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Mondial des clubs: à Doha, un stade "historique", témoin des ambitions sportives du Qatar

Loin des stades ultra-modernes et climatisés qui accueilleront le Mondial des clubs à partir de jeudi, et la prochaine Coupe du monde en 2022, le modeste Doha Sports Stadium a longtemps été le coeur du football qatari.

Niché au cœur de la vieille ville, flanqué de villas basses, de petits restaurants et d'une gare routière, ce stade, inauguré en 1962, restera à jamais le premier dans le Golfe à avoir une pelouse.

Il a aussi accueilli des légendes du football, comme le Brésilien Pelé, ainsi que le boxeur Mohamed Ali et il est le témoin vivant des ambitions sportives du Qatar.

"Ce stade représente beaucoup pour moi. J'y ai grandi, déclare Hassan Matar, ancienne vedette du club d'Al-Sadd. Tout a commencé ici à une très belle époque".

Quatre projecteurs surplombent l'enceinte dans le modeste quartier qui est loin des gratte-ciel, des hôtels et des immeubles de bureaux de West Bay, de l'autre côté de la ville.

Une vieille boîte aux lettres jaune rappelle l'histoire du quartier, à deux pas d'un port de boutres et de la zone de Bidda qui a servi de siège au pouvoir de la dynastie des Al-Thani.

A côté, le stade Al-Bayt, d'une capacité de 60.000 places et à l'architecture futuriste, qui accueillera des matches du Mondial-2022, dispose de suites avec vue sur le terrain et de tribunes avec balcons.

"C'était le stade principal du Qatar, et à l'époque, les fans remplissaient les tribunes", rappelle Hassan Matar à propos des 4.000 places de l'ancien stade de Doha.

En 1973, le roi Pelé y fait escale avec son club de Santos pour y affronter en match amical l'équipe locale d'Al Ahli, un match qui a marqué les esprits, dont celui de Hassan Matar, et le début de la passion de la population qatarie pour le football.

- "Enorme différence" -

"Passer de ce stade aux nouveaux est une énorme différence", constate Hassan Matar.

Le Doha Sports Stadium avait déjà pris un coup de vieux quand, à 15 kilomètres à l'ouest, le stade Khalifa a ouvert ses portes en 1976, mais il a été préservé par l'ancien dirigeant du Qatar, Cheikh Hamad bn Khalifa Al-Thani, père de l'actuel émir, Tamim.

Il sert désormais à former des arbitres locaux et accueille des rencontres de jeunes ou des matches amicaux.

Une poignée de photographies jaunies, fièrement exposées dans les couloirs du stade de Doha, témoigne d'une tradition footballistique modeste, qui contraste avec le faste et le glamour des ambitions sportives internationales du Qatar alimentées par les pétrodollars.

"Nous avions l'habitude de nous appuyer sur la clôture du stade et de mettre des pierres sous nos pieds pour regarder les matches", se rappelle le journaliste sportif local Sultan Jassem.

"Quand nous étions enfants, nous n'avions pas d'argent. Quand on annonçait des grandes stars comme Pelé, (Cassius) Clay (le nom de naissance de Mohamed Ali, NDLR) (...), nous rêvions et nous étions émerveillés", dit-il.

Il montre une photo en noir et blanc de Mohamed Ali sur le terrain où un ring a été érigé, une étape de la tournée de promotion "The Greatest" au Moyen-Orient avant de combattre son compatriote Joe Frazier.

"Le combat-exhibition de Clay au Qatar en 1971 a apporté une saveur sportive particulière et a amélioré la réputation du Qatar", ajoute Sultan Jassem.

Même si sa valeur patrimoniale a été éclipsés par les sept nouveaux stades construits par le Qatar ces dernières années pour le Mondial-2022, "il fait partie de notre histoire", conclut le journaliste.

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