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Les rêves de troisième étoile de la France se sont brisés sur la furia de l'Argentine, dimanche (3-3 a.p., 4-2 tab), au bout d'une finale de légende entre deux astres du football, le prince déçu Kylian Mbappé et le magicien Lionel Messi, enfin couronné en Coupe du monde.
En bas des vertigineuses tribunes du stade de Lusail, symbole de la démesure du Qatar, la comète Mbappé et l'étoile Messi ont livré une bataille irrespirable pendant plus de 120 minutes, et jusqu'à la séance de tirs au but, un affrontement qui restera dans l'histoire de la Coupe du monde.
Un triplé pour le Français (80e sp, 81e, 118e sp), un doublé pour l'Argentin (22e sp, 109e), et une ambiance fantastique jusqu'au bout, sublimée par les dizaines de milliers de fans surexcités de l'Albiceleste... Pourquoi cette finale devait-elle accoucher d'un vainqueur et d'un perdant?
Irrationnelle, cette soirée du 18 décembre restera éternellement celle de Messi, incapable de cacher ses larmes après la rencontre, sous les feux d'artifice de Lusail.
Avec ce premier titre mondial, le troisième de l'Argentine après 1978 et 1986, la "Pulga" préside désormais la table des légendes de l'Albiceleste, avec Diego Maradona à ses côtés. Un crépuscule glorieux pour un artiste du football, 36 ans après le sacre du "Dios".
Dans les hautes sphères du football, il fallait un perdant. Kylian Mbappé en est peut-être le plus improbable, car on ne marque pas un triplé en finale de Coupe du monde, généralement, pour finir sur la deuxième marche du podium.
- Mbappé, triplé et désillusion -
C'est pourtant le scénario que l'histoire a réservé à "Kyky", égal de Pelé avec 12 buts au Mondial, meilleur buteur de l'édition (8 unités), mais privé d'un incroyable doublé 2018-2022, inédit depuis le Brésil de 1962. La mine fermée, il a reçu son "Soulier d'Or" sous les huées du public...
Le N.10 n'a rien à se reprocher: il a marqué son tir au but après avoir illuminé les Bleus de deux penalties (80e, 118e) et d'une somptueuse demi-volée (81e), pour remettre dans le match une équipe méconnaissable et apathique.
En soufflant ses 24 bougies, mardi, l'attaquant du Paris SG saura ce qui le sépare des légendes du football: rien du tout, ou presque. Il se dira aussi qu'en 2026, il n'aura que 27 ans...
Car le destin a basculé aux tirs au but, évidemment, et c'est alors Emiliano Martinez, gardien malin de l'Albiceleste, qui a joué sa partition à merveille, stoppant le tir de Kingsley Coman et voyant celui d'Aurélien Tchouaméni fuir le cadre.
Didier Deschamps et ses tenants du titre avaient résisté à toutes les tempêtes, au bout d'un automne marqué par les blessures de joueurs importants (Karim Benzema, Paul Pogba, N'Golo Kanté, Presnel Kimpembe...).
Le dernier soubresaut a été de trop, après une fin de tournoi polluée par la fatigue et un mystérieux virus, qui a amoindri plusieurs cadres, à un degré encore incertain.
Mais les millions de français devant leur téléviseur peuvent-ils en vouloir à cette équipe de France, combattante et résiliente ?
- Les jeunes ont tout tenté -
Le sélectionneur, qui devra décider s'il souhaite rempiler pour une nouvelle mission - la réponse lui appartient -, a bien manqué la dernière marche, mais il su former un groupe que personne n'imaginait arriver jusque là.
Jusqu'au bout, il a tenté de trouver la parade: ses choix tactiques dès la 41e minute ont failli lui donner raison.
En remplaçant Olivier Giroud et Ousmane Dembélé par Randal Kolo Muani et Marcus Thuram dès la 41e minute, "DD" a peut-être privé le meilleur buteur des Bleus (36 ans) de ses derniers moments sous le maillot tricolore, mais il a redonné un souffle à cette équipe de France, lui rappelant qu'elle ne devait pas compter que sur ses tauliers.
"Kolo" et "Tikus" ont sonné la révolte dans une fin de match assourdissante... Ils finissent eux aussi dans la tristesse des perdants.
Avec cette nouvelle génération, les bases de l'avenir sont posées, même s'il faudra voir, en mars, si tous les anciens (Hugo Lloris, Giroud, Benzema) sont encore du voyage.
De Moscou à Doha, en quatre années les Bleus ont connu la plus belle joie et la plus grande désillusion. Mais pour connaître l'émotion du vainqueur et celle du perdant, il faut vivre des finales: la France en a connu quatre sur les sept dernières éditions... Et déjà, elle en rêve d'une cinquième.