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Montassar Talbi, le globe-trotter tunisien venu assurer les arrières de Lorient, explique à l'AFP son ambition de "titiller les grands", que ce soit les stars du Paris SG dimanche en Ligue 1 (13H00) ou les favoris du Mondial dans quelques semaines.
Après avoir croisé Neymar en match amical fin septembre, ce défenseur central de 24 ans va découvrir Kylian Mbappé, avec lequel il a aussi rendez-vous fin novembre pour Tunisie-France au Qatar.
Mais il ne voit pas le match au Moustoir comme une répétition: "Le football, ça reste un jeu collectif. C'est Lorient contre le PSG puis la Tunisie contre la France", explique-t-il dans un entretien à l'AFP. "Ca va être deux matches de football, à 11 contre 11. Et moi je vais essayer de tout donner à chaque fois".
Pour Lorient, il s'agira de valider par une bonne prestation un début de saison saisissant qui a placé les Merlus au pied du podium, bien loin de la lutte pour le maintien des deux dernières saisons.
D'autant que le ralentissement des derniers matches (deux nuls et une défaite) laisse "un peu de frustration. C'était des matches à notre portée", assure Talbi, lui-même fautif ou malheureux sur deux buts encaissés.
- "Beaucoup d'ambition" -
Mais "on sait que tout est possible dans le football et encore plus aujourd'hui, parce qu'on a des bases et une façon de voir le football qui nous parlent à tous. On parle tous la même langue sur le terrain", explique Talbi, qui a choisi Lorient cet été après une longue discussion avec le nouvel entraîneur, Régis Le Bris.
"C'était un pari", reconnaît-il. "Mais j'ai réellement senti qu'on attaquait un nouveau projet avec beaucoup d'ambition".
Jusqu'alors, ses choix "au feeling" ne lui avaient pas toujours facilité la vie. Né en région parisienne, il a été formé à l'Espérance à Tunis, où ses parents sont revenus vivre quand il avait 12 ans. Là-bas, il découvre l'ambiance électrique des derbies avec 3 à 5.000 supporters même pour les catégories les plus jeunes.
Passé professionnel dès 18 ans, il est deux fois champion de Tunisie avec l'Espérance (2017 et 2018), avant de partir trois ans à Rizespor (1re division turque), qu'il voit comme "un bon tremplin" vers le football européen.
Mais, peu après son arrivée, un changement de direction dans le club turc le relègue en tribunes. Passé un temps de doute et de frustration, il se remet au travail, persuadé que sa chance va revenir.
"Elle est venue un peu tard, mais elle est venue", raconte-t-il. Propulsé titulaire en octobre 2019, il gagne la saison suivante ses premiers galons en sélection tunisienne, où il s'impose vite.
- "Ca s'est corsé" -
L'an dernier, il pense rejoindre la Serie A avec Benevento mais le club italien est relégué et le défenseur tunisien bifurque vers la Russie, au Rubin Kazan.
"C'était un club qui montait en puissance", qui avait disputé la Ligue Europa et visait plus haut, explique-t-il. Là-bas, il est surpris par la chaleur de l'accueil, mais aussi par "l'intensité physique et le niveau du championnat".
"Je progressais vraiment", explique-t-il. Sauf qu'après l'invasion de l'Ukraine en février, "ça s'est corsé". Si rien n'a vraiment changé au quotidien, la plupart des joueurs étrangers sont partis et le club a sombré.
Lui est resté pour finir la saison: "Je suis pacifiste mais je sais très bien que les gens du club de Rubin Kazan n'étaient pas responsables de ce conflit. C'est un club qui avait confiance en moi, qui m'a donné beaucoup de responsabilités. J'ai voulu rendre la pareille".
Il tenait aussi à rester compétitif en vue des barrages de mars pour le Mondial. "Je suis très attaché à mes racines, à ma culture, et pouvoir porter le maillot de la sélection tunisienne, c'est une grande fierté. Chaque fois que j'entends l'hymne national retentir, c'est des frissons".
Comme pour beaucoup de ses coéquipiers binationaux en sélection, cela sera encore plus fort contre la France, même si l'ambition restera la même pour chaque match: "Montrer une belle image, essayer de titiller les grands" et enfin qualifier la Tunisie pour les 8es de finale.