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Ligue 1: davantage de déplacements mais "pas un blanc-seing" aux supporters

La circulaire ministérielle de novembre a réduit les interdictions de déplacement mais n'accorde "pas un blanc-seing" aux supporters, a rappelé auprès de l'AFP Antoine Mordacq, chef de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), qui "s'interroge" devant certains incidents récents en Ligue 1.

Q: Quel premier bilan chiffré tirez-vous de l'application de la circulaire du ministre de l'Intérieur qui vise à réduire les interdictions de déplacement de supporters?

R: "Nous avons constaté, sur la première moitié de saison (chiffres arrêtés au 31 décembre 2019, NDLR), que les arrêtés préfectoraux de périmètre, qui interdisent l'accès au stade aux supporters visiteurs, ont baissé de 70%, entre les périodes qui ont précédé et suivi la diffusion de la circulaire du 18 novembre. Pour les arrêtés ministériels d'interdiction de déplacement (qui interdisent le déplacement d'une ville à une autre, NDLR), nous sommes passés de sept à zéro. Enfin, pour les encadrés préfectoraux d'encadrement (qui autorisent les déplacements sous certaines conditions, NDLR), il y a eu une hausse de 70%. Il y a une vraie évolution vers plus de déplacements encadrés des supporters: les arrêtés de périmètre ont été très nettement remplacés par des arrêtés d'encadrement".

Q: Quel effet a eu la circulaire sur les matches à risques?

R: "Il est encore un peu tôt pour tirer un premier bilan. Ce dont on est sûr, c'est qu'il y a beaucoup plus de réunions préparatoires aux matches sensibles, trois semaines avant la rencontre. L'ensemble des interlocuteurs se parlent davantage. La circulaire demande notamment l'implication des clubs visiteurs, qui n'allaient pas forcément aux réunions préparatoires avant".

Q: Que change ce dialogue accru?

R: "Avoir plus de réunions préparatoires permet de mettre à plat un certain nombre de choses. Il y avait beaucoup d'arrêtés préfectoraux qui étaient pris par manque d'informations précises sur les modalités de déplacement. Les discussions qui se développent permettent de lever un certain nombre de doutes et de risques sur les matches sensibles".

Q: Mais quand vous voyez les heurts entre supporters à Saint-Etienne, face au PSG et Marseille, ne pensez-vous pas que la circulaire ait été mal comprise par certains groupes de supporters?

R: "Je trouve ces incidents regrettables, dans un contexte de développement du dialogue où un certain nombres d'acteurs, dont l'Etat, font des efforts et tendent la main pour avancer. Quand on voit ce type d'incident, ça interroge et ça montre qu'on a des groupes de supporters très différents, qui ne sont pas toujours ouverts à la discussion, ni prêts à s'engager sur des avancées concrètes, en particulier à l'occasion d'affiches majeures de L1".

Q: Quel est l'avenir de cette circulaire?

R: "La circulaire n'accorde pas un blanc-seing aux supporters en matière de déplacements sur les matches à risques: elle rappelle le cadre juridique applicable et insiste sur le fait que les déplacements encadrés sont préférables aux interdictions, sauf risques majeurs de troubles à l'ordre public ou absence d'engagements concrets de la part des clubs et groupes de supporters. Elle n'exclut pas du tout le fait que l'on puisse recourir aux outils juridiques que sont les arrêtés ministériels et préfectoraux. Les incidents mentionnés (à Saint-Etienne) seront pris en compte pour les prochains matches de ce type".

Q: Autre exemple de dialogue sur un sujet sensible, l'autorisation d'allumer des engins pyrotechniques, sous conditions, à Angers pour célébrer les 100 ans du club. Pourrait-on voir cela ailleurs?

R: "C'est le début d'une expérimentation qui est mise en œuvre sous l'égide de l'Instance nationale du supportérisme (INS), dans des zones sécurisées et encadrées par des professionnels. On peut espérer qu'on aille sur ce terrain-là, encore faut-il que les groupes de supporters soient prêts à aller sur le terrain de l'expérimentation et du respect de la réglementation, ce qui n'est pas le cas de tous les groupes de supporters. C'est encore un peu tôt, nous n'en sommes qu'au début".

Q: Quid de l'expérimentation des tribunes debout, vue dans cinq stades de L1 et L2 depuis la saison dernière?

R: "Il y a une réflexion en cours pour modifier le cadre administratif, pour permettre de faire évoluer l'application de la loi qui impose des places assises dans les stades. C'est un exemple de sujet très concret qui renforce la sécurité dans certaines tribunes où les supporters aiment être debout".

Propos recueillis par Alexis HONTANG et Jérémy TALBOT.

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