Accueil Sport

Marseille: Sampaoli, un apôtre du jeu offensif au caractère volcanique

Des coups d'éclat et des coups de sang: la courte aventure de Jorge Sampaoli avec l'OM, jusqu'à son départ vendredi, est restée fidèle au tempérament explosif de cet entraîneur, apôtre apprécié du jeu offensif et des tactiques déroutantes, dont le caractère bouillant finit souvent par prendre le dessus.

Bien avant de ravir le Stade Vélodrome pendant une saison et demie de ses gestes surexcités, de ses compositions d'équipe inattendues et, surtout, d'une deuxième place de Ligue 1 en 2022, l'Argentin de 62 ans a entamé l'écriture de sa légende chez lui, dans l'anonymat de Casilda.

Sa ville natale située à une cinquantaine de kilomètres de Rosario, la troisième ville du pays, se souviendra longtemps de cette photo publiée dans un journal local au mitan des années 1990.

Elle montre "Sampa", t-shirt noir et lunettes de soleil, juché en haut d'un arbre. C'est de là qu'il continue de hurler ses consignes à son équipe, après avoir été exclu du banc de touche pour comportement trop véhément.

"Son caractère n'a pas trop changé, il a toujours le même profil, la même personnalité forte. Il a gardé son tempérament explosif, et parfois, ça pose problème", décryptait pour l'AFP Gustavo Hofman, commentateur d'ESPN Brasil qui l'a scruté à Santos (2018-19) et à l'Atlético Mineiro (2020-21), l'été dernier.

- "Clown" ou "passionné" ? -

Le globe-trotter a trainé cette image au gré des expériences sur les bancs de clubs péruviens, chilien et équatorien, avant son premier succès marquant avec l'Universidad de Chile, qu'il mène jusqu'à la Copa Sudamericana en 2011, l'équivalent de la Ligue Europa.

Sa "passion démesurée" pour le ballon rond, comme il l'a décrite, peut virer à l'obsession pour celui qui a autrefois rythmé ses joggings en écoutant des cassettes de conférences de presse de son mentor, Marcelo "El Loco" Bielsa, l'un de ses prédécesseurs à l'OM.

"Il est un modèle et une inspiration", répète souvent Sampaoli qui, comme son aîné, s'est retrouvé aux commandes de la sélection argentine.

Bielsa a dirigé l'Albiceleste pendant six ans (1998-2004), son disciple l'a imité durant quinze petits matches jusqu'au Mondial-2018, raté dans ses grandes largeurs avec l'élimination contre la France en huitièmes de finale (4-3).

"Chaque match était presque une souffrance", affirme alors au journal Marca le technicien, contraint de démissionner.

Invités par un institut de sondage à le définir en un seul mot, les supporters de l'Albiceleste ne l'ont pas loupé: "Incompétent", "clown" ou "arrogant" étaient les occurrences les plus fréquentes...

Ce passage express sur le banc argentin a abimé la belle réputation que Jorge Luis Sampaoli Moya s'était forgé comme sélectionneur du Chili entre 2012 et 2016.

Sous ses ordres, la très offensive "Roja" va jusqu'à battre l'Espagne, alors tenante du titre, lors d'une Coupe du Monde 2014 terminée en huitièmes de finale aux tirs au but contre le Brésil. L'année suivante, elle remporte sa première Copa America en finale contre l'Argentine de Lionel Messi.

- "Bouillant" sur le banc -

S'il s'est refait une santé au Brésil après l'expérience argentine, Sampaoli reste persuadé que "le foot est trop instable". "Les entraîneurs durent très peu. On ne peut pas avoir de projets consolidés dans la durée", disait-il encore en février 2021 en conférence de presse.

Un an et demi plus tard, Sampaoli sera lui-même le meilleur exemple de ce football court-termiste: à un an de la fin de son contrat à l'OM, alors même qu'il allait disputer la Ligue des champions, l'Argentin préfère s'en aller, non sans avoir averti au préalable sa direction de ses inquiétudes quant aux moyens mis en œuvre pour "être compétitif" en C1...

Au final, sa deuxième expérience en Europe restera tronquée, comme la première à Séville (2016-2017), où il ne sera resté qu'une saison.

"Il demeure un des entraîneurs les plus en avance sur son temps, en termes de tactiques, d'idées sur le football", mais "ses dernières expériences ont toutes tourné court, il a besoin d'un autre passage plus long, comme avec la sélection chilienne", relevait déjà Gustavo Hofman d'ESPN l'été dernier.

Ce père de quatre enfants reste pourtant toujours aussi "bouillant pendant les matches" qu'imprévisible en dehors, à l'image de ce départ brutal de Marseille. "En coulisses, on dit qu'il est difficile à gérer, qu'il peut avoir des relations compliquées avec les joueurs, les dirigeants ou les journalistes", conclut le commentateur brésilien.

bur-lg-dm-jta-ama/jr/lh

À lire aussi

Sélectionné pour vous