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Marseille: Rudi Garcia, le "perfectionniste"

A 28 ans, il était formel: "Je ne serai jamais entraîneur". A 54 ans, coach Rudi Garcia a mené l'OM en finale d'Europa League. La marche était trop haute, mais celui que ses proches décrivent comme "perfectionniste" a énormément fait progresser son groupe cette saison.

Entraîneur, "c'est trop prenant, c'est trop ingrat", clamait-il donc il y a 26 ans, comme il le raconte dans son autobiographie, "Tous les chemins mènent à Rome" parue en 2014.

En 1992, quand sa carrière de joueur se brise sur son dos blessé à Martigues, à quelques coups de rame de Marseille, il envisage d'abord de devenir prof de sport, ou journaliste de foot, lui qui adorait le multiplex d'Eugène Saccomano.

Pourtant, la fonction d'entraineur lui était prédestinée. "J'ai toujours été un joueur qui posait des questions, intéressé par la tactique, leader sur le terrain, et j'aimais motiver les troupes, raconte-t-il à l'AFP. C'était déjà ma personnalité, dans la vie privée j'ai toujours été celui qui organise les réunions familiales".

En 1995 il prend les rênes de Corbeil, au niveau amateur, le club où son père, José, entraînait.

"Il était fait pour entraîner", approuve son mentor, Robert Nouzaret, qui l'a coaché à Caen. Il le prend comme préparateur physique à Saint-Étienne, en 1998.

- "Je me suis retrouvé à la rue" -

Au bout d'un an "je me suis vite rendu compte que c'était du gaspillage, l'année d'après je l'ai mis adjoint numéro un", poursuit le Montpelliérain.

Il pense que Garcia a bien fait de commencer tout en bas. En pro, la pression est bien supérieure, mais pour la vie quotidienne, "c'est de la rigolade, quand il faut t'adapter parce que tu ne sais pas combien tu vas avoir de mecs ce soir", raconte Nouzaret.

En 2001, Garcia devient N.1 chez les Verts, avec Jean-Guy Wallemme, mais le duo ne fonctionne pas et l'expérience avorte au bout de 12 matches, lui laissant un souvenir cuisant. "Sans soutien, sans réseau, sans agent, je me suis retrouvé à la rue presque du jour au lendemain", raconte-t-il.

Pourtant cette année Garcia finit major de sa promo du diplôme d'entraîneur (DEPF), devant Didier Deschamps.

Depuis, de Dijon qu'il transforme en club professionnel à Marseille, en passant par l'AS Rome, Garcia a toujours travaillé méticuleusement.

"Rudi, c'est un perfectionniste", résume pour l'AFP un de ses adjoints, Claude Fichaux. "Il est hyper compétent, chercheur, constamment à la recherche de ce qui peut se faire de mieux, poursuit l'Alsacien. Je l'ai vu évoluer depuis neuf ans entre le Rudi de Lille (doublé en 2011, ndlr) et le Rudi d'aujourd'hui, il y a beaucoup de travail d'investigation".

"C'est vrai que j'ai le souci du détail", reconnaît Garcia dans un sourire, citant le mot italien +episodi+ (les faits de jeu) désignant ces six ou sept instants qui font basculer un match, et qu'il faut donc se préparer à ne pas rater.

- Touché par les critiques -

Il inculque à ses défenseurs l'orientation de trois-quarts face à leur attaquant, "sinon tu as les deux pieds dans le ciment", apprend le "marquage préventif" à Maxime Lopez et tanne tous ses joueurs avec l'obligation d'avoir en tête "l'action d'après".

Garcia contrôle de la distribution des chasubles au temps imparti aux signatures d'autographes, et écoute toujours le joueur qui passe avant lui en conférence de presse. "C'est un pro qui maîtrise tout, il a plus l'envergure d'un manager que d'un entraîneur", synthétise Nouzaret.

Garcia peut aussi disjoncter, comme sur sa roulade sur la pelouse pour réclamer un pénalty contre Nice. C'est un homme plus sensible que ses airs de grand communiquant ne le laissent paraître.

Il a été durement touché par les critiques suivant les deux défaites de rang, Monaco (6-1) et Rennes (3-1), à la fin de l'été. "C'était de l'acharnement, réagit son adjoint Fred Bompard, j'étais triste pour lui, et je lui ai dit. Quand ça touche à ta personne, c'est dur".

En emmenant son groupe jusqu'à la finale de Lyon, "il fait taire un peu ceux qui ont été vils", insiste Bompard, fidèle bras droit depuis 2002. Ils se sont connus en pupilles à Corbeil, dans l'équipe entraînée par José Garcia.

"Humainement, c'est quelqu'un de très fidèle", abonde Fichaux, arrivé comme adjoint en 2009 pour former un trio soudé.

"L'homme est comme l'entraîneur, conclut Nouzaret, il est honnête, franc du collier, il a du caractère et de la personnalité". Il ne lui manque qu'une coupe d'Europe...

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