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Mondial: l'Espagne et Unai Simon jouent avec le feu

L’Espagne audacieuse ou inconsciente? L'emblématique jeu de passe espagnol comporte une prise de risque parfois importante, qu'assume le sélectionneur Luis Enrique et qu'incarne le gardien Unai Simon, premier relanceur à la merci du pressing marocain mardi en huitièmes du Mondial-2022 (16h00).

La défaite contre le Japon lors d'un troisième match de poule renversant (2-1) a illustré le danger qui menace la Roja lorsqu'elle repart de son gardien: sur le but de l'égalisation japonaise, tout démarre par une relance osée de Simon à destination du latéral Alejandro Baldé.

Ce dernier, sous pression, rate son contrôle, les Japonais récupèrent et au bout de l'action, Ritsu Doan égalise d'une frappe qu'Unai Simon ne peut que détourner dans ses filets. Un scénario catastrophe, d'autant que l'Espagne, menée ensuite 2-1, a été virtuellement éliminée du tournoi pendant quelques minutes avant de se qualifier comme deuxième de groupe.

C'est la rançon du danger pour l'équipe de Luis Enrique, habituée à évoluer sur un fil en faisant une confiance aveugle à sa précision de passes.

"Pour moi, ce n'est pas un risque", a néanmoins tempéré Unai Simon.

- Bourde mémorable -

"Peut-être que les gens le ressentent comme ça sur les situations chaudes, quand l'attaquant est au pressing à trois mètres du gardien... Mais cette sélection est habituée à résoudre ce genre de situation et ça restera comme ça à l'avenir. C'est le projet de l'entraîneur (Luis Enrique), j'y adhère et je me sens à l'aise avec cette manière de jouer", a fait valoir le portier de l'Athletic Bilbao.

Cette prise de risque n'est pas nouvelle pour le gardien basque (25 ans), déjà auteur d'une bourde mémorable sur une passe en retrait de Pedri contre la Croatie en huitièmes de l'Euro (5-3) en 2021. Mais ce style est censé permettre à la Roja d'aspirer ses adversaires venus faire le pressing et de permettre à ses attaquants de se démarquer, souligne-t-il.

"Dans notre équipe, le gardien est le premier attaquant. Si tous les joueurs subissent un marquage, quand un adversaire vient me presser, cela veut dire qu'un de mes partenaires sur le terrain est libre", analyse Simon.

"Souvent, quand nous arrivons à ressortir le ballon ainsi, nous pouvons le faire parvenir à nos attaquants dans de bonnes conditions", poursuit-il, évoquant un risque "assumé".

- Surnombre -

Car le sélectionneur Luis Enrique, intraitable, n'entend pas changer son style de jeu malgré la pression des matches à élimination directe en Coupe du monde.

"Toutes les équipes qui essaient, comme nous, de repartir de l'arrière, courent des risques, mais c'est tout l'intérêt", a tranché le technicien asturien, fervent militant du jeu de passes à l'espagnole, baptisé "toque" ou "tiki-taka".

Pour l'ancien entraîneur du FC Barcelone (2014-2017) comme pour son prédécesseur et ancien partenaire sous le maillot blaugrana Pep Guardiola, le gardien doit participer activement à l'élaboration du jeu, en créant d'emblée une situation de surnombre.

Contre l'Allemagne lors du deuxième match (1-1), Unai Simon a touché 59 ballons, soit plus que Sergio Busquets, la sentinelle du milieu de terrain espagnol (52) !

Une stratégie qui n'est pas un jusqu'au-boutisme, a assuré lundi Luis Enrique en conférence de presse.

"Nous voulons transmettre le ballon dans les meilleures conditions à nos attaquants. S'il faut envoyer un long ballon, on envoie un long ballon. C'est au joueur de décider sur le terrain", a-t-il nuancé. "Mais je veux jouer de cette manière. (...) Nous allons continuer à repartir de derrière. C'est ce que nous recherchons."

Et tant pis si les supporters ou les suiveurs de l'Espagne retiennent leur souffle à chaque fois que Simon, balle au pied, tente une relance ambitieuse.

"Certaines actions font battre le cœur un peu plus vite ? Eh bien, cela fait aussi partie du football", a prôné le sélectionneur. "Quand l'adversaire nous presse, il doit courir 40 mètres pour arriver jusqu'à Unai. Mais si nous arrivons à enchaîner quatre ou cinq passes, ils doivent se replier. Et vous savez combien c'est désespérant pour eux ? C'est l'une de nos armes, cela fait partie de notre philosophie", lance-t-il.

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