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"Tueur d'émotions", le VAR fait toujours autant débat (vidéo)

Fou de joie puis terrassé de peine, l'entraîneur Pep Guardiola a vécu un ascenseur émotionnel dramatique mercredi avec Manchester City. Star du match contre Tottenham, l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR) produit une "révolution des sentiments" qui fait débat.

L'entraîneur des "Skyblues" pensait avoir décroché les étoiles, en même temps qu'un billet pour les demi-finales de Ligue des champions, quand son attaquant Raheem Sterling a trompé le gardien des Spurs, Hugo Lloris, dans le temps additionnel d'un match fou.

Le Catalan a hurlé sa joie, bondi et serré les poings, avant que l'arbitre n'invalide le but pour un hors-jeu qui avait échappé à tous, sauf à ses assistants vidéo.

"Tous ceux qui ont dit que le VAR allait détruire l'émotion dans le football auraient du être là. Ca l'a en fait décuplée, en plus de rendre la bonne décision", commente The Times. "Le VAR a été introduite pour supprimer les séquences dramatiques, mais c'est exactement l'inverse qui s'est produit ici", décrit aussi The Daily Mail, autre quotidien britannique.

Passés "de l'enfer au paradis", selon le mot du défenseur Toby Alderweireld, les joueurs de Tottenham ont vécu une autre joie différée plus tôt dans le match, quand l'arbitre a validé après visionnage le but de la qualification de Tottenham (73e) deux minutes et quarante secondes après le coup de hanche victorieux de Fernando Llorente, qui semble avoir d'abord touché le ballon du coude, selon des images reprises sur les réseaux sociaux.


De quoi rouvrir un débat qui agite les commentateurs, plus encore cette saison depuis que le VAR est utilisée en Ligue des champions. La technologie, en conduisant à des célébrations gâchées et des peines ravalées, ne pervertit-elle pas l'essence même du football, faite de joies immédiates et d'erreurs oubliées?

"Nous aurons tous besoin de temps, encore, pour nous adapter à cette révolution des sentiments, mais personne n'en réclamera pour saluer ce quart de finale retour exceptionnel", écrit jeudi L'Equipe en s'attardant néanmoins sur ce "VAR qui condamne les plus grandes joies en appel, et dessine une manière de justice à retardement qui nous laisse chamboulés".

Les Cahiers du football, à l'inverse, n'en démordent pas: l'assistance vidéo tue l'esprit du jeu, un point c'est tout. "On est quelques-uns pour qui ça divise plutôt les émotions par deux: on n'ose plus réagir sur le moment, puis on réagit à une décision du VAR au lieu du but lui-même...", écrit sur Twitter le magazine spécialisé.


Le stade Vélodrome a vécu cette drôle d'expérience samedi, dans les dernières secondes du match entre Marseille et Nîmes. Dans le temps additionnel, alors que l'OM menait 2-1, l'arbitre a sifflé un penalty contre les locaux après une main dans la surface de Bouna Sarr, avant de se raviser après visionnage pour une faute préalable d'un Nîmois. Et le Vélodrome a explosé de joie comme après un but marqué...

Il y a deux ans, quand le VAR faisait ses débuts en France lors d'un amical entre les Bleus et l'Espagne (0-2), le public avait semblé complètement interdit devant son utilisation, par deux fois défavorable aux Français. Et le sujet avait fait débat chez les joueurs.

"Ca a un peu tué notre match". Avant la vidéo, "tout le monde faisait des erreurs. Les arbitres aussi. Ca faisait partie du foot. Ca devrait continuer comme ça", disait le latéral gauche Layvin Kurzawa. "Ce n'est pas déstabilisant, mais chiant parce qu'il faut attendre pour célébrer le but", estimait Antoine Griezmann, privé de l'ouverture du score pour un hors-jeu révélé par la vidéo.

Tout en reconnaissant la justesse des décisions, le capitaine Hugo Lloris avait livré son sentiment: "Maintenant, cela peut tuer également le ressenti après un but. (...) Il a fallu quelques secondes, minutes, pour que la décision soit changée. Il faut en tenir compte. On n'est pas habitué à cela dans le football. Ce sont des choses nouvelles, s'il faut s'adapter à cela, on le fera".

Mercredi, le gardien de Tottenham n'a pas eu à s'en plaindre.

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