochain match de l'Algérie prévu dimanche (21H00), il affirme avoir eu des garanties pour que la surveillance soit "renforcée".

A Montpellier, la garde à vue du conducteur se poursuivait, a indiqué à l'AFP le procureur de la République, Christophe Barret, précisant que le jeune homme était entendu pour "homicide involontaire et blessures involontaires" ainsi que "manquement délibéré à des obligations de prudence".

La mère de famille, âgée de 42 ans, circulait à pied avec son bébé d'un an et sa fille de 17 ans. Le bébé, polytraumatisé, a été transporté en urgence absolue à l'hôpital.

A Marseille, près de 9.000 personnes, la plus grosse foule, se sont rassemblés, sans aucune interpellation. Environ 1.000 supporters ont célébré la victoire à Roubaix, dans le nord de la France, où il y a eu 14 interpellations.

Dans un communiqué, le Syndicat de police Alliance a dénoncé le "laxisme" de l'Etat qui a permis un "carnage" à Paris.

S'indignant de "débordements (...) aussi inacceptables qu'insupportables", la vice-présidente des Républicains à l'Assemblée, Annie Genevard, a réclamé "une tolérance zéro" contre les auteurs de ces violences.

Pour le Rassemblement national qui a demandé au gouvernement d'interdire aux supporters d'accéder aux Champs-Elysées, "il s'agit de véritables démonstrations de force dont l'objectif est de signifier ostensiblement une présence massive et un rejet de la France".

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