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Ligue 1: Paris, trop fort pour un "Big Four" ?

Le football français rêve d'avoir un "Big Four", quatre clubs dominateurs dans son championnat, marques fortes à l'étranger pour tirer les droits TV vers le haut. Le quatuor de tête actuel Paris SG, Monaco, Lyon, Marseille serait ideal, sauf qu'avec le PSG ultra-puissant, il y a le risque d'avoir un "Big One"...

L'ancien président de la LFP Frédéric Thiriez en parlait il y a près de dix ans, sans Monaco à l'époque, mais avec Bordeaux, Lyon, Marseille et Paris.

En 2010, les dirigeants de ces quatre "gros" clubs se réunissaient pour exiger plus de pouvoirs dans la gouvernance du foot hexagonal, mêlant ambitions et rivalités. Et faisaient grincer quelques dents dont celles de l'ancien président de Valenciennes Francis Decourrière, qui ironisait sur leurs "rendez-vous au Bristol" et leurs "affaires de corneculs".

Depuis, le football français a bien changé. Surtout le PSG qui survole le championnat avec ses puissants propriétaires qataris et un 7e titre de champion de France acquis dimanche (7-1 contre Monaco) à cinq journées de la fin.

Mais l'idée d'un "Big Four" refait son apparition cette saison, forte du gouffre de 19 points qui séparent Lyon et Marseille de la cinquième place occupée par Rennes.

Didier Quillot, le directeur général de la Ligue, l'a remise au goût du jour vendredi lors de la présentation de la situation financière des clubs français. "On a vraiment notre Big Four, ça y est. Je rappelle de manière amicale qu'il y a un Big One en Allemagne (où le Bayern Munich domine), en Espagne un Big 2 (sans doute une allusion au FC Barcelone et au Real Madrid, mais sans mentionner l'Atletico, ndlr) et seulement en Angleterre un Big 6", avec les deux Manchester, Liverpool, Tottenham, Chelsea et Arsenal.

- Emulation ? -

Pour les instances, le défi est de créer de l'émulation au sommet du championnat de France et d'éviter une domination trop écrasante du PSG. Depuis les transferts records de Neymar et Kylian Mbappé, pour un total de 400 millions d'euros, le modèle économique parisien fait en effet l'objet de critiques, dont celles, récurrentes, du président de Lyon Jean-Michel Aulas.

"Le modèle parisien ou celui de Manchester City ne pourront pas persister", juge le patron de l'OL dans Le Monde ce week-end. "On a un besoin d'un championnat équilibré avec trois-quatre équipes de haut niveau pour qu'il soit vendeur. Le monde professionnel est à un tournant. Car il a construit une sorte de monstre avec le PSG", lance-t-il.

Pour la Ligue, la compétitivité des gros clubs de Ligue 1 doit aussi les aider à mieux préparer les compétitions européennes, afin de faire grimper l'indice UEFA du football français face aux championnats concurrents.

Vendredi, Didier Quillot affichait d'ailleurs le sourire d'un lendemain de victoire française. En l'occurrence, celle de Marseille, qualifié pour les demi-finales d'Europa League avec un grand spectacle au Vélodrome contre le RB Leipzig (5-2).

Dans le "Big Four", il y a donc Paris bien sûr, "mais aussi trois clubs, Monaco, Marseille et Lyon qui en deux ans se sont tous qualifiés pour une demi-finale de Coupe d'Europe", rappelle-t-il, avec une demie en Ligue des champions pour l'ASM et en Europa League pour l'OL la saison dernière, et une autre pour l'OM cette année en C3.

- Une L1 à deux vitesses ? -

Une dynamique vertueuse où les plus gros budgets du football français font respecter leur statut au classement et au niveau européen, même si le PSG a encore été éliminé dès les 8es de finale de C1, par le Real Madrid.

Dans sa présentation des comptes des clubs, le président de la DNCG (gendarme financier du foot français), Jean-Marc Mickeler, a d'ailleurs bien insisté sur la corrélation entre résultats sportifs et puissances budgétaires en Ligue 1, à l'exception de la troisième place surprise de Nice la saison passée.

Avec, pour les clubs moins puissants un "modèle à inventer" à l'ombre des grandes écuries. Le patron de la DNCG parle d'un "deuxième groupe pour lequel la capacité à se qualifier dans une compétition européenne est de plus en plus compliquée".

Pour ceux-là, type Saint-Etienne ou Nantes, tabler budgétairement sur une présence en coupe d'Europe représente un "risque" compte tenu de l'aléa des résultats sportifs. Ils ont donc tout intérêt à s'appuyer sur des fonds propres pour rebondir en cas de désillusion...

Quant au fameux "Big Four", il faudra attendre la saison prochaine pour voir s'il s'agit d'une tendance de fond, derrière Paris, ou d'un simple feu de paille...

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